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Que cache la coalition de circonstance entre Orange, Mtn et Nexttel

Quelques jours seulement après leur condamnation par l’Art à reverser 3,5 milliards Fcfa à l’Etat pour violation de la loi régissant l’identification des abonnés, Orange, Mtn et Nexttel créent une association pour défendre leurs intérêts.

Depuis le 08 juillet dernier, Orange Cameroun, Mtn et Nexttel sont regroupés au sein de l’Association des opérateurs concessionnaires de téléphonie mobile au Cameroun (Aoctm). Celle-ci se donne pour objectifs, entre autres (ainsi que le précise un communiqué conjoint), de « promouvoir le développement des communications électroniques et des opérateurs du secteur », « entreprendre les actions de relations publiques pour le compte de ses membres et de leur secteur d’activité et plus généralement, toute action visant à valoriser leur image », et « entreprendre toutes les actions appropriées en vue de protéger les intérêts collectifs de ses membres, y compris par le biais de procédures administratives ». Cette dernière mission que se donne l’association amène à penser que celle-ci a été créée en réponse aux sanctions imposées le 03 juillet dernier à ces trois entreprises par l’Agence de régulation des télécommunications (Art). Il ne pourrait pas s’agir d’une simple coïncidence.

Le 03 juillet, en effet, le régulateur a annoncé avoir condamné Orange Cameroun, Mtn et Nexttel, à payer respectivement 1,5 milliard et 1 milliard Fcfa chacun, soit au total 3,5 milliards Fcfa à l’Etat. Il les accusait de continuer à violer, malgré plusieurs mises en garde, les dispositions du décret n°2015/3759/PM du 03 septembre 2015 fixant les modalités d’identification des abonnés et des terminaux, notamment la commercialisation des cartes Sim pré-activées. Ces entreprises ont maintenu la commercialisation des cartes Sim dans les rues et l’activation des numéros sans identification préalable. Par ailleurs, s’insurgent les autorités, des personnes physiques continuent de détenir plus de trois cartes Sim, dans un contexte d’insécurité galopante.

Selon nos informations, ces amendes n’ont toujours pas été payées. Il n’y a même pas eu de réaction officielle de la part de ces sociétés à la suite de ces sanctions, ce qui laisse penser que leur empressement à faire bloc cache bien de desseins. Les autres missions de l’association, comme « entreprendre les actions de relations publiques pour le compte de ses membres et de leur secteur d’activité », par exemple, sont toutes aussi curieuses dans un secteur qui était resté jusque-là fortement concurrentiel et où, il n’a jamais été question d’harmonisation des coûts de la minute d’appel téléphonique et de la connexion Internet, de l’unicité des prix de l’appel téléphonique d’un opérateur à l’autre, pour ne prendre que ces exemples. Cette solidarité subite est d’autant plus suspecte que, ces mêmes opérateurs se sont arrangés à bloquer le projet de portabilité des numéros, censé entrer en vigueur depuis le 1er septembre 2017. Celui-ci devait en effet donner la possibilité aux abonnés de passer d’un opérateur à un autre, sans changer de numéro de numéro de téléphone.

 

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