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Quelle conséquence pour le Cameroun après la dégradation de sa note souveraine

Redoutée par les experts, la dégradation de la note de crédit opérée jeudi dernier par Moody’s tombe plutôt mal pour Yaoundé dont le besoin en financement est pressant pour soutenir l’équilibre budgétaire.

S’appuyant sur des tensions de trésorerie auxquels le pays fait face due à plusieurs facteurs internes et externes, l’agence de notation financière internationale Moody’s a annoncé, jeudi dernier avoir abaissé la note du Cameroun à Caa1 dans la foulée d’un retard de paiement sur un créancier privé annoncé par le FMI. Comme les deux autres grandes agences de notation (S&P et Fitch), la principale activité de Moody’s consiste à évaluer la capacité des Etats à rembourser leur dette, en leur attribuant une note matérialisée par des lettres. La meilleure note étant AAA (crédit de qualité optimale), la pire étant C ou D (défaut de paiement) selon les agences. Le Cameroun a déjà enregistré au moins un défaut dans son histoire, c’était en 1983, selon Moody’s. Aujourd’hui, le pays est à cinq crans de cette dernière catégorie qui vous prive quasiment de financement internationaux. Ce qui n’en fait pas une bonne nouvelle pour autant.

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Il faudra payer plus cher

Cette décision tombe dans un contexte mondial de durcissement des conditions financières dans le sillage de la guerre en Ukraine. L’augmentation du risque Cameroun signifie qu’il pourrait être appelé à payer plus cher les coupons annuels sur ses eurobonds actuels. Bien plus, dans le cas où il contractait de nouveaux prêts commerciaux sur le marché international, le Cameroun devra payer beaucoup plus cher compte tenu du niveau de risque qu’il représente désormais pour les investisseurs. Une mauvaise nouvelle pour le pays qui a prévu réaliser cette année un emprunt en devises par placement privé sur le marché international.

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La loi des finances rectificative de ce mois de juin, consiste pour le Trésor public à mobiliser 200 milliards de FCFA sur le marché international des capitaux, à travers un placement privé. Selon les informations de EcoMatin, le Cameroun compte d’ailleurs s’attacher les services d’intermédiation de Rothschild & Co. Le président de la République a en effet donné son avis favorable au ministre camerounais des Finances Louis Paul Motaze pour qu’il engage des échanges dans ce sens avec la holding financière internationale. En lieu et place d’un eurobond, comme en 2015 et 2021, le gouvernement a opté pour un prêt en syndication auprès des banquiers et autres institutions financières. La baisse de la note signifie qu’il faudra s’attendre à des coûts bien plus élevés que prévus.

Coup de froid sur les BTA et OTA

Le déclassement du Cameroun concerne également les emprunts en monnaie locale. Sur le marché domestique de la dette, les conditions de financement sont de plus en plus difficiles. Pressé en amont par la banque centrale qui mène une politique monétaire agressive, les investisseurs (principalement les banques commerciales) ont renchérit le coût du crédit sur le marché domestique depuis le début de l’année. Émetteur de dette de référence, le Cameroun n’échappe pas à cette dynamique. Selon un récent rapport de la BEAC, le coût moyen des BTA du pays a doublé en 1 ans passant de 2,68% en juin 2022 à 4,67% un an plus tard.  

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Il n’est pas exclu qu’au lendemain de cette notation, les investisseurs durcissent davantage leurs conditions d’emprunt vis-à-vis de la première économie de la CEMAC. Le Cameroun est l’émetteur de dette de référence pour le marché régional qui utilise un fonds d’amortissement à la BEAC pour le remboursement de sa dette à moyen et à long terme. Ce qui garantit le mécanisme de remboursement. Mais les investisseurs pourraient désormais mitiger ce critère. De quoi s’inquiéter désormais du financement du déficit budgétaire.

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