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Rachat de Guinness Cameroon : le gouvernement déclare pour la première fois avoir donné son avis favorable pour le deal conclu avec le Groupe Castel

Devant les députés, le ministre du Commerce soutient que cette acquisition est compatible avec les règles du marché commun au sein de l’Union économique de l’Afrique centrale, et révèle par ailleurs que l’Etat a empoché 51 milliards Fcfa dans cette opération, au titre d’impôts divers. Il prend à contre-pied le Groupe Kadji qui a porté l’affaire devant la Cour de justice de la Cemac, à N’Djamena.

Pour la première fois depuis deux ans que l’affaire a cours, le gouvernement du Cameroun se prononce sur le rachat de Guinness Cameroon S.A par le Groupe Castel, validé le 28 mars 2023 par le Conseil communautaire de la concurrence (Ccc) de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Répondant aux préoccupations de certains députés à l’Assemblée nationales au sujet d’une probable violation des règles de la concurrence dans le cadre de cette opération comme l’a du reste soutenu le Groupe Kadji qui a porté depuis deux mois l’affaire devant la Cour de justice de la Cemac, à N’Djamena (Tchad), le 26 juin, le ministre du Commerce (Mincommerce) a déclaré que « Nonobstant le renforcement de la position dominante de l’entreprise acquéreuse, l’acquisition de la société Guinness Cameroon SA par la société des Brasseries et glacières internationales SA [la maison-mère du groupe Castel, Ndlr] est compatible avec les règles du marché commun au sein de l’Union économique de l’Afrique centrale, sous réserve du respect, par les entreprises parties, des engagements souscrits ». En fait de position dominante, le rachat de Guinness Cameroon S.A permet à la Société anonyme des boissons du Cameroun (SABC), de contrôler un peu plus de 80% du marché de la bière au Cameroun.

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Au passage, Luc Magloire Mbarga Atangana se lave les mains en soutenant que c’est aux autorités communautaires qu’il revenait exclusivement de s’assurer du respect des règles de la concurrence dans le cadre de ce deal. « Il s’agit désormais pour le Cameroun, en parfaite intelligence avec la Commission de la Cemac, de s’assurer du strict respect des engagements souscrits, s’agissant en particulier des investissements prévus dans les outils de production, l’expansion et l’amélioration du réseau de distribution, la préservation et la création des emplois et la protection du droit des consommateurs. Le ministère du Commerce y a veillé, d’autant que la bière fait partie des produits dont les prix sont soumis à la procédure d’homologation préalable », a-t-il poursuivi. Les autorités camerounaises prennent ainsi officiellement des distances avec la position de l’Union camerounaise des brasseries (UCB), propriété du Groupe Kadji, qui n’arrête de dénoncer un manque de transparence dans le processus ayant conduit à ce deal. Le 14 avril, soit un mois après la validation de ce rachat par le CCC, ses avocats faisaient savoir à l’opinion par voie de communiqué qu’en vertu des textes de la CEMAC, « dans le cadre de l’examen d’une opération de concentration, le Conseil communautaire de la concurrence a, notamment, l’obligation de publier un résumé de l’opération au bulletin officiel de la CEMAC en indiquant les délais dans lesquels les personnes et entreprises intéressées peuvent faire valoir leurs observations ».

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Ucb accuse en tout cas les autorités communautaires de cristalliser « la suprématie d’un seul opérateur qui a déjà la mainmise sur plusieurs des circuits locaux d’approvisionnement en intrants tels que le sucre et le maïs, mais également sur l’embouteillage est une chose ». D’où sa décision de se tourner « désormais vers le juge de la Cemac qui saura, sans aucun doute, jouer pleinement son rôle de garant de la légalité et des institutions communautaires », écrivent ses avocats. UCB explique en effet dans le même communiqué qu’après avoir eu vent de l’intention de Diageo, la maison-mère de Guinness Cameroon S.A, de céder sa filiale camerounaise, elle avait manifesté son intérêt pour cette acquisition auprès du groupe, mais n’a jamais eu aucun retour.

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Pour mémoire, l’opération de rachat de Guinness Cameroon S.A a été conclue en juillet 2022 entre la maison-mère de ce brasseur et le groupe Castel, pour un montant de 300 milliards Fcfa annoncé. Outre l’engagement de sauvegarder la totalité des emplois, ce deal s’accompagne d’un programme d’investissement de 200 milliards Fcfa étalé sur 5 ans, à partir de 2023. Il portera, notamment, sur le renforcement des capacités de production de SABC, l’accompagnement du développement du marché des boissons, l’élargissement de la gamme de ses produits avec l’intégration des marques Guinness, le développement et l’amélioration de la disponibilité des produits en général et de Guinness en particulier. Selon le ministre du Commerce, « cette opération s’est traduite par un double chèque de 36 milliards Fcfa au titre de l’impôt sur les plus-values et de 15 milliards Fcfa en termes de frais d’enregistrement, soit une recette globale immédiate de 51 milliards Fcfa» pour le trésor public. Outre ces recettes au titre d’impôts divers, cette opération est également censée être bénéfique pour les autres partenaires sociaux. Les actionnaires, au rang desquels la Société nationale d’investissement (SNI) et les petits porteurs camerounais qui détiennent 15,6% du capital de la SABC, ainsi que la masse des sous-traitants constituée de Pme camerounaises, seront tous tirés par une locomotive encore plus puissante.

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