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Politiques Publiques

RCA : le gouvernement s’apprête à défiscaliser certains produits pour lutter contre l’inflation

Malgré la baisse des coûts des produits pétroliers et des transports décidés en juillet 2023 par le président de la République, les prix à la consommation finale des ménages se maintiennent à un niveau inédit. L’Assemblée nationale s’alarme de la situation et juge les autorités compétentes dépassées par la situation.

Publiée mardi 7 mai 2024 à 17:15:40Modifiée mercredi 8 mai 2024 à 17:27:14Temps de lecture 5 minPar Jean Omer Eyango

La RCA va défiscaliser plusieurs produits

Selon les chiffres du ministère des Finances et du Budget (Minfib), la République centrafricaine (RCA) a terminé l’année 2023 sur une hausse des tensions inflationnistes, avec un taux d'inflation s’étant maintenu à 6,9 % en moyen annuelle, contre 5,6 % un an. En juillet, pourtant, le président de la République, Faustin Archange Touadera, avait décidé contre l’avis des experts du Fonds monétaire international (FMI), de baisser les prix des produits pétroliers et des transports pour soulager les ¾ des ménages centrafricains étranglés par la vie chère. Une coupe de 200 Fcfa a ainsi été faire sur le litre de super, qui est passé de 1300 Fcfa à 1100 Fcfa. Le litre de gasoil, lui, a baissé de 100 Fcfa, de 1450 Fcfa à 1350 Fcfa. L’impact de cette mesure reste très peu mesurable, surtout au regard de la situation des prix à la consommation finale des ménages au premier trimestre 2024. Sous-réserve des chiffres officiels, les Centrafricains déplorent une situation inflationniste aigüe depuis le début de l’année. Celle-ci a d’ailleurs été à l’origine des manifestations du 13 avril dernier à Bangui, qui ont eu pour cause immédiate la hausse de 1% de la taxe sur les transactions via Mobile Money décidée par l’opérateur Orange Centrafrique, en respect d’une nouvelle disposition fiscale introduite par les autorités dans la loi de finances de 2024.

Le 06 mai dernier, le ministre du Commerce et des approvisionnements, Thierry Patrick Akoloza, a annoncé que le gouvernement s’apprête à prendre une nouvelle série de mesures visant à faire baisser la température sur le marché de la consommation. Avec son collègue des Finances et d’autres ministres sectoriels, ils travaillent en effet sur une stratégie de défiscalisation d’un certain nombre de produits de première nécessité. Thierry Patrick Akoloza assure que lesdites mesures seront rendues publiques dans les tout prochains jours. « Nous sommes en train d’échanger là-dessus avec le ministre des Finances, parce que les questions de prix sont intersectorielles. Nous avons les transports. Si le transport coûte cher, ça joue sur les prix finaux. Il y a des tracasseries policières qui jouent parce qu’elles amènent les opérateurs à augmenter les prix. C’est pourquoi, avec le comité de veille mis en place par le Premier ministre, nous travaillons à démanteler toutes les barrières illégales. A côté de ces facteurs, il y a des commerçants inciviques qui arrivent, ne déclarent pas leurs produits et les vendent sans homologation », souligne-t-il dans une interview accordée à une chaîne de radio locale.

Facteurs exogènes

Le gouvernement centrafricain est sous le feu des critiques de l’opposition face à la dégradation continue du niveau de vie des populations du fait de l’inflation généralisée. En fin de semaine dernière, des députés à l’Assemblée nationale se sont également alarmés de la situation, sur fond de procès en incompétence des autorités. Ces élus de la nation ont formellement soutenu que le gouvernement était dépassé par la situation. Le ministre du Commerce et des Approvisionnements explique pour sa part que la situation de l’inflation en République centrafricaine, bien que liée principalement à des facteurs exogènes - le pays étant fortement dépendant des importations -, est aussi le fait de la spéculation. « C’est vrai le marché est libéralisé ; chacun peut fixer son prix. Mais, les consommateurs doivent savoir qu’il y a toujours de la concurrence. Ce qui est interdit c’est la concurrence déloyale. Lorsqu’un opérateur achète un produit en Chine et qu’un autre achète le même produit au Cameroun, ils n’ont pas le même prix d’achat. Ça veut dire que, sur le marché ils ne peuvent pas vendre au même prix. J’ai déjà expliqué la procédure d’homologation des prix. Si nous disons que le sac de ciment c’est 9500 Fcfa au prix de gros et 10.000 Fcfa au prix de détail, nous ne pouvons pas accepter qu’un opérateur vende 5000 Fcfa. C’est ce qu’on appelle la concurrence déloyale. Quand nous homologuons les prix, nous communiquons. Normalement, les consommateurs quand ils vont au marché, doivent s’assurer qu’ils achètent aux bons prix. S’ils se rendent comptent que ce prix est majoré, ils doivent dénoncer », suggère Thierry Patrick Akoloza.

Exonérations fiscales

En attendant les mesures de défiscalisation massive des produits annoncées par le gouvernement, un comité de veille et de surveillance a d’ores-et-déjà été mis en place, pour faire respecter les prix homologués à Bangui et à l’intérieur du pays. Par ailleurs, il est désormais fait obligation aux commerçants d’afficher les prix des produits en magasins et de remettre les factures aux clients. Un mécanisme qui vise à faciliter les contrôles de prix finaux aux consommateurs. Les autorités montrent les muscles, en promettant des sanctions contre les spéculateurs. « C’est un processus ; on ne peut pas s’attendre à ce qu’une réforme prise la veille ait un impact le lendemain. Nous avons pris une série de textes depuis 4 mois ; des équipes du ministère du Commerce sont sur le terrain pour sensibiliser sur tous les marchés de Bangui. Après cette phase, ce sera la répression. Ceux qui ne vont pas respecter ce que nous avons édicté verront la rigueur de la loi s’abattre sur eux », promet le ministre.

Il va de soi que les mesures de défiscalisation en téléchargement ne seront pas sans conséquences au plan budgétaire. Elles sont susceptibles de compromettre la réalisation de l’objectif du gouvernement d’augmenter les recettes intérieures de l’Etat, de 140 milliards Fcfa en 2023 à 160 milliards Fcfa en 2024. Dans la loi de finances de l’exercice en cours, les autorités avaient en effet prévu d’optimiser la rationalisation des exonérations fiscales et le renforcement de la collecte de la TVA des recettes douanières.

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