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Refinancement de l’eurobond : le coup de pouce de Fitch au Cameroun

L’agence de notation a révisé les perspectives sur la note de solvabilité du pays de « négative » à « stable ». Une bonne nouvelle pour le pays qui, cette année, va lancer un emprunt de 450 milliards par l’émission d’euro-obligations.

Le coup de pouce est le bienvenu pour le Cameroun. Le 27 avril dernier, l’agence de notation financière Fitch Ratings a révisé les perspectives sur la note de solvabilité du pays de « négative » à « stable ». Le pays reste certes dans la catégorie « très spéculatif » mais se situe encore loin du défaut. Ceci tient davantage du fait que, contrairement à ce que prévoyaient les experts, les finances publiques du Cameroun n’ont été que très légèrement affectées par la pandémie du coronavirus. « Les finances publiques du Cameroun se sont avérées relativement résistantes au choc de la pandémie et nous nous attendons à ce que le déficit soit sur une trajectoire descendante à moyen terme » explique l’agence américaine dans un rapport dont EcoMatin a pu obtenir copie.

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Alors qu’ils tablaient sur un déficit budgétaire de 5,3% en 2020, les experts de Fitch constatent que celui-ci s’est plutôt établi à 4,5 % du PIB, contre 3,0 % en 2019. En guise de prévisions, l’élimination progressive des dépenses liées à la pandémie et la reprise des recettes fiscales ramèneront le déficit à 3,5 % du PIB en 2021 et à 3,0 % en 2022. Ils pensent également que les risques de financement à court et moyen terme ont relativement diminué et projettent pour l’année 2021 une couverture d’environ 80% des besoins de financement budgétaires par des prêts projets extérieurs et des financements intérieurs.

S’agissant de la croissance du PIB, Fitch projette un rebond du PIB réel à 4,3 % en 2021 et 3,7 % en 2022. La reprise sera tirée par une plus forte demande pour les exportations agricoles du Cameroun et une activité accrue dans les secteurs de l’industrie manufacturière et des services, mais elle restera modérée compte tenu des contraintes de financement persistantes, des réductions de crédit et de la lenteur des progrès en matière de vaccination. « Une légère baisse de la production pétrolière en 2022 aura un impact négatif sur les perspectives de croissance, bien qu’à 5 % du PIB, ce secteur ne soit pas un moteur essentiel. Un choc pandémique plus long ou plus grave affecterait la croissance » peut-on lire.

Signal positif  

La révision des perspectives sur la note souveraine du Cameroun a envoyé un signal positif auprès des investisseurs ; ce qui n’a pas manqué de se faire ressentir sur le marché. A la bourse de Dublin en Irlande, où est côté l’eurobond du Cameroun,  les investisseurs affichent  un regain d’intérêt pour cette obligation. Selon l’agence Ecofin, les titres qui composent cet emprunt étaient, le 04 mai dernier, demandés à 112% de leur valeur d’émission. Les détenteurs ne voulant les céder que contre une valeur équivalente à 113,2% de celle de son émission.

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C’est aussi une bonne nouvelle pour le Cameroun qui s’apprête à retourner sur le marché international cette année pour tenter de refinancer son eurobond(450 milliards) de 2015 dont le remboursement devrait se faire en trois tranches en trois tranches sur la période 2023-2025. L’enjeu de cette opération qui sera arrangée par une filiale du Groupe Rothschild, est de réussir à mobiliser les investisseurs autour d’un taux d’intérêt largement en dessous des 9,5% du premier emprunt. Son succès dépend non seulement des questions internes au pays, mais aussi de la conjoncture du marché.

 Au plan interne, même si le Cameroun a fait preuve de résilience face à la pandémie du coronavirus, il n’en demeure pas moins que son profil de crédit reste menacé par plusieurs facteurs tels que l’instabilité politique, les crises sécuritaires dans le Noso et l’Extrême Nord. «Fitch ne s’attend pas à une résolution pacifique à court terme de la crise dans la région anglophone, car les négociations n’ont guère progressé jusqu’à présent. Le conflit, ainsi que les attaques terroristes en cours dans l’extrême nord, continueront de perturber l’économie et de faire pression sur les dépenses de sécurité » prévenait l’agence américaine. Pessimisme partagé par Moody’s pour qui « le risque politique intérieur est l’un des principaux facteurs de risques d’événements au Cameroun, principalement en ce qui concerne le risque de succession et les troubles continus dans les régions anglophones du pays ». Du fait des crises sécuritaires, de la baisse du cours du pétrole débuté en 2014, et du rythme d’endettement du pays, le Cameroun était, bien avant la crise sanitaire actuelle, considéré par la banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) comme un pays à risque de surendettement élevé.

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Mais le Cameroun pourra compter sur les conditions particulièrement favorables  conditions du marché et dont ont pu bénéficier plusieurs pays d’Afrique subsaharienne. C’est le cas du Bénin qui, en janvier dernier, a réussi à lever auprès des investisseurs internationaux 1 milliard d’euros (656 milliards de Francs CFA) pour une maturité de près de 30 ans, avec des taux de 4,875% et 6,875%. Avant le Bénin, la Côte d’Ivoire avait déjà émis, en novembre 2020, un eurobond de 1 milliard d’euros sursouscrit 5 fois, pour 10 ans de maturité et un taux d’intérêt de 5%, le plus bas de l’histoire du pays. 

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