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Région de l’Est : le manque de financements bloque la réhabilitation des sites miniers orphelins

L’opération de restauration des mines abandonnées censée démarrer au deuxième semestre de 2023 selon un accord signé fin mars dernier entre la Sonamines et l’entreprise Moonlight Mining and Restoration, est hypothéquée par l’absence de moyens financiers. Le gouvernement compte, notamment, sur l’Union européenne qui s’est toujours montrée très critique à son égard relativement au foutoir dans le secteur minier camerounais, pour réaliser ce projet.

Ainsi que le prévoit l’article 135 (2) veut le Code minier du 14 décembre 2016, l’octroi d’un titre minier est désormais subordonné à la réalisation d’une étude d’impact environnemental et l’engagement de l’opérateur à procéder à la restauration, la réhabilitation et la fermeture des sites miniers et de carrières (alinéa 2). Dans l’esprit de cette loi, la restauration doit se faire à mesure de l’évolution de l’exploitation, d’abord pour limiter les risques d’accidents dans les mines, après les 43 morts enregistrés dans la seule région de l’Est en 2017. Les sites réhabilités ont, ensuite, vocation à être alloués aux fins de développement d’activités agricoles d’envergure qui favoriseraient la création d’emplois et généreraient des revenus aux populations riveraines et à l’Etat. Sur le terrain, les milliers d’exploitants de la mine artisanale semi-mécanisée en activité dans les régions de l’Est et de l’Adamaoua tardent à se conformer aux nouvelles règles en vigueur, aidés en cela par le laxisme sur fond de corruption des représentants locaux de l’Etat. Cette situation traduit en effet les dysfonctionnements d’une gouvernance sectorielle systématiquement en marge de la réglementation, comme le souligne le géographe et expert minier Eric Voundi.

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Au sortir d’une réunion le 06 septembre dernier avec le ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique (Minmidt) par intérim, Fuh Calistus Gentry, il leur a été donné jusqu’au 16 septembre, délai de rigueur, pour présenter leurs projets sociaux et leurs plans de remise en l’état de l’environnement. On verra jusqu’où le gouvernement est prêt à aller sur le court et le moyen termes pour redresser un secteur minier gangréné par l’informel et l’illégalité. En attendant, si les autorités camerounaises disposent pleinement des moyens pour faire régler la facture de la réhabilitation des sites en cours d’exploitation ou en projet  par les opérateurs miniers eux-mêmes, le cas des sites orphelins, c’est-à-dire, ceux qui ont depuis été exploités et abandonnés, s’avère être une véritable paire de manche. Consciente de l’impossibilité de contraindre les anciens opérateurs miniers, qui pour beaucoup ont mené leurs activités avant l’adoption du Code minier de 2016,  de revenir remettre en état les sites laissés dans un sale état, la Société nationale des mines (Sonamines), qui a remplacé le 14 décembre 2020 le Cadre d’appui à l’artisanat minier (Capam), a conclu fin mars 2023 avec l’entreprise Moonlight Mining and Restoration (MMR) du Camerounais Roland Fomumdam, un accord pour la réhabilitation de tous sites exploités identifiés dans la région de l’Est.   

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Les deux parties avaient avancé à l’occasion le deuxième semestre en cours comme période probable pour le début du projet. Celui-ci devait également bénéficier de l’expertise avérée en la matière de GREENHOUSE Ventures Ltd, partenaire au projet. Une véritable aubaine, selon la Sonamines, pour les populations des localités concernées, qui à terme doivent voir reverdir leurs terres dévastées par l’exploitation minière, autant qu’une opportunité en or pour préparer l’après mine, notamment la reconversion. Mais, en l’état actuel des choses, l’implémentation de ce projet est hypothéquée par l’absence de financement. Au-delà du partenaire technique qui est là, le gouverneur doit travailler à trouver un ou plusieurs partenaires financiers pour l’accompagner dans la réalisation de ce projet. Face aux opérateurs miniers le 06 septembre dernier, le ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique a néanmoins dit que certains organismes étaient prêts à délier les cordons de la bourse. En tête de file, l’Union européenne qui se montre toujours très critique à l’égard du gouvernement, relativement à l’illégalité qui a fait son lit dans le secteur minier camerounais et particulier à l’Est.

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