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Région de l’Est : les compagnies minières défient l’administration

Le préfet de la Kadey, Yakouba Djadaï a récemment signé un arrêté préfectoral suspendant les entreprises du site minier de Kambelé dans l’arrondissement de Batouri, en raison d’un accroissement de morts sur le chantier. Mais certaines d’entre-elles font de la résistance.

L’activité d’exploitation artisanale minière à Kambelé dans l’arrondissement de Batouri, région de l’Est, est officiellement suspendue depuis la décision du Préfet de la Kadey, Yakouba Djadaï, qui a signé le 27 juillet dernier un arrêté suspendant « toutes les sociétés minières en activité à Kambelé ». Cette mesure faisait suite à une récurrence de morts enregistrés sur ce chantier par noyade du fait de la non-fermeture des trous miniers ; des morts récurrentes de personnes par éboulement du fait du non-respect des normes d’exploitation minière ; et également une menace de la dégradation de la route nationale N°10, au PK44+820 due à l’obstruction du lit de cours d’eau par les coulées boueuses. Seulement, certaines de ces entreprises ont décidé de fouler au pied cette mesure préfectorale, et continuent de mener leurs activités en extrapolant même au-delà du périmètre qui leur a été circonscrit par le ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique.

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Le Centre de protection de l’environnement et défense des intérêts communautaires (Cepedic), une organisation de la société civile qui défend les intérêts des communautés dans l’arrondissement de Batouri, a été saisi d’une plainte des populations de Kambelé III, qui accusent l’une des sociétés chinoises, de continuer à exercer ses activités, et d’avoir étendu son exploitation sur des parcelles de terre appartenant aux riverains. « Il s’agit de la société Wang, qui appartient à monsieur Wang, un chinois. Il continue de creuser, et ne se soucie pas de l’arrêté du Préfet. Il menace les populations et dit à qui veut l’entendre qu’il a des contacts dans l’administration camerounaise, et que rien ne peut lui arriver », a confié Gaston Omboli à EcoMatin, joint au téléphone. Le Cepedic a d’ailleurs déposé la semaine dernière une plainte à la préfecture pour dénoncer les agissements de ladite société.

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Les populations aussi continuent de fouler au pied la mesure préfectorale et s’engouffrent dans les trous miniers au péril de leurs vies, alors que l’activité a été définitivement suspendue sur le chantier. Et pourtant, le préfet Yakouba Djadaï annonce la fermeture imminente des trous miniers à Kambelé, pour procéder ensuite à une opération de reboisement sur les sites de la localité, afin de restituer le couvert végétal. En effet, le site de Kambelé III en particulier est régulièrement le théâtre de décès enregistrés dans le cadre de l’extraction artisanale de l’or. Les sociétés qui opèrent dans cette localité sont accusées de retourner à longueur de journées le sol à l’aide de pelles excavatrices, et de les abandonner. Ce qui entraîne des lacs artificiels préjudiciables pour l’environnement. En septembre 2021, l’Ong Forêts et développement rural (Foder) a recensé un effectif de 703 trous abandonnés, dont 139 lacs artificiels sur une superficie de 93,66ha. En effet, les orpailleurs sont exposés à longueur de journées à de graves risques, et très peu de rapports alertent sur l’ampleur de ces risques auxquels ils sont exposés.

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Il convient de rappeler que depuis 2014 jusqu’en juin 2022, l’Ong Forêts et développement rural (Foder) a recensé un total de 199 décès et plus de 133 accidents graves survenus dans différents sites d’exploitation artisanale de l’or dans les régions de l’Est et dans l’Adamaoua. Il s’agit d’accidents de travail, « pour la plupart dus à des éboulements de terrain suite à l’absence de règles minimales de sécurité individuelle ou collective et la présence de nombreux sites miniers non réhabilités (transformées en lacs artificiels) », révèle l’organisation à EcoMatin.

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