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Relance post Covid-19 : comment les entreprises ont été privées d’une ligne de crédit de 200 milliards

La ligne de crédit garantie par l'Etat au profit des entreprises pour la relance post covid reste encore bloqué au Premier Ministère.

C’était pourtant l’une des mesures gouvernementales phare de soutien aux entreprises locales frappées de plein fouet par les effets de la pandémie du coronavirus.  Le 22 juillet 2021, au Hilton hôtel de Yaoundé, le Ministre des Finances Louis Paul Motaze signait avec l’Association Professionnelle des établissements de crédits du Cameroun(Apeccam) et l’Association des Etablissements de microfinance du Cameroun (Anencam) une convention de garantie d’un montant de 200 milliards de FCFA pour les prêts bancaires intérieurs au profit des entreprises publiques et privées impactés par le Coronavirus. Cette garantie, contenue dans la loi de finances 2021(Article 54) contenait au moins deux nouveautés. La première sur le fait que les entreprises privées étaient elles aussi concernées. Jusqu’ici, les seuls bénéficiaires de l’aval et garanties de l’Etat auprès des banques étaient les entreprises et établissements relevant de son portefeuille.  La seconde, c’est le montant. 200 milliards contre 40 milliards un an auparavant, répartis en 70% pour les acteurs privés et 30% pour les publics. Une nouvelle bien accueillie par les entreprises qui voyaient en cette ligne un moyen de pouvoir accéder à la liquidité à des taux d’intérêts compétitifs pour relancer leurs activités. Le privilège devait être accordé aux PME, maillon essentiel du tissu économique mais très souvent marginalisé dans l’octroi de crédit par les banques.

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« Je voudrais enfin attirer l’attention de nos partenaires des secteurs bancaires et de la microfinance, sur le rôle qui est le leur pour assurer un franc succès à ce mécanisme de garantie mis en place ce jour. Le gouvernement quant à lui, mettra tout en œuvre pour la mise effective des actions de son ressort » avait alors rassuré Louis Paul Motaze.  

Mais seulement, 6 mois après la signature de la convention de garantie, pas une seule entreprise n’a bénéficié de cette ligne. Selon les données du marché bancaire consultées par EcoMatin, l’Etat n’a pas accordé de garantie auprès des banques au cours de l’année 2021.

Ce qui coince

Pour en bénéficier de ces conditions préférentielles de crédit, les entreprises concernées devaient soumettre une demande de garantie auprès de leurs banques respectives, laquelle devait être transmise après vérification de conformité au Comité National de la Dette Publique(Cndp), puis au ministère des Finances qui donne son avis avant transfert à la banque pour le déblocage des fonds. Mais seulement, avant d’y arriver, la loi de finances a prévu que des modalités d’application de cette disposition devaient être précisées dans un texte particulier du Minfi. C’est donc là le blocage ; car les banques disent attendre encore ledit texte pour pouvoir enclencher le processus. « Au lendemain de la convention le dossier n’a plus avancé à notre niveau ; et pour dire vrai nous n’avons pas cherché à en savoir plus » explique un responsable dans une banque de la place. Un autre établissement de crédit confirme avoir reçu plusieurs sollicitations de sa clientèle pour pouvoir bénéficier de cette ligne. « Le processus n’est pas encore opérationnel ; nous avons reçu plusieurs demandes de nos clients ; mais tout cela est en cours de traitement. Je ne peux rien dire de plus » confie une autre banque.

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Au ministère des Finances, on reconnaît que le processus a pris du retard même si la faute ne semble pas venir d’ici. « Le texte est prêt ; il a cependant été soumis au visa préalable du Premier Ministre ; et y est encore », a réagi un cadre au Minfi. Au premier ministère, on n’aura pas plus d’informations sur les raisons du blocage de ce dossier. Omerta également sur la suite qui y est réservée car, faut-il le rappeler, pour l’exercice 2022, un montant similaire a été prévu par la loi de finances et dans les mêmes conditions. Si rien n’est fait, c’est 400 milliards de FCFA dont seront sevrés de manière inexpliquée les acteurs du secteur productif. 

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Lourdeurs administratives, vice de forme/fonds, guerre de personnes… quoi qu’il en soit, ce blocage porte un sérieux coup au secteur productif, les PME en particulier qui continue de pâtir des effets de la pandémie mondiale du coronavirus. Selon les donnée une note du ministère des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Économie Sociale et de l’Artisanat (Minpmeesa), le chiffre d’affaires des Pme, pour la grande majorité issue du secteur tertiaire (couture, commerce, prestations de services), a baissé de 79,30% A côté de cela, les Pme ont dû s’imposer quelques mesures d’austérité pour tenter de survivre aux effets néfastes de la pandémie. « En ce qui concerne les effectifs salariés, près de 50 % des Pme enquêtées ont déclaré avoir revu leurs personnels salariés à la baisse en raison de la pandémie. Environ 37 % ont décrit une situation de maintien des salariés, et 4,5 % ont déclaré avoir recruté de nouveaux personnels. Ces nouveaux emplois créent se trouvent principalement dans le domaine du commerce », renseigne la note.

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