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Réserves de change : la Beac préoccupée

D’ici la fin d’année, la banque centrale projette une contraction de réserves extérieures à 2,9 mois d’importations de biens et services constituant ainsi une menace à la stabilité extérieure de la monnaie.

Au vue des incertitudes qui entourent les perspectives économiques de la Cemac, la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (Beac) préfère jouer la carte de la prudence. Ce 29 juillet, la Banque centrale a rendu public son rapport  sur la politique monétaire, lequel présente entre autres les perspectives à moyen terme de la sous-région, et formule l’orientation de la politique monétaire. Sur ce dernier point, l’on constate bien, à la lecture du document, que l’institution a choisi de maintenir inchangée l’orientation adoptée en mars 2020 et dont le but était de limiter les effets néfastes de la crise de la COVID-19 sur les économies de la sous-région. De manière concrète, la Banque centrale avait activé de nombreux leviers, pour pouvoir favoriser le financement des États et des Banques, à des taux réduits qui devraient à leur tour oxygéner les entreprises et les particuliers. En plus d’avoir suspendu ses ponctions dans les coffres forts des établissements bancaires, la Beac s’était engagée à relancer les opérations d’injection de liquidités dans le système bancaire de la Cemac. Cependant, le rapport de politique monétaire révélait alors que des injections massives et non-contrôlés sur la durée occasionneraient une « dégradation de la stabilité externe de la monnaie ». 04 mois plus tard l’on n’y est peut-être pas encore, mais les réserves extérieurs de la Beac pourraient connaître une baisse drastique d’ici la fin de l’année en cours.

Sombres perspectives

Si au premier trimestre l’impact de la covid-19 n’a pas été assez ressenti sur les économies de la Cemac, la pandémie s’est davantage accentuée au cours des mois qui ont suivis. Selon les projections de la Beac, les perspectives économiques de 2020 sont loin d’être reluisantes pour les Etats de la Cemac. Dans son scénario réaliste, (propagation rapide et de grande ampleur de la crise avec, entre autres, un cours moyen du baril de pétrole de 25 USD) de plus en plus plausible, la banque centrale prévoit un déficit du solde budgétaire à 4,5% du PIB contre 0,9% en 2019. Cette détérioration résulterait de la baisse des recettes budgétaires (-4,9 points de PIB) et d’une augmentation relative des dépenses publiques (+1,2 point de PIB). La Beac adosse cette hypothèse sur une baisse de 2 378,7 milliards de FCFA des recettes pétrolières qui seront enregistrés dans la sous-région d’ici la fin d’année, et une hausse des dépenses courantes (-10,3 %, à 6 710,8 milliards), en raison de la forte augmentation des dépenses de santé et de soutien aux secteurs les plus touchés par la pandémie.

S’agissant des réserves extérieures, elles sont projetées en fin d’année 2020 à 2,96 mois d’importations de biens et services contre 5,68 mois déclarés à la fin mai 2020. L’on se situerait ainsi en dessous du seuil minimal de 3 mois, menaçant ainsi la stabilité extérieure de la monnaie. « Comme conséquence de cette évolution, le déficit du solde global de la balance des paiements se creuserait davantage, entrainant notamment une ponction des réserves officielles à hauteur de 2 602,6 milliards » précise la Beac.

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