Non classé

Des banques commerciales pour sauver la Banque des PME

La nouvelle est révélée dans un rapport du Fonds monétaire international publié le 31 août 2018.

En difficulté juste après son lancement en 2015, la Banque camerounaise des Petites et moyennes entreprises (PME) va bénéficier du secours des banques commerciales. L’on ne connaît pas encore lesquelles seront choisies parmi les 15 banques en activité au Camerounais, mais l’on sait, grâce au rapport publié le 31 août 2018 que, des concertations entre les autorités camerounaises avec la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD) ont été entamées et un plan de restructuration a été décidé au mois d’août 2018.

Le nouveau modèle économique de cet établissement bancaire public, « s’appuiera sur le financement indirect auprès des banques commerciales (garanties, lignes de financement) et le cofinancement avec les banques commerciales et prévoira un abandon progressif du financement direct des PME au guichet de la banque ». Par ailleurs, ajoute nos sources, le nouveau modèle permettra notamment de s’appuyer sur l’expertise des banques commerciales en termes de gestion des risques et aura un effet multiplicateur en incitant les banques commerciales à octroyer plus de crédits aux PME.

Lire aussi : Relance post-Covid : les propositions du Gicam pour «sauver» le secteur privé

Dans le cadre du programme économique triennal (2017-2019) qui lie le FMI au Cameroun, le Fonds monétaire international (FMI) a proposé une restructuration de la Banque des petites et moyennes entreprises fonctionnelle seulement depuis trois ans. « Le plan d’affaires de la Banque des PME sera remis à jour. En particulier, nous étudierons la possibilité de favoriser l’octroi de garanties ou de lignes de financement à des banques commerciales plutôt que l’octroi de prêts directs.», indique le FMI dans son rapport publié sur le Cameroun, le 16 janvier.

L’institution de Bretton Woods explique que l’accès élargi aux services financiers, particulièrement pour les PME, reste évasif. Afin de remédier à ce problème et d’en limiter les risques, les services du FMI ont vivement encouragé les autorités camerounaises à fournir un calendrier pour leur stratégie visant à mettre à jour le plan d’affaires de la Banque des PME garantissant ainsi, sa viabilité. Les autorités du FMI s’engagent à appuyer également le renforcement de l’évaluation des risques de crédit en poursuivant la mise en place et en élargissant la portée, d’une base de données d’informations financières.

Lire aussi : La Banque des PME perd annuellement au moins 1 milliard de F CFA

Ouverte en 2015, la Banque des PME fait partie des banques camerounaises que le gouvernement envisage de recapitaliser à hauteur de 27,5 milliards de FCFA. En juillet 2017, cet établissement bancaire public a présenté un bilan selon lequel, il a accordé 11,5 milliards FCfa de prêts et près de 40 milliards de caution, au profit de 1 600 personnes, à des conditions de garanties souples. Mais la rentabilité de ces prêts n’a pas produit les effets escomptés; d’où la restructuration en cours.

Accès des PME aux financements

Invité à exposer sur la stratégie d’amélioration de l’accès des PME au crédit bancaire, au cours du Conseil de cabinet tenu le 25 janvier 2018 à Yaoundé, l’ex-ministre des Finances, Alamine Ousmane Mey, avait énuméré deux principaux obstacles qui se dressent sur le chemin du financement des PME dans le pays. Il s’agit principalement, révèle le communiqué officiel ayant sanctionné la grand’messe mensuelle du gouvernement camerounais, de la faible structuration de ces entreprises, caractérisée par une absence de plan d’affaires ; et une capacité limitée d’autofinancement, qui ne permet pas de couvrir leurs besoins prioritaires en investissement.

«Pour pallier ces insuffisances, le gouvernement a engagé plusieurs initiatives, notamment la création de l’Agence de promotion des PME et de la Banque camerounaise des PME ; la mise en place des Centres de formalités de création d’entreprise et la promotion des Centres de gestion agréés pour assister les dirigeants des PME ; la baisse de un million à 100 000 Fcfa du montant minimum du capital social des Sociétés à responsabilité limitée (Sarl) ; l’ouverture d’un Bureau de mise à niveau des entreprises évoluant dans le secteur industriel.», énumère le communiqué susmentionné. A côté de ce dispositif, a ajouté le ministre des PME au cours du Conseil, le gouvernement camerounais encourage d’autres canaux de financements des PME, à l’instar du Crédit-bail ou encore le financement participatif, encore appelé Crowdfunding.

Chronique de la faillite programmée de la Banque des PME

Avec seulement 10 milliards de capital pour un début, la Banque des PME était programmée pour échouer. En effet, ses performances sont restées insuffisantes par rapport aux sollicitations et besoins du marché. Le tissu économique du Cameroun est constitué à 90% de PME qui font face à d’énormes difficultés de financement. Selon un financier, le résultat des activités déjà réalisé par la BC-PME est susceptible d’être améliorée, mais à condition que l’Etat tienne ses engagements suffisamment à temps en libérant des ressources longues pour lui permettre de jouer pleinement son rôle.

La DG de la Banque Agnès Ndoumbe Mandeng, elle-même, avait déjà soufflé en 2016 : « Il est impératif que soit mis à disposition de la banque, des fonds nécessaires au déploiement de son mécanisme de garantie pour le montant initialement convenu de 5 milliards FCFA. Cet influx permettra d’amortir les chocs liés à l’investissement de démarrage des activités financées et permettra de respecter la norme sur la représentation du capital minimum édictée par la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) ».

Un autre facteur limitant les possibilités d’octroi des crédits au niveau marché bancaire national est la nature des ressources déposées auprès des banques, constituées des dépôts à très court terme et à vue, qui ne permettent pas d’opérer des financements à moyen et long termes. Une situation qui vient en rajouter aux difficultés éprouvées par les promoteurs nationaux de Petites et moyennes entreprises, soumis aux énormes contraintes de financement et qui ont vu en la BC-PME, une sorte de bouée de sauvetage.  « La structure des ressources actuellement disponibles sur le marché ne permettra pas au système financier national, et encore moins à la BC-PME, d’impulser une meilleure contribution des PME à la croissance nationale par la facilitation de l’accès au financement. D’où, en plus des 5 milliards FCFA requis pour son décollage, la nécessité de mettre à disposition de la banque des ressources supplémentaires, en volume en typologie », avait confessé la DG en novembre 2016.

Il est également déplorable de constater que dans un contexte de boom numérique qui induit la création de plusieurs Startup, la BC-PME reconnaisse son incapacité à apporter des solutions à leurs problèmes de financement. « Généralement porteuses de projets nécessitant des investissements à moyen ou long terme, les Startups représentent un risque bien trop élevé que les ressources actuelles de la banque ne peuvent satisfaire », confiait Agnès Ndoumbe Mandeng.

Lire aussi : Coronavirus : quel fonds de soutien pour les PME ?

Recapitalisation

Toutes ces difficultés ont amené les pouvoirs publics à penser la restructuration de la Banque des PME entre autres. En effet, l’assainissement du secteur financier camerounais annoncé par le Secrétaire général du Ministère des finances, lundi 24 juillet 2017, prévoyait une capitalisation d’un montant total de 27,5 milliards de FCFA, afin de recapitaliser la Commercial Bank of Cameroon, mais aussi la Banque Camerounaise des PME  récemment créée.

Le management de la banque des PME a récemment défendu son bilan dans lequel elle a accordé 11,5 milliards de prêts et près de 40 milliards de caution, au profit de 1600 personnes, à des conditions de garanties souples. Il semble que la rentabilité n’ait pas vraiment suivi. Le plan d’assainissement prévoit aussi une recapitalisation, par leurs actionnaires, de trois banques privées en difficultés, à hauteur de 33 milliards de FCFA. Dans l’incapacité, pour ces actionnaires, de suivre, l’Etat pourrait intervenir, à condition que l’opération entraîne une prise de participation qui soit justifiée par un besoin de stabilité nationale.

[related_posts_by_tax taxonomies= »dossier »]
Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page