Banques et Finances

Performance: l’Etat interpelle Léandre Djummo, DG de la CBC

Le ministre des Finances, Louis Motaze, a signé en juillet dernier un contrat triennal qui oblige la banque à produire un résultat de 2,6 milliards en 2020 contre 1,5 milliard en 2017.

C’est un contrat qui a été signé sans grand bruit. Sans publicité. En effet, « EcoMatin » vient de découvrir un contrat signé, le 12 juillet 2018, entre l’Etat du Cameroun, représenté par le ministre des Finances Louis Paul Motaze, et Léandre Djummo, DG de la Bank-Cameroun (CBC) qui sort de restructuration.

Dans le cadre dudit contrat, l’objectif majeur pour la période 2018-2020 est triple : asseoir dans l’établissement, un cadre de gouvernance conforme aux bonnes pratiques ; parvenir à une consolidation de l’assise financière de la banque au regard des normes prudentielles en vigueur et ; préparer l’ouverture du capital de la banque au profit des investisseurs crédibles conformément à l’engagement de l’Etat-actionnaire majoritaire.


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Les objectifs de base sont de formaliser les chartes de gouvernance en 2018 et rendre opérationnels à 100% les comités prévus au règlement Cobac relatif au contrôle interne (Comités de crédit, comité de gestion actif-passif, Comité risque opérationnel, comité des marchés). En 2019, il est question de doter le contrôle permanent et de l’audit interne de moyens et ressources de qualité pour mener à bien leurs missions.

Si en 2017, les dépôts clientèle étaient de 172,384 milliards de FCFA. En 2018, ils doivent être de 215,480 milliards. En 2019, ces dépôts doivent être de 249,650 milliards de FCFA et de 268,697 milliards de FCFA. Les créances douteuses (brutes) doivent être de 10,850 milliards contre 9,270 milliards en 2017. Pour l’année 2019, l’on s’attend à des créances 12,073 milliards et 13,097 milliards en 2020.

Le total bilan doit être de 295,210 milliards en 2018 pour évoluer à 328,726 milliards en 2019 et 356,946 milliards en 2020. Le bénéfice de 1,551 milliard de 2017 doit progresser à 1,803 milliard en 2018, puis à 2,110 milliards en 201 et 2,603 milliards en 2020. Les fonds propres nets corrigés de 12,016 milliards en 2017, doit évoluer à 12,937 en 2018, puis à 14,097 milliards en 201 et 15,529 milliards en 2020.

Les deux parties, en vertu du présent contrat, s’engagent à coopérer à travers l’échange d’informations et la communication et faire usage des informations échangées et ne diffuser à une tierce partie qu’après concertation.

L’examen de l’Etat d’avancement, de la mise en œuvre des dispositions du présent contrat se fera par le biais des réunions semestrielles. Un comité paritaire est créé à cette fin. Il sera composé de représentants du ministère des Finances et de représentants de la CBC. Un acte du ministre des Finances fixe la composition du comité paritaire. La CBC fournit semestriellement au Comité paritaire un point de mise en œuvre du contrat de performance, qui fera l’objet d’un examen contradictoire en vue du rapport de suivi évaluation semestriel, puis annuel, par le Comité en place.

Au terme de l’évaluation, le niveau de réalisation des objectifs déterminera le déclenchement d’un intéressement ou d’une pénalité. Lorsque les objectifs définis dans le présent contrat sont atteints ou dépassés, l’évaluation peut conduire à la notification d’un intéressement en faveur des contributeurs à la bonne réalisation des obligations notamment, le personnel et les directeurs généraux. Elle prendra notamment la forme d’une récompense financière à hauteur de 50% de la différence entre le résultat minimum recherché et le résultat effectivement atteint. En cas de non atteinte des objectifs quantitatifs minimum ou de non réalisation des objectifs de base, l’évaluation peut conduire à la notification, en guise de sanction, d’une réduction proportionnelle de l’enveloppe à redistribuer au personnel au titre de la « prime de résultat ».

Créée en 1997 par des privés nationaux, la Commercial Bank-Cameroun (CBC) a pour vocation d’offrir à l’ensemble de ses clients, un service bancaire de qualité, couvrant la totalité des métiers de la banque commerciale. Sinistrée par une mauvaise gouvernance, elle a été placée sous administration en 2009.

En 2016, l’Etat du Cameroun et la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) ont mené avec succès le redressement de la CBC, dans la perspective d’une cession des parts de l’Etat à des investisseurs privés crédibles. C’est dans cette dynamique que doivent s’inscrire les actions des dirigeants sociaux actuels.

Pour Eviter une éventuelle faillite

En novembre dernier, « Eco Matin » le soulignait déjà. Léandre Djummo, le directeur général de la Commercial Bank Cameroun (CBC), a lancé deux appels à manifestation d’intérêt pour le recrutement d’un cabinet en vue de la réalisation des études liées à sa mise en conformité au règlement de la Cobac. Dans le premier appel d’offres, il est question de recruter un cabinet pour élaborer des procédures de mesure et de surveillance des risques globaux. L’objectif est de doter la Commercial Bank Cameroun, d’un ensemble de procédures et de surveillance des risques et familiariser le top management et les responsables d’entités à la mesure et à la maîtrise des risques de leurs sphères de responsabilité.


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L’appel à manifestation s’adresse aux cabinets d’études basés au Cameroun et à l’étranger ayant une expérience avérée dans les domaines sus-cités. Le financement de ce projet est assuré par le budget d’investissements et d’équipement de la CBC. Les offres doivent parvenir au siège de la Banque au plus tard le 21 décembre à 12h.  Les dossiers enregistrés seront examinés par une commission interne des marchés mise en place par la direction générale, et la publication de l’avis d’appel d’offres restreint y relatif tiendra lieu de résultat de pré-qualification.

Le second appel d’offres vise à recruter un cabinet qui va élaborer un plan de financement d’urgence. Objectif : doter la CBC d’un cadre « robuste qui lui assure en permanence, une liquidité suffisante pour faire face à tout incident de nature à tarir ou amoindrir ses sources de financements et familiariser le top management et les responsables d’entités au pilotage du plan de financement d’urgence ». Dans les mêmes conditions que le premier appel d’offres, les offres doivent parvenir à la CBC au plus tard le 21 décembre 2018. Les renseignements complémentaires peuvent être obtenus aux heures ouvrables à la direction générale à Douala.


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La CBC veut ainsi conjurer une éventuelle faillite comme ça été dans un passé récent. En effet, Le Conseil d’administration de la Commercial Bank-Cameroun (CBC) a tenu sa 6è session, le 18 avril à Douala, sous la présidence d’Alfred Tiki. Le conseil a examiné à l’occasion, « le rapport de la direction générale sur la marche de la société et s’est félicité de l’affermissement de la reprise de l’activité de la Banque, ainsi que la signature définitive de l’avenant du protocole d’accord avec l’Etat-actionnaire, ce qui concrétise la bonne fin de la restructuration de la CBC », indique Alfred Tiki.

Prenant acte de l’exercice clos au 31 décembre 2017, le conseil a procédé à l’examen et l’arrêté desdits comptes, lesquels dégagent un résultat positif avant impôt de 1,551 milliard FCFA. Pour mémoire, la CBC a connu, en 2009, des difficultés en termes de respect des ratios prudentiels et de préservation des fonds propres. La banque était dirigée par l’homme d’affaires Yves Michel Fotso, aujourd’hui emprisonné dans le cadre d’une procédure judiciaire pour détournements et complicité de détournements de deniers publics. L’administration provisoire depuis cette époque a été prorogée six fois.

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