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Risque politique, prise ferme des banques, commissions… : Louis Paul Motaze et son équipe rassurent les investisseurs de Douala

Le Ministre des finances, les arrangeurs, et co-arrangeurs de l'emprunt obligataire par appel public à l'épargne de l'État du Cameroun, ont présenté les contours de l'opération d'un montant de 200 milliards de FCFA pour la période 2022-2029, aux investisseurs de la capitale économique, le 17 mai 2022. Deuxième étape de cette tournée de communication, elle a permis aux potentiels souscripteurs de la principale place financière du Cameroun, d'obtenir toutes les informations utiles sur l'émission des 20 millions d'obligations émises, d'une valeur nominale de 10.000 FCFA, souscrivable à partir de 30 obligations.

L’étape de Douala aura été âprement explicative pour le Ministre des finances, Louis Paul Motaze, et sa délégation ad hoc constituée à l’occasion du road show relatif à l’emprunt obligataire par appel public à l’épargne «ECMR 6,25 net 2022-2029», lancée depuis ce 16 mai 2022.  Composée, entre autres, des cadres du Ministère des finances, de celui de l’économie, des hauts responsables du Trésor public camerounais, et des arrangeurs de l’opération, l’équipe mobilisée par le gouvernement camerounais a rencontré les investisseurs et intitutionnels publics et privés de la la capitale économique camerounaise, en vue de présenter les raisons et  avantages pour les potentiels souscripteurs, de participer au 6ème emprunt obligataire par appel public à l’épargne lancé par l’État du Cameroun.  «Nous vous offrons l’occasion unique d’entrer dans l’histoire financière du Cameroun à travers cet emprunt obligataire innovant», a indiqué, d’entrée, le Ministre des finances camerounais, aux entrepreneurs, hommes d’affaires, assureurs, banquiers, responsables des micro-finances, et particuliers de Douala, présents pour cette deuxième étape, après celle de Libreville au Gabon.

Commissions

Pour rappel, l’appel public à l’épargne «ECMR 6,25 net 2022-2029», a fait l’objet d’une prise ferme partielle de 10 banques pour un montant de 180,5 milliards de FCFA. L’offre d’appel porte ainsi sur une enveloppe de 19,5 milliards de FCFA. Plusieurs potentiels investisseurs obligataires ont marqué leur intérêt pour l’opération en faisant observer l’insuffisance de l’offre pour le dynamique marché financier de Douala, ville économique: «il n’en reste plus assez, après la prise ferme des banques et le passage de l’offre à Libreville», a indiqué Thierry Kepeden, le Directeur général d’Axa Assurances. 
Également Président de l’Asac, l’Association des sociétés d’assurances du Cameroun, il sera tout de suite rassuré sur le large éventail qu’offre l’emprunt obligataire du Cameroun: «les besoins du Cameroun vont au-delà de 200 milliards de FCFA. Nous pouvons également mettre en oeuvre d’autres instruments financiers dans les limites autorisées par la loi de finances 2022», a clarifié Louis Paul Motaze. Rejoint par Pierre Kammogne, Directeur général d’Afriland bourse & investment, représentant du consortium, Chef de file des arrangeurs.

Si le taux de rémunération a été jugé «très interessant» par les investisseurs, ces derniers s’interrogent sur les commissions liées à ce service. Pour Pierre Kammogne, «les intérêts afférentes aux obligations sont exonérés de tout impôt et taxe au Cameroun. Ils sont en outre exonérés de l’impôt sur le revenu des capitaux mobiliers dans les pays membres de la zone Cemac. Mais il faudra payer une somme extrêmement négligeable pour permettre au consortium-arrangeur de mener à bien son opération». 

Pas de risque politique

Sur le minimum des souscriptions (300.000 FCFA pour 30 obligations), estimé «inaccessible aux camerounais moyen», Samuel Tela, le Directeur de la Trésorerie à la Direction générale du Trésor et de la Coopération financière et monétaire (Dgtcfm) indiquera l’opportunité qu’auront tous les camerounais d’intervenir sur le marché secondaire, à travers la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale (Bvmac): «la liquidité des titres issus de la présente émission se fera à travers leur cotation en bourse. Une demande d’admission à la cote sera introduite auprès de la Bvmac par le consortium afin d’assurer la liquidité des obligations émises. Un contrat d’animation à signer entre la Bvmac et une Société de bourse viendra concourir également à la liquidité du titre», a explicité Pierre Kammogne.

La question sur le risque politique a également été abordée avec sérénité par l’équipe: «nous avons lancé un emprunt obligataire en 2010, alors que des élections se tenaient en 2011. Nous l’avons fait en 2014 et des élections se préparaient pour 2015. Et tout s’est bien passé. Pourquoi pas en 2022, même si des élections sont annoncées en 2025?», s’est opportunément interrogé Paul Tassong, le Ministre délégué auprès du Ministre de l’économie, du plan et de l’aménagement du territoire (Minepat). En effet, les différents emprunts obligataires lancés par le Cameroun depuis 2010 ont débouché sur un franc succès, en termes de souscriptions : 2010 (101,5%), 2013 (162%), 2014 (100%), 2016 (115%), et 2018 (138%).Pour Louis Paul Motaze, «sur le plan politique, le Cameroun n’a rien à craindre. Les souscripteurs doivent rester séreins. Le Cameroun n’a jamais failli dans ses obligations, ni dans ses engagements en remboursement du capital et des intérêts», a une fois de plus rassuré le membre du gouvernement.

Citoyenneté et patriotisme

Pour rappel, le Cameroun a mobilisé, depuis 2010, date de lancement du premier emprunt obligataire, un montant de 5012,75 milliards de FCFA sur le marché des capitaux. 3490,05 milliards sur le marché monétaire de la Beac (Banque des États de l’Afrique centrale), 795 milliards de FCFA sur l’ex-marché financier national, et 810,70 milliards de FCFA sur le marché financier international. Des 5 emprunts obligataires déjà lancés, 4 ont été intégralement remboursés. L’échéance de remboursement du cinquième emprunt s’achève en novembre 2023. Le Cameroun a également émis deux Eurobonds et plusieurs lignes d’obligations du trésor assimilables pour une enveloppe de 970,42 milliards de FCFA. En 10 ans, le Trésor public camerounais a, par ailleurs, remboursé 3349,14 milliards de FCFA, dont 2294,024 milliards de FCFA sur le marché de la Beac, 645 milliards de FCFA sur le marché financier local, et 360,12 milliards de FCFA sur le marché international.

Il est également important de relever que l’enveloppe de 200 milliards de FCFA sollicitée par le Cameroun sera destinée aux secteurs de l’eau et de l’énergie (17 milliards de FCFA affectés aux barrages de Memve’ele et de Bini à Warak, des travaux publics et du développement urbain (160 milliards de FCFA), des transports (15 milliards de FCFA pour l’extension du Port autonome de Kribi), et aux interventions de l’État et à l’aménagement du territoire (8 milliards de FCFA). 14,5 milliards de FCFA seront réservés à la reconstruction des Régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. L’emprunt obligataire «ECMR 6,25 net 2022-2029», se caractérise par une maturité innovante de 7 ans, et une période de différé de 2 ans. 20.000.000 obligations ont été émises sous la période de souscription allant du 16 au 25 mai 2022. «La ville de Douala est reconnue pour son bouillonnement dans les affaires, la présence de nombreuses et dynamiques entreprises en est le témoignage visible. À Douala, on n’hésite pas à saisir une opportunité d’affaires, surtout quand elle comporte une dimension citoyenne et patriotique », a conclu Louis Paul Motaze.

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