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Santé publique : les scénarios pouvant aboutir à une indépendance pharmaceutique au Cameroun

L’un des projets à réaliser pour relever ce challenge est notamment la création d’un Fonds de garantie pour pouvoir accompagner les jeunes pharmaciens.

Le premier Salon international de l’industrie pharmaceutique, des fournitures et équipements médicaux tenu à Yaoundé du 21 au 23 septembre 2023 a permis au Cameroun de passer en revue, son secteur pharmaceutique dominé à 95% par les importations et en proie à la vente des produits de contrebande.

Au terme de ces travaux, le pays compte s’appuyer sur des expériences à succès (Nigéria, Côte d’Ivoire, Burkina, Togo, Sénégal, etc.) pour inverser la tendance. A ce titre, plusieurs scénarios sont envisagés. Prioritairement, «  si nous voulons développer l’industrie d’ici 15 ans ou du moins, 10 ans, il faudrait des facilitations. Ainsi, il a été donné une recommandation à l’Ordre, de pouvoir dégager un Fonds d’investissement afin de soutenir les jeunes pharmaciens », a déclaré à la télévision nationale, Franck Nana, le président de l’Ordre national des pharmaciens du Cameroun. Aussi, le pharmacien croit savoir que « si nous projetons un 15% d’ici 5 ans, ce sera déjà un très bon début ». Mais cet objectif dépend « des inventaires des plans et potentialités » dont dispose le Cameroun.

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Par ailleurs, si l’Ordre des Pharmaciens peut se féliciter du nombre des 2 800 praticiens actuellement inscrits à son tableau, il reste tout de même de nombreux défis à relever au sein de la profession. Il s’agit notamment de « l’arrimage de la formation aux exigences nouvelles de la profession et du marché, la densification du nombre de pharmaciens dans le corps enseignant et l’assainissement de ce secteur d’activité », apprend-t-on du Minsanté.

Cependant, d’après l’économiste de la santé Dr Albert ZE, l’accroissement sans cesse des importations des médicaments (due à la faible production locale), s’explique par « le manque de vision et de volonté de la part de nos dirigeants ». Par conséquent, « pour renverser la tendance il faut une réelle volonté politique. Le gouvernement doit mettre en place des mécanismes favorisant la production locale ».

Résultats attendus

De son côté, le gouvernement n’est pas sans arguments. A en croire Manaouda Malachie, le ministre de la Santé publique(Minsanté), des dispositions ont été prises en amont pour pouvoir augmenter l’offre locale en produits pharmaceutiques, même si pour le moment, les résultats sont encore quasiment inexistants sur le terrain. «  Au cours de la période de Covid-19, le gouvernement par l’entremise de chef, le Premier ministre, a pris une décision de pouvoir mettre en place un groupe qui doit réfléchir et conduire sur le leadership du ministre des Mines, l’implémentation des différentes firmes pharmaceutiques au Cameroun pour que nous puissions désormais produire nos produits pharmaceutiques », a-t-il rappelé au média national.

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Pour autant, l’on n’a pas oublié la douloureuse leçon de la pandémie Covid-19.  « Dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19(2020, Ndlr), nous nous sommes rendus compte qu’on dépendait de l’extérieur (par seulement le Cameroun) la plupart des pays qui étaient en retard sur le plan de la production des médicaments, des équipements médicaux et autres. Ils ont compris que ça n’a pas eu d’impact », avoue le Minsanté.

Une autre solution salvatrice viendrait de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique(CEA) qui, en collaboration avec le Minmidt et le secteur privé, dit « examiner les options de restructuration du secteur par le renforcement de ses chaînes de valeur et la création d’un corps interprofessionnel de la pharmacie ». Le but de cette initiative serait, apprend-t-on de cet organe, de « fabriquer plus de produits pharmaceutiques localement et de saisir les opportunités les plus immédiates sur les marchés nigérian et de la Ceeac ».

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Une fois ces idées mises en place, le gouvernement devrait aussi instaurer un suivi plus rigoureux du circuit de vente des médicaments encore perturbé par la vente des faux et la circulation illégale de produits. A ce sujet, peut-être faudrait associer à la douane, d’autres services spécialisés pour venir à bout de ce phénomène car, selon le secrétariat exécutif de l’Organisation de coordination de la lutte contre les endémies en Afrique (Oceac), le trafic et la commercialisation des faux médicaments induisent sa consommation de l’ordre de 40%.

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