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Secteur agricole : le Cameroun veut revoir le mode de subvention des entreprises publiques pour améliorer leurs performances

Selon le ministère camerounais de l’Economie, l’objectif visé par cette réforme structurelle est d’assurer les retours sur investissement à travers la création des fonds revolving.

Au Cameroun, la production des denrées alimentaires (riz, maïs, huile de palme, mil, sorgho, etc.) est encore largement inférieure à la demande nationale de plus en plus croissante comme l’atteste le Plan intégré d’import-substitution agropastoral et halieutique (Piisah) 2024-2026. Pour combler le gap, le pays fait recours aux importations qui contribuent à creuser le déficit de la balance commerciale ressortie à -5445,5 milliards de Fcfa au 3e trimestre 2023 selon l’Institut national de la statistique (INS).

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Afin d’inverser la tendance, le plan de relance supra indiqué estime que le développement des filières concernées est prioritairement d’ordre structurel. Aussi, suggère-t-il de mettre sur pied un mécanisme qui permettrait de rendre les entreprises agricoles du secteur public (Semry, Unvda, Office Céréalier, Mirap) plus compétitives. A cet égard, « il s’agit de remplacer le principe des subventions dans les entreprises et établissements publics par des fonds revolving, de façon à assurer les retours sur investissement et l’autonomisation de ces entités », propose le Piisah.

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A en croire le site de finances Gocardless, le crédit revolving ou crédit renouvelable se définit comme une réserve d’argent ou un crédit reconstituable. Autrement dit, il met à la disposition de l’entreprise des liquidités qu’elle pourra utiliser à tout instant. Ce type de financement est remboursable à tout instant, dans sa totalité ou en partie. Le débiteur devra rembourser les différentes sommes par échéances, que ce soient les intérêts et le capital emprunté. Sous ce rapport, « la création du fonds revolving auprès de ces entreprises et établissements publics devrait contribuer à l’amélioration de la performance de ces entités et à l’augmentation significative de la production et de la disponibilité des produits locaux de grande consommation sur les marchés », espère le ministère de l’Economie.

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D’après les projections du gouvernement, ce projet entrerait en vigueur en 2025. Mais en attendant, il est déjà prévu un appui de 12 milliards de Fcfa à la Société d’expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua (Semry) à travers un fonds revolving pour l’achat de 70 000 tonnes de riz paddy ainsi que 2,4 milliards de Fcfa à accorder à la Upper Noun Valley Development Authority (Unvda) par le même procédé financier.

Une mesure salvatrice ?

A l’observation, l’implémentation d’une telle réforme serait un moyen de limiter ses dépenses dans la mesure où l’Etat débloque d’importantes ressources financières chaque année pour subventionner des entreprises, lesquelles ne font pas toujours des bénéfices. D’après les données compilées par la Commission technique de réhabilitation des Entreprises du secteur public et parapublic (CTR), une dizaine d’entreprises du secteur agricole ont bénéficié d’environ 7,4 milliards de Fcfa de subventions en 2022. Pourtant, le tableau dressé par cet organisme logé au ministère des Finances révèle que seules la Semry et la Sodecoton ont réalisé des résultats nets positifs soit respectivement 145 millions et 4,6 milliards de Fcfa tandis que les autres ont essuyé des pertes.

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Autres réformes en vue

En plus de mettre à la disposition des acteurs du secteur privé des garanties pour faciliter l’obtention des crédits auprès des institutions bancaires, le plan de relance qui va coûter 1 371,5 milliards de Fcfa au Cameroun, propose également l’instauration puis « la signature des contrats de performance avec les structures publiques de production, de transformation et de commercialisation (Semry, Unvda, Office Céréalier, Mirap) ». Dans la même veine, l’échéance est fixée pour 2026 pour créer un centre de formation/incubateur ou des lycées agricoles dans chacune des 10 régions du Cameroun.

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