Cela fait plus d’un an et demi que Charlotte Kouecheu Chekep dirige l’Union Bank of Cameroon (UBC) et consolide son redressement. L’ancienne dirigeante de CCA Bank est assistée par Clément Yuyun Banboye et rend compte à un conseil d’administration remanié, à la tête duquel trône l’économiste à la retraite Ernest Touna Mama.
Sous l’impulsion de ce management new-look, de nouvelles agences ont ouvert leurs portes à Yaoundé et Douala, maintenant le réseau à huit unités. En outre, un nouveau logiciel (Amplitude version 11.6) a été déployé pour densifier la palette des produits et services. L’activité s’est également traduite par la structuration de prêts syndiqués au profit de l’énergéticien Eneo, la Société immobilière du Cameroun (SIC) et le spécialiste des services de communication électronique Avilyos.
Un dynamisme qui s’est reflété dans les principaux indicateurs de la banque. Si le produit net bancaire(l’équivalent du chiffre d’affaires) stagne pratiquement à 5,9 milliards de FCFA en 2022, n’évoluant que de 5,3% par rapport à l’exercice précédent, le bénéfice et l’encours des crédits explosent sur la période, respectivement de 84,2% (3,5 milliards de FCFA) et 325% (23,8 milliards de FCFA). Dans une proportion modeste, l’encours des dépôts s’oriente également à la hausse, pour s’établir à 102,5 milliards de FCFA (+31,5%). Le total de bilan suit cette dynamique haussière en s’établissant à 142,7 milliards de FCFA (+10,5%) à la période sous revue.
Les retombés de la restructuration
Désormais engagée dans une restructuration qui devrait permettre à l’État de la céder à un partenaire stratégique au bout de cinq ans, UBC a reçu le quitus de la Commission bancaire de l’Afrique centrale pour son redressement. Nouvel actionnaire de référence, l’État et les actionnaires historiques ont déboursé plus de 3,5 milliards de FCFA pour la recapitaliser. Les créances douteuses ont été cédées à la Société de recouvrement des créances (SRC), tandis que Charlotte Koueceu Chekep et ses équipes s’attellent à optimiser les coûts tout en maîtrisant les risques.
Un effort qui devrait se poursuivre avec l’important chantier de la digitalisation qui devrait permettre l’éclosion de nouveaux services et produits à valeur ajoutée. Sans oublier un engagement de plus en plus marqué en faveur du financement du développement. Les participations aux adjudications sur le marché des titres publics en témoignent déjà.
De quoi être serein pour évacuer la mauvaise passe ayant conduit l’État à sauver l’établissement, en même temps que son confère NFC-Bank, en décidant d’injecter 17,8 milliards de FCFA pour en prendre le contrôle. Ce qui a eu pour effet de faciliter la sortie d’Ecobank qui détenait 54% du capital, fruit de l’absorption en 2012 du nigérian Oceanic Bank, et ne pouvait détenir deux filiales dans un même pays. Ne voulant aucunement recapitaliser ce trophée conquis bien malgré lui, le groupe bancaire panafricain souhaitait s’en débarrasser depuis une décennie sans vouloir s’acquitter d’un ticket de sortie. Il finira par s’y résoudre, moyennant 5 milliards de FCFA.
La survenance de la crise anglophone, en 2016, a ajouté son grain de sel dans les difficultés de la banque. Ce d’autant que l’établissement était dépendant de la Cameroon Cooperative Credit Union League (CamCCUL), son actionnaire historique et détenteur de 37% des parts. Fortement implanté dans les régions du Nord-ouest et du Sud-Ouest, le premier réseau des établissements de microfinance lui garantissait les trois quarts de ses dépôts. Il s’ensuit que la conjoncture défavorable ayant atteint CamCCUL allait automatiquement déteindre sur UBC.