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Secteur productif : les investissements directs étrangers au Cameroun baissent de 52% en 2020

Selon la Cnuced, la part d’investissements pétroliers a sensiblement été plus faible au Cameroun que dans les autres pays de la zone Cemac.

Au rang des impacts négatifs de la pandémie du coronavirus sur l’économie africaine en 2020, se situe en bonne place la chute des investissements directs étrangers (IDE). Selon les données de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le développement (CNUCED), les IDE entrants en Afrique se sont établis à 40 milliards de dollars, en baisse de 16% par rapport à 2019. Avec des flux entrants de 7,3 milliards de dollars (environ 3 888,7 milliards de FCFA) en 2020, la zone Cemac aura été, la seule région du continent à connaître une hausse des flux d’IDE. Par pays, cette hausse a été essentiellement portée par une augmentation des investissements au Congo (4 milliards d’IDE entrants contre 3,4 milliards en 2019), au Gabon (1,7 milliard contre 1,5), et dans une moindre mesure en Guinée (530 millions de dollars contre 452 en 2019) et en RCA (35 millions de dollars contre 26). Avec ce relèvement d’activité, le Congo détient à lui seul un stock d’IDE de 33 milliards de dollars soit les 2/5 de la zone Cemac et 14 milliards pour le Gabon. Selon la Cnuced, l’augmentation des flux dans ces pays est due au maintien des investissements consentis dans le secteur pétrolier. Au Congo par exemple, l’institution onusienne note d’importants investissements dans les champs de pétrole offshore, après la phase 2 des autorisations pour les blocs pétroliers de 2019. Au Gabon, l’adoption d’un nouveau code pétrolier a conduit à la signature de nouveaux accords d’exploitation dont certains se sont matérialisé en 2020.

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La progression de ces flux a cependant été ralentie au Cameroun en 2020. La première économie de la Cemac semble avoir pâtie plus que ses voisins des effets pervers de la crise sanitaire du Coronavirus. Les flux entrants en direction du pays sont passés de 1,027 milliards de dollars (575,2 milliards de FCFA) en 2019 à 488 millions de dollars (273,3 milliards de FCFA) en 2020 soit une baisse de 52%. Avec un stock d’IDE de 9,026 milliards de dollars au 31 décembre 2020, soit 11% du stock global dans la sous-région, le Cameroun reste derrière ses voisins de la Cemac à l’exception du Tchad (7,053 milliards de dollars) et de la République Centrafricaine (718 millions de dollars). Pour rappel, les investissements à destination du Cameroun ont connu une accélération à partir de 2010 (taux de croissance annuel moyen de 12,4 % entre 2010 et 2015), mais les différentes crises que connaît le pays depuis 2014 aggravées par la chute des prix des matières premières, ont conduit à un net ralentissement des projets d’investissement : le stock d’IDE n’a progressé que de 1,9% en 2016, 4,28% en 2017 ; 5,42% en 2018 et 9,27% en 2019. Alors que le pays dispose de nombreuses ressources naturelles (pétrole, foresterie, pêche), ainsi que de terres fertiles sur lesquelles construire, il doit améliorer et simplifier son administration afin de stimuler l’esprit d’entreprise et lutter contre la corruption. « La médiocrité des infrastructures, la faiblesse de l’Etat de droit et l’inefficacité persistante d’un vaste système parapublic dans des secteurs clés entravent la croissance de l’IDE » explique un expert. Selon la Cnuced, la part d’investissements pétroliers a sensiblement été plus faible au Cameroun que dans les autres pays de la zone. « Les ressources naturelles dont sont dotés les pays de la CEMAC sont favorables pour l’attractivité de nouveaux investissements directs étrangers. Cette variable est positivement corrélés aux IDE entrants ce qui signifierait que la découverte de nouveaux minerais, de gisements de pétrole et bien d’autres richesses du sol ou du sous-sol aurait tendance à attirer de nouveaux investisseurs étrangers et vice versa » explique Jean Cédric Kouam, universitaire.

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S’il doit attirer plus d’investisseurs à l’avenir, le pays devra faire avec une règlementation devenue entretemps beaucoup plus contraignante. Désormais les IDE sont examinés à l’aune de la nouvelle règlementation des changes car ils sont aujourd’hui considérés comme une voie incontournable pour asseoir le développement économique, il n’en demeure pas moins qu’ils constituent aussi une porte ouverte à l’évasion massive des capitaux.

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