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Semry: déjà plus de 530 hectares de rizières détruites par les eaux

Les inondations qui frappent durement la région de l’Extrême-Nord touchent d’importantes superficies d’autres cultures, notamment le mil, le sorgho et le coton. Outre les pertes inévitables de la Semry, le spectre de la famine plane plus que jamais sur la région.

La direction de protection civile du ministère de l’Administration territoriale (Minat) considère, depuis le 11 octobre dernier, l’année 2022 comme celle de référence en  matière d’inondations dans la vallée du Logone (Extrême-Nord) sur les 100 dernières années. Des pluies diluviennes d’une rare intensité s’abattent depuis le mois d’août dernier sur la région. Dépêché sur le terrain par Paul Biya à deux reprises en moins d’un mois pour « apporter du réconfort et une aide d’urgence aux populations », le Minat Paul Atanga Nji a rapporté en fin de semaine dernière que ces pluies ont provoqué plusieurs ruptures de la digue sur le fleuve Logone du côté du Tchad en septembre. « A partir du 04 octobre 2022, la digue du côté du Cameroun a connu par endroits des cas de surverse des eaux du Logone par-dessus la digue qui avait été calée sur les données critiques. Elle a causé le gonflement du cours d’eau Danay et par conséquent, des inondations dans le centre-ville de Yagoua», détaille-t-il. Toujours sur le plan matériel, les dégâts sont tels qu’au moins 530 hectares de rizières ont déjà été détruites dans le périmètre de la Société d’expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua (Semry), notamment à Maga (Mayo-Danay).

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Une bonne partie des superficies qui résistent aux eaux subissent un problème d’engorgement, et le bilan pourrait s’alourdir d’ici la fin des pluies. Cette situation hypothèque sérieusement l’objectif de cette entreprise agro-industrielle publique, de produire 36000 tonnes de riz paddy en 2022. Elle devrait également subir des pertes en termes de redevance, car, si tous les casiers rizicoles appartiennent à la Semry qui en assure le labour avec ses engins, les surfaces sont cultivées par des planteurs villageois qui paient une redevance à la fin de chaque saison agricole. Les pertes concernent donc également ces planteurs villageois. Selon la direction générale de la Semry, 2000 hectares de rizières aménagées bénéficient à un minimum de 4000 familles. C’est dire le risque de famine dans cette région naturellement exposée à ce phénomène. A noter qu’à part les rizières, d’autres cultures qui ne contribuent pas moins à l’économie locale de l’Extrême-Nord subissent également la furie des eaux. Notamment, le mil rouge, le sorgho de contre saison ((karal) et le coton. 

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Pour mémoire, les digues qui ont connu par endroits des cas de surverse des eaux du Logone par-dessus l’ouvrage ont fait il n’y a pas longtemps l’objet de travaux confortatifs le long du fleuve Logone, entre Yagoua et le Barrage de Maga. Ces travaux ont été réalisés dans le cadre du Projet d’urgence de lutte contre les inondations (Pulci), financé à hauteur de 108 millions de dollars, soit environ 60 milliards de FCFA par la Banque mondiale. Le projet réalisé entre 2014 et 2020 a permis la construction d’une nouvelle digue de 70 km de long, en plus de quelques travaux d’irrigation. Mais, des points critiques se sont à nouveau développés sur l’ouvrage, sous l’effet des intempéries. En effet, pour résoudre durablement le problème des inondations dans l’Extrême-Nord, le président de la République a promis depuis 2012 la construction d’une digue route entre Kousseri dans le Logone et Chari et la zone du bec de canard, dans le département du Mayo-Danay. Longueur de l’ouvrage destiné à traverser 60 villages : 330 kilomètres sur 15 mètres de large.

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L’étude de faisabilité du projet réalisée pour 1 milliard Fcfa à la demande du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), avait chiffré à 1000 milliards Fcfa le coût des travaux. Mais, 10 ans après, le projet tarde à démarrer faute de financements.  

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