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Sénat : le décryptage des nominés de Paul Biya

Les 30 sénateurs nommés le 1er avril dernier sont principalement des caciques du Rdpc et des successeurs adoubés.

Le président de la République, Paul Biya, a signé le 31 mars dernier le très attendu décret portant nomination de 30 personnalités pour compléter à 100 le nombre de sénateurs de la législature 2023-2027. Les fidèles y sont fortement récompensés, à commencer par le président du Sénat, Marcel Niat Njifenji, dont l’âge (88 ans) et les capacités physiques font débat. Il ne fait pas de doute que l’ancien directeur général de la Société nationale d’électricité (Sonel) sera reconduit à son poste lors de la session de plein droit du Sénat, qui s’ouvre en principe le 11 avril prochain à Yaoundé. 

Le premier vice-président sortant de l’institution, Boubakary Abdoulaye, qui siège également à la chambre haute du Parlement sans discontinuer depuis 2013, figure aussi sur la liste. Le très redouté lamido de Rey-Bouba dans la région du Nord continuera sans doute de jouer les premiers rôles dans la préséance au Sénat comme cela a été le cas lors des deux précédents mandats, en raison des soucis de santé du titulaire Marcel Niat Njifenji. Il devrait d’autant plus garder cette position que celle-ci permet de préserver les grands équilibres politiques.

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Fidèle à sa tradition en matière de remplacement numérique familial, Paul Biya fait entrer au Sénat le paramount chief des Bafaw (Sud-Ouest),  Nfon Ekoko Mukete, en remplacement de son prédécesseur et non moins père Victor Nfon Mukete, décédé en avril 2021 à 103 ans. Autre grande amitié récompensée parmi les 11 entrants, c’est la nomination de l’ex-président de la Fédération camerounaise de football (Facafoot), Seidou Mbombo Njoya, qui remplace également père Ibrahim Mbombo Njoya, défunt sultan des Bamoun (Ouest).

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Ces deux dernières personnalités ne sont pas réputées grands militants du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), mais elles bénéficient d’un système de reproduction de l’élite sur lequel s’est forgé le régime de Paul Biya. 

Toujours parmi les entrants, l’on note le retour en grâce de l’ancien ministre Robert Nkili dans le Centre. Beau-frère du chef de l’Etat, il était à la réserve de la République depuis sa sortie du gouvernement en octobre 2015. Dans la circonscription électorale du Nyong et Mfoumou, ce cacique remplace l’enseignant de journalisme émérite Albert Mbida, qui n’aura fait qu’un mandat.

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Paul Biya récompense enfin l’homme d’affaires Emmanuel Chatue, PDG de la chaîne de télévision Canal 2 international, qu’il avait déjà refusé d’investir comme candidat à la succession de Victor Fotso à la mairie de Bandjoun en 2020 au profit de la fille de ce baron décédé la même année. Il remplace à ce poste le chef supérieur de Bandjoun, Sa Majesté Honoré Djomo Kamga, qui en était à son deuxième mandat en tant que sénateur nommé. C’est d’ailleurs le seul monarque déchargé par Paul Biya, qui a pourtant opté pour la continuité s’agissant des autres chefs traditionnels, à l’instar de Mohaman Gabdo Yaya, lamido de Banyi (Adamaoua) ou encore Moussa Aboubakary, lamido de Tcheboa (Nord). 

Dynastie

A travers les nominations de vendredi, Paul Biya conforte surtout l’oligarchie, car, outre des fils à papa comme Seidou Mbombo Njoya ou encore Ekoko Mukete, dans le Nord, il nomme une certaine Aïcha Pierrette Hayatou qui est de la dynastie Hayatou de Garoua. 

Au final, le Rdpc se taille une majorité obèse au Sénat avec 94 représentants sur 100. Pour donner un vernis démocratique à l’institution après la razzia de son parti lors des dernières élections sénatoriales (le Rdpc avait remporté les 70 sièges en compétition), le chef de l’État a nommé 6 personnalités toutes issues de partis alliés. Notamment, Pierre Flambeau Ngayap (Littoral) de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp), Marlyse Aboui (Est) de l’Alliance nationale pour la démocratie et le progrès (Undp), l’avocat Paulin Djorwe (Extrême-Nord) en remplacement de Dakole Daissala décédé l’an dernier, Besongoh Akemfor (UPC), Yves Tizi Tourmba du Front pour le salut national du Cameroun (Fsnc) et, enfin, Vanigassen Mochiggle du Social Democratic Front (SDF) dans le Nord-Ouest. Le 19 autres personnalités nommées sont principalement des caciques en poste pour certains depuis 2013.

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