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Services financiers : immersion dans la percée du Mobile Banking au Cameroun

La percée du mobile et des services financiers offerts par les opérateurs des télécommunications et les fintechs impose aux banques de s’adapter, au risque de perdre du terrain dans un pays qui affiche déjà un taux de bancarisation des plus faibles : 28,3%.

Au Cameroun, en 2020, le taux de bancarisation a atteint 28,3% (microfinance y compris), selon le ministère des Finances. Ce qui signifie que plus de 70% de la population du pays n’a pas accès aux services bancaires. En revanche, la majeure partie de cette frange de la population, sinon carrément la totalité, dispose d’un téléphone mobile, et peut donc avoir accès aux services financiers via le mobile, commercialisés par les opérateurs de téléphonie mobile et des fintechs. En clair, grâce à la percée de la téléphonie mobile, dont le taux de pénétration frôle 90% au Cameroun selon les officiels, les populations n’ont plus besoin d’avoir un compte dans les livres d’une banque pour pouvoir effectuer les dépôts, retraits, transferts d’argent et autres paiements marchands.

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A la différence des procédures bancaires plutôt contraignantes, l’offre des telcos et autres fintechs est si souple qu’au cours de la dernière décennie, les services MTN Mobile Money et Orange Money ont littéralement explosé au Cameroun. Au point où, selon le rapport de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) sur « les services de paiement en monnaie électronique dans la Cemac en 2020 », le Cameroun, à lui tout seul, dispose de 64,8% des 30,1 millions de comptes Mobile Money recensés dans l’espace Cemac, et revendique 73,1% des 14 822 milliards de FCFA de transactions effectuées via les comptes mobiles au sein de cette communauté économique en 2020. Suffisant pour inquiéter les banques, dont certains dirigeants n’ont pas souvent hésité à crier à une concurrence déloyale.

En effet, même si jusqu’en 2018, la reglementation imposait aux telcos des partenariats avec des banques pour offrir des services financiers à leurs clients, il n’en demeure pas moins que ces partenariats érodent les frais liés aux transactions, dont se seraient volontiers appropriés les banquiers toutes seules, en leur qualité d’acteurs traditionnels de l’intermédiation financière. Obligées de partager ces revenus avec les opérateurs de mobile, et dans le dessein de tirer davantage profit des opportunités offertes par la téléphonie mobile, la quasi-totalité des banques ont développé des applications mobiles pour permettre aux clients d’effectuer des transactions à distance, avec la même flexibilité que le Mobile Money.

Evolution de la réglementation

Certains de ces services bancaires via le mobile ne font même plus obligation à l’utilisateur d’avoir un compte bancaire. C’est le cas de YUP, produit lancé il y a quelques années au Cameroun et dans nombre de pays africains par le groupe bancaire Société Générale. Mais, cette initiative qui avait tout l’air d’avoir été mise en place pour chasser sur les terres du Mobile Money des telcos a fait long feu, faute de rentabilité, selon le groupe bancaire français. Mais, il est tout aussi loisible de voir derrière l’échec de YUP, une certaine inefficacité face à la concurrence farouche du Mobile Money, ou plutôt face à la longueur d’avance prise par les opérateurs de mobile en matière de démocratisation des transactions financières via le mobile et autres terminaux numériques.

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Malgré l’échec de YUP et la timidité des offres digitales des banques, qui font toujours la course loin derrière le Mobile Money des telcos, le secteur bancaire n’a pas d’autre choix que de poursuivre la bataille du digital. Ce d’autant que, rappelle la Beac dans son rapport 2020 sur les paiements en monnaie électronique dans la Cemac, « jusqu’à la fin de l’année 2018, l’activité d’émission et de gestion de la monnaie électronique ne pouvait être menée qu’à travers des partenariats entre les banques commerciales et opérateurs de téléphonie mobile. Mais, depuis le 1er janvier 2019, la règlementation permet l’émergence de nouveaux acteurs autonomes des banques, qui seront classifiés dans la catégorie d’établissement de paiement ».

Les opérateurs de mobile Orange et MTN Cameroun se sont d’ores et déjà engouffrés dans cette brèche, en obtenant des agréments respectivement pour Orange Money SA, en 2022, et Mobile Money Corporation (MMC), en 2023. Selon le règlement relatif aux services de paiement dans la Cemac, adopté le 21 décembre 2018 par le comité ministériel de l’Union monétaire d’Afrique centrale (Umac), ces structures, en dehors de la gestion des opérations de dépôts, transferts et retraits d’argent, peuvent même octroyer des crédits à leur clientèle, à l’instar des banques. Même si le montant, dans leur cas, reste limité à 100 000 FCFA seulement.

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