SND30

SND30 : les premiers rendez-vous manqués

Officiellement en vigueur depuis le 1er janvier, la nouvelle stratégie nationale de développement souffre encore du manque d’un encadrement légal et règlementaire qui renforcerait son statut vis-à-vis des politiques sectorielles. Cette lacune est l’une des causes de l’échec du DSCE.

C’est depuis le mois de novembre 2020, qu’est entrée en vigueur la Stratégie nationale de développement pour la période 2020-2030 (SND30). Elle remplace ainsi le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce). Pour cette nouvelle décennie l’ambition du gouvernement est claire : situer le pays dans la mouvance de l’émergence à l’horizon 2035. Quoi que cet objectif soit noble et légitime, il n’en demeure pas moins vrai que la mise en œuvre de la SND30 se fait dans un contexte économique national et international assez instable.

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L’un des points qui pourrait conduire à l’échec de cette stratégie est le fait que la SND30 n’est toujours pas érigée en loi telle qui l’avait été annoncée. On se souvient qu’en prélude à la présentation officielle de la SND30, le Minepat avait rendu public une note de synthèse de ladite Stratégie, qui présentait la philosophie, les piliers et les principaux axes. De celle-ci il ressortait que la stratégie combinera planification ferme et planification stratégique. «L’idée de fond étant de soutenir la planification par un cadre légal et réglementaire approprié, renforçant ainsi son statut», écrivait le document. Contrainte qui n’avait pas été appliquée au Dsce et qui avait conduit son échec. Les analystes avaient donc parié que ce texte soit déposé auprès de parlementaires au cours de la session plénière de novembre 2020, pour entrer en exécution dès le 1er janvier 2021 mais cela n’a pas été le cas. Tout porte donc à croire que cela sera fait dans les tous prochains jours soit au cours de la session parlementaire de mars 2021. Soit déjà un retard sur enregistré sur la mise en application de son aspect contraignant.

Autre aspect, c’est la persistance de la crise sécuritaire dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Dans le scénario de la SND30, il est prévu un retour à la paix d’ici 2023, Dans le cas contraire, les simulations montrent que le taux de croissance moyen du PIB sur la période 2021-2030 devrait se situer autour de 7,5% contre 8% dans le scénario Vision, soit un recul de 0,5%. Cette incidence est davantage perceptible sur la période 2023-2030 avec une perte cumulée de 5 points sur cette période (2023-2030). Dans le détail, le recul serait de -0,4 point/an dans le secteur primaire, -0,8 point/an dans le secteur secondaire et -0,4 point/an dans le secteur tertiaire. Par ailleurs, il est également observé une légère dégradation du déficit du solde budgétaire (-0,5% sur 2023-2030) et une baisse de la demande extérieure en liaison avec une progression des exportations de biens moins forte.

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L’agriculture tarde à germer

Un autre point sur lequel la SND30 compte porter la croissance est l’agriculture. Mais toujours est-il que la « grande politique agricole » annoncée par Paul Biya au comice agro-pastorale d’Ebolowa en janvier 2011 attend toujours les « réponses urgentes et appropriées » pour germer. Il s’agit de la mise en place d’une unité de production d’engrais, de la réforme foncière visant à répondre aux exigences de l’agriculture de seconde génération, la construction de marchés et de centrales d’achat de produits agro-pastoraux et halieutiques, la réforme de la formation et de l’enseignement agricoles, le renforcement du dispositif de financement des activités rurales par l’ouverture de la Banque Agricole. Face à cela, il est très peu probable que le secteur agricole atteigne les objectifs assignés. Ce qui va compromettre la compétitivité des industries et les chances de diversification de l’économie. En effet, le gouvernement table sur une croissance du secteur agricole de 6% sur la période 2021-2030 contre 8,5% programmée dans le scénario Vision. Cette sous performance sectorielle entraîne une perte de croissance cumulée sur l’ensemble de cette période de 11,5 points.

L’on peut ajouter aux facteurs d’échec précédemment cités les retards dans l’exécution des projets énergétiques, les retards dans l’exécution des projets d’infrastructures, les conséquences d’un dérèglement climatique prononcé.

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