Afrique CentraleTchad
A la Une

Tchad : deuxième jour de grève des travailleurs pour dénoncer la hausse des prix des carburants à la pompe

De sources locales, le mouvement est diversement suivi. Mais, la grogne pourrait se durcir dans les prochains jours avec l’entrée en scène de nouveaux grévistes, face au silence adopté par le gouvernement.

Le mouvement de grève de six jours décrété par les syndicats des travailleurs du Tchad, en signe de protestation contre la hausse des prix de certains produits pétroliers à la pompe (super, gasoil notamment), est entré ce 21 février 2024 dans sa deuxième journée. De sources locales, aussi bien à Ndjamena, la capitale, que dans les provinces, de nombreux bureaux sont restés fermés comme la veille. Comme c’était déjà le cas le 20 février, de nombreuses rues sont beaucoup moins bondées que d’habitude, à cause de la réduction des mouvements de nombre de travailleurs restés à la maison. « La grève est largement suivie dans les secteur public », confie à EcoMatin un employé du Conseil national de transition (CNT), l’équivalent actuel de l’Assemblée nationale. « C’était timide hier (20 février). On observera en journée pour voir l’évolution », bémolise un journaliste vivant à Ndjamena.

Dans des secteurs comme celui de l’éducation, renseignent des sources locales, le débrayage est total, surtout que le nouveau mot d’ordre vient retrouver une grève des enseignants déclenchée depuis bientôt trois mois, pour réclamer la restauration dans leurs bulletins de paie de certaines indemnités, dont ils ont été délestés depuis l’année 2016. Dans les hôpitaux du pays, l’heure est également à la grogne. Mais, au regard de la sensibilité de ce secteur, les professionnels de la santé affirment avoir institué un service minimum. « Nous avons pris toutes les dispositions pour assurer les services d’urgences, à savoir le service de réanimation, le service de délivrance des antirétroviraux et antituberculeux. Mais, les consultations et rendez-vous ordinaires ne seront pas assurés. Nous voudrions rassurer la population sur tout le territoire national sur le fait que si quelqu’un à un problème, il peut se présenter aux urgences et on va le prendre en charge », rassure Tahir Mahamat Saleh, le président du syndicat des médecins du Tchad.

« Jusqu’à l’heure actuelle, il n’y a pas eu de démarche officielle du gouvernement pour approcher les syndicats », renseigne une source à Ndjamena, qui annonce le durcissement de la grogne dans les prochains jours, si le gouvernement ne revient pas sur sa décision d’augmenter les prix du super et du gasoil. « À la fin de cette grève d’une semaine, il y aura une assemblée générale pour rendre la grève illimitée, avec d’autres actions de protestation », précise Michel Barka, président de l’Union des syndicats du Tchad (UST). De sources variées, les syndicats n’envisagent même pas la prise de mesures d’accompagnement de la part du gouvernement, à l’instar de la révision à la hausse des salaires des travailleurs du public, à cause des difficultés financières que vit actuellement le pays. La seule revendication est donc le rétropédalage du gouvernement, avec un retour aux anciens prix des carburants pratiqués à la pompe avant la décision du 13 février dernier.

En effet, cette décision porte respectivement à 730 FCfa, 828 FCfa et 580 FCfa, les prix du super, du gasoil et du Jet A1 dans les stations-service de Ndjamena. Dans les provinces, ces prix sont majorés des coûts du transport. L’analyse de la nouvelle grille tarifaire des produits pétroliers à la pompe révèle que le litre de super connaît l’une des plus importantes augmentations au Tchad depuis des décennies. En effet, en portant à 730 FCfa le litre de super depuis le 13 février 2024, contre 518 FCfa suite à l’augmentation d’avril 2023, le gouvernement fait exploser le prix de ce produit de 40,9%. En passant de 700 FCfa à 828 F Cfa, le prix du litre de gasoil augmente quant à lui de 18,3%, contre 5,4% pour le jet A1, dont le prix du litre est passé de 550 à 580 FCfa depuis le 13 février 2024.

Cette augmentation des prix, la deuxième en moins d’un an, devrait logiquement accentuer l’inflation dans le pays, avec pour conséquence une érosion du pouvoir d’achat des consommateurs. « Ce problème de carburant concerne tout le monde. Avec ces prix, les travailleurs ne peuvent plus aller au travail. C’est la raison pour laquelle nous avons lancé cette grève. (…) Si nous n’observons pas cette grève, cela veut dire que nous acceptons la souffrance des travailleurs », estime Mahamat Nasradine Moussa, le porte-parole de la Plateforme syndicale revendicative.

A LIRE AUSSI :

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page