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Tchad : les défis qui attendent Succès Masra à la tête du gouvernement

Le nouveau Premier ministre du Tchad a la lourde charge de mener la dernière phase de la transition et de rétablir l'ordre constitutionnel en organisant les élections présidentielles d'ici octobre 2024. Une mission qui s’accompagne par la nécessité de former un gouvernement lavé de tout soupçon de partialité, restaurer la confiance et apaiser les tensions politiques, poursuivre les efforts de consolidation budgétaire et mettre en œuvre des mesures visant à améliorer la mobilisation des recettes intérieures.

Le succès de la transition au Tchad repose désormais sur les épaules d’un autre Succès : Masra. Le président du parti les Transformateurs a été nommé au poste de Premier ministre du pays par un décret signé le 1er janvier 2024 par le président de transition, le général Mahamat Idriss Déby Itno. Économiste de formation, l’ancien opposant succède à Saleh Kebzabo qui a rendu son tablier après l’adoption d’une nouvelle Constitution, conformément à ce qu’imposait la loi fondamentale. C’est donc cet homme de 40 ans qui aura la délicate mission, de mener la dernière phase de la transition et de rétablir l’ordre constitutionnel en organisant d’ici octobre 2024, la prochaine élection présidentielle du pays. Une mission d’autant plus difficile à accomplir, dans un contexte tendu, marqué par les divisions au sein de la classe politique.

Former un gouvernement inclusif

La formation du gouvernement par le Premier ministre de transition du Tchad présente des défis complexes et délicats. Tout d’abord, la contrainte selon laquelle les membres dudit gouvernement ne peuvent pas se présenter à la prochaine élection présidentielle soulève la question cruciale de la sélection des personnalités compétentes et capables de mener une transition politique réussie, tout en évitant tout soupçon de partialité en faveur de certains candidats. Cela nécessitera une recherche minutieuse de personnalités qualifiées et impartiales, capables de répondre aux besoins diversifiés de la population tchadienne.

En outre, la radicalisation croissante des partis de l’opposition soutenus par la société civile représente un autre défi majeur. Le Premier ministre devra naviguer avec prudence pour inclure des représentants de l’opposition tout en veillant à ne pas compromettre la stabilité du gouvernement. De plus, le Premier ministre devra aborder les préoccupations spécifiques de la société civile et s’assurer que le gouvernement représente un éventail large d’intérêts. Ceci est d’autant plus crucial dans un contexte où la société civile joue un rôle de plus en plus influent. La transparence dans le processus de sélection des membres du gouvernement, ainsi que la communication régulière avec la population, seront essentielles pour gagner la confiance du public et renforcer la légitimité de la transition politique.

Lire aussi :  Tchad : Succès Masra nommé Premier ministre de transition

Restaurer la confiance et apaiser les tensions

Ainsi, les défis sociopolitiques auxquels le Tchad fait face, ajoutent une couche de complexité à la tâche qui attend Masra. Après les événements tragiques survenus lors des manifestations contre la prolongation de la transition, avec des pertes humaines et des allégations de violations des droits de l’homme, la consolidation de la démocratie et la préservation des droits fondamentaux s’imposent comme des défis majeurs pour le nouveau chef du gouvernement. Notamment dans un contexte où l’opposition assimile la validation des résultats du référendum pour une nouvelle Constitution à un plébiscite visant à faciliter l’élection du président Mahamat Idriss Déby Itno.

Le Premier ministre de transition doit œuvrer à restaurer la confiance dans le processus démocratique, apaiser les tensions politiques et répondre aux aspirations démocratiques de la population. Le dialogue et la recherche de consensus seront essentiels pour apaiser les tensions et garantir la participation constructive de toutes les parties. La mise en place de mécanismes de médiation et de résolution des conflits pourrait s’avérer nécessaire pour assurer une collaboration efficace au sein du futur gouvernement de transition, et garantir un processus démocratique transparent et inclusif en vue d’une présidentielle acceptée par la majorité.

Remplir le panier de la ménagère

Cependant, il n’y a pas que le volet politique qui devrait captiver toute l’attention de Succès Masra. Le Premier ministre est aussi appelé à faire face à d’importants défis économiques. La dépendance du pays à l’égard du secteur pétrolier expose l’économie tchadienne à la volatilité des prix du pétrole sur les marchés mondiaux. Les fluctuations récentes dans la production pétrolière et les irrégularités climatiques ayant affecté le secteur agricole ont exacerbé l’insécurité alimentaire. Les indicateurs sociaux sont en effet plus ou moins alarmants. Avec un Indice de Développement Humain parmi les plus bas au monde, Succès Masra devra penser des politiques visant à améliorer les conditions de vie de la population. Et justement, dans son discours à la Nation le 31 décembre dernier, le président de transition a indiqué que la priorité sera donnée aux plus démunis.

Mahamat Idriss Déby Itno place au cœur des préoccupations, «ceux qui veulent se nourrir à leur faim, avoir un abri décent, payer leurs médicaments, assurer leur subsistance quotidienne». Ainsi, a-t-il martelé, «Toute l’action gouvernementale doit concourir à remplir le panier de la ménagère et à alléger les souffrances de nos populations». À côté de cela, les défis sécuritaires continuent d’imposer des pressions sur le budget de l’État. Le Premier ministre devra élaborer des politiques économiques inclusives et durables pour relever ces défis et promouvoir le bien-être des citoyens.

Améliorer la mobilisation des recettes internes

En outre, il s’avère indispensable pour Succès Masra de poursuivre les réformes pour stimuler la croissance, lutter contre la pauvreté et accroître la résilience. Le renforcement des acquis de la réforme du Code des marchés publics et l’informatisation des régies restent prioritaires, tout comme les efforts de consolidation budgétaire devant permettre de dégager l’espace budgétaire requis pour répondre aux besoins considérables de dépenses d’investissement et de dépenses sociales. Le chef du gouvernement devra ainsi continuer de mettre en œuvre des mesures visant à améliorer la mobilisation des recettes intérieures, à contenir la masse salariale et à rationaliser les dépenses non prioritaires. Toutes choses qui semblent être dans les cordes de l’économiste qu’il est.

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