Business et Entreprises

Téléphonie mobile : les opérateurs privés dénoncent des pertes cumulées de 132 milliards en deux ans

Lesdites pertes sont estimées à 96 milliards en 2018 et plus de 36 milliards en 2019, par les entreprises Orange, Viettel et MTN. Celles-ci qui jugent par ailleurs qu'elles ne bénéficient d'aucun retour positif sur leurs investissements.

Orange Cameroun, Mtn Cameroon et Viettel Cameroun, les trois opérateurs privés de la téléphonie mobile sont formelles: leur secteur se porte mal. Regroupées au sein de l’Association des Opérateurs Concessionnaires de Téléphonie Mobile au Cameroun (Aoctm), ces concessionnaires ont dévoilé un chapelet de problèmes perturbateurs de leurs services, croissance et compétitivité. Les violons tardent en effet à s’accorder entre les trois sociétés et les pouvoirs publics. La première pomme de discorde porte sur la pression fiscale et le paiement des pénalités. D’après Frédéric Debord, le Directeur général d’Orange Cameroun et président national de l’Aoctm, «les sociétés de téléphonie mobile paient plus en pénalités que ne contribuent à l’économie nationale qui devrait être une taxe sur le chiffre d’affaires, ou des impôts sur le chiffre d’affaires……Nous ne sommes pas à même de contribuer de façon saine à l’économie camerounaise», a-t-il indiqué. 

Lire aussi : L’Association des opérateurs de téléphonie mobile rejoint le Gicam

Avec un chiffre d’affaires annuel cumulé de plus de 500 milliards de FCFA, les trois concessionnaires enregistrent, toutefois, de lourdes pertes: Orange Cameroun, Mtn Cameroon et Viettel Cameroun ont perdu, selon Frédéric Debord, 96 milliards de FCFA en 2018 et plus de 36 milliards en 2019. Soit 132 milliards de FCFA de pertes en deux ans. 

L’Aoctm dénonce également la mauvaise prestation des fournisseurs d’infrastructures. Allusion, à peine voilée, faite à Camtel (Cameroon telecommunication), concédant et gestionnaire de la fibre optique satellitaire et sous-marine. Face à des dysfonctionnements et perturbations répétés sur son réseau, Viettel Cameroun avait décidé en 2018, de nouer un partenariat avec Gilat Telecom, un opérateur technique israélien. Qui devait doter la société de téléphonie mobile camerounaise d’un service 4G de haut débit. Après des investissements globaux de l’ordre de 58 milliards de FCFA en 2019, le constat des 3 entreprises de téléphonie mobile est amer: «le souci du secteur aujourd’hui c’est de pouvoir avoir une infrastructure de qualité et optimale. Les infrastructures que nous achetons nous coûtent très chers», ajoute Frédéric Debord. 

Lire aussi : L’ART maintient la pression sur Orange, MTN et Nexttel pour le payement des 35 milliards de Fcfa

Les prix sur les services téléphoniques sont aussi causes de tensions entre les concessionnaires et l’Etat du Cameroun. Des prix que l’Aoctm juge «bas»: «nous avons des investissements lourds qui donnent lieu à beaucoup d’amortissements. Nous sommes sur des nouveaux prix qui sont très bas. On a souvent l’impression que le téléphone est cher au Cameroun. Mais quand on voit l’utilisation de la data, tout le monde peut aller sur YouTube, Facebook ou WhatsApp. Les prix sont très bas», indique encore le président de l’Aoctm. «La data diminue nos ressources. Nous mettons des moyens importants sur les investissements, mais nos chiffres d’affaires ne font que décroître», regrette Oumar Haman, le Directeur général  de Viettel Cameroun. Cette situation ne peut perdurer, pensent les responsables Mtn Cameroon, Orange Cameroun et Viettel Cameroun. 

Lire aussi : Que cache la coalisation de circonstance entre Orange, MTN et Nexttel

Pour y remédier, ces entreprises se sont fixées des objectifs précis, à travers l’Aoctm: promouvoir le développement des communications électroniques et des opérateurs de téléphonie mobile, entreprendre les actions de relations publiques pour le compte de ses membres et de leur secteur d’activité et plus généralement, toute action visant à valoriser leur image, établir entre ses membres, les autorités de tutelle et plus généralement toutes les administrations et institutions intervenant dans le secteur des communications électroniques, un dialogue structuré afin d’entretenir un climat favorable au développement de leurs activités, mettre à la disposition des Autorités en cas de besoin, l’expérience et les connaissances accumulées par les parties, entreprendre plus généralement toutes les opérations se rattachant directement ou indirectement à la promotion des opérateurs de téléphonie mobile et de leur activité, et mieux répondre aux attentes des consommateurs. 

«Au moment où la crise du Covid pousse à plus de digitalisation, nous attendons une réelle concertation entre les autorités et les acteurs du secteur pour assurer un environnement propice au développement de l’économie, à la pérennité des infrastructures, à la stimulation des investissements et à des acteurs profitables qui contribueront aux finances de l’Etat», souhaitent Frédéric Debord, Stephen Blewett et Oumar Haman.

Lire aussi : Télécommunications : les opérateurs à l’heure des alliances stratégiques

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page