A la UneBanques et Finances

Titres publics : classement des pays de la Cemac qui s’endettent le plus cher sur le marché de la Beac

Malgré le durcissement de la politique monétaire, le marché des titres publics de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) demeure vigoureux à fin septembre 2023, avec un encours en hausse de 13% depuis le début de l’année, une augmentation des taux de souscription et de participation des spécialistes en valeurs du trésor (SVT), et une réduction des coûts, qui varient cependant en fonction des pays. Ecomatin évalue la qualité de la signature des Etats de la Cemac sur ce marché, sur la base du bulletin mensuelle des statistiques publié par la banque centrale.

L’encours des valeurs du trésor émis sur le marché des titres publics de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) a atteint 6 027,2 milliards FCfa au 30 septembre 2023, en augmentation de 13% par rapport au mois de janvier dernier. Avec 32,6% de la valeur globale de cet encours, soit 1 964,1 milliards FCfa, le Congo est le pays de la Cemac qui s’endette le plus sur ce marché. Malgré la baisse des coûts des opérations en septembre, passant d’un taux d’intérêt moyen de 7,17% en août 2023 à 6,94% un mois plus tard, le Congo est aussi parmi les pays qui s’endettent le plus cher sur le marché des titres publics de la Beac, ce qui peut justifier l’intérêt des investisseurs pour ses obligations et bons du trésor assimilables.

Lire aussi : Marché des titres : les trésors publics de la Cemac vont lever 940 milliards de F au 4e trimestre 2023

En effet, une analyse des statistiques de la Cellule de règlement et de conservation des titres permet de constater que le Congo est le 2è pourvoyeur des intérêts aux investisseurs du marché des titres publics de la Beac. Avec un taux d’intérêt moyen de 6,40% servi entre juin 2018 et septembre 2023 sur les bons du trésor assimilables (BTA), et 9,94% de rémunération sur les obligations, au cours de la même période, le pays de Denis Sassou Nguesso affiche un taux d’intérêt moyen de 8,17% pratiqué sur le marché. En la matière, le Congo est ex-aequo avec la République centrafricaine (RCA), pays très peu actif sur ce marché depuis son lancement en 2011, et qui affiche un encours global des titres à fin septembre 2023 de seulement 162 milliards FCfa, ce qui représente le dixième de celui du Congo.

Au demeurant, le meilleur client des investisseurs sur le marché de la Beac est le Tchad, avec un taux d’intérêt global moyen de 8,3% servi aux investisseurs entre juin 2018 et septembre 2023. En effet, au cours de la période analysée, ce pays bat le record de la rémunération des investisseurs sur les obligations, avec un taux d’intérêt moyen de 10,23%, contre 10,18% pour la RCA. Quant aux bons du trésor du Tchad, ils sont assortis d’un taux d’intérêt moyen de 6,38% au cours de la période sous revue, soit le 3ème taux le plus élevé du marché. A côté du Tchad, leader du marché en matière de rémunération des investisseurs, du Congo, classé 2ème au hit-parade des meilleurs taux d’intérêt servis sur le marché, position que le pays partage avec la RCA ; vient la Guinée équatoriale. Bien qu’ayant affiché le taux d’intérêt le plus élevé sur les BTA entre juin 2018 et septembre 2023, à 7,1%, ce pays de la Cemac, 2ème Etat le moins dynamique du marché derrière la RCA, n’a effectué aucune opération sur les obligations au cours de la période. Ce qui a visiblement influencé sa position dans le classement des pays les plus généreux du marché des titres publics de la Beac.

Dépendance au pétrole

A côté des quatre plus gros pourvoyeurs des intérêts aux investisseurs du le marché, le Cameroun et le Gabon sont les deux Etats de la Cemac qui s’endettent le moins cher. Fidèle à sa politique des taux d’intérêt bàs, Yaoundé est la capitale la moins généreuse envers les investisseurs sur le marché des titres publics de la Beac, malgré une légère augmentation des niveaux de rémunération pratiqués par le trésor public depuis le début de l’année 2023. En effet, avec un taux d’intérêt moyen sur les OTA et BTA de 6,43%, le Cameroun surclasse le Gabon, dont la rémunération moyenne des titres s’établie à 6,77% entre juin 2018 et septembre 2023. Ces deux pays, qui figurent dans le trio de tête des emprunteurs les plus dynamiques du marché derrière le Congo, sont aussi les seuls à se situer sous la barre de 7%, en termes de rémunération des investisseurs sur ce marché sous-régional.

Lire aussi : Moh Sylvester : « Les titres publics du Cameroun sont plus rentables que les dépôts à terme »

Sur la base de ces chiffres, l’on peut remarquer que les pays les plus cotés sur le marché des titres de la Beac, c’est-à-dire ces Etats qui réussissent à lever d’importantes ressources financières sans forcément servir les taux d’intérêt les plus élevés aux investisseurs, disposent d’une économie diversifiée, et par conséquent de sources de revenus diverses. Ce qui leur donne d’importantes marges de manœuvres pour les remboursements. C’est le cas du Cameroun, auquel les chiffres officiels attribuent 40% du tissu industriel de la Cemac, ou encore du Gabon. Cet ancien émirat pétrolier est devenu, depuis 2009 et le décès du président Omar Bongo, un exemple enviable de lutte contre la dépendance au pétrole et de promotion de la diversification du tissu économique, grâce à sa zone économique spécialisée (ZES) de Nkok.

A contrario, à l’instar du Congo, du Tchad et de la Guinée équatoriale, les pays tirant essentiellement leurs recettes publiques de la manne pétrolière, et dont disposant de très peu de marges de manœuvre financière pour peu que la conjoncture internationale autour de l’or noir soit morose, sont contraints de polir leur profil emprunteur avec des taux d’intérêt plus élevés sur le marché. Cette théorie est extensible aux pays à fort potentiel d’instabilité socio-politique comme la RCA.

Lire aussi : Le Cameroun va tenter de lever 350 milliards en 2021 sur le marché des titres publics de la Beac

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page