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Financement de petits projets : la décision du ministre des finances d’interdire « certaines sociétés non agréées », ne fait pas l’unanimité

Des observateurs font remarquer que ces sociétés se développent en raison du manque d’un cadre de référence, pour les promoteurs de projets et les investisseurs potentiels. Dans le même temps, les solutions du gouvernement ne sont pas toujours à la hauteur des attentes.

La décision prise par le ministre camerounais des Finances Louis Paul Motaze, d’interdire à « certaines sociétés non agréées » de mener des opérations d’« appel public à l’épargne », ne fait pas l’unanimité, notamment pour certains noms d’entreprise qui y ont été cités. C’est le cas pour une des sociétés mentionnées dans la décision de l’administration. « Nous ne faisons pas de l’appel public à l’épargne et encore moins des placements sur des cryptomonnaies. Nous sommes des intermédiaires et des conseillers entre des personnes qui ont un projet, mais ne peuvent accéder à des financements, et celles qui ont des financements et cherchent des projets où investir. Nous ne promettons en aucun cas un rendement précis aux investisseurs, nous conseillons et améliorons la qualité des relations entre deux partis qui même sans notre intervention, auraient collaboré », a fait savoir un des responsables de cette structure citée par le site  www.investiraucameroun.com Pour le promoteur qui dirige cette société, il est surtout question de mettre en forme des relations entre des agents économiques qui de toutes les façons se rencontrent.

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Le gouvernement a en effet raison de se montrer réservé face à la montée de cette nouvelle forme d’intermédiation financière, car il n’en a pas le contrôle. Plusieurs situations analogues ont déjà conduit à des situations d’escroquerie. Des personnes ayant remis leurs épargnes à un investisseur à Douala, se sont retrouvées dépouillées et sans aucune voie de recours. Mais des actes frauduleux, il y a des entreprises qui offrent des services réels d’intermédiaires de tradings sur des produits financiers, ou d’investissements sur des projets et des entreprises concrètes. Pour ce qui est de l’investissement, il y a longtemps que la rencontre entre investisseurs et promoteurs sur des microprojets manquent de plateforme. Dans plusieurs pays africains anglo-saxons, il y a la possibilité de mobiliser des ressources financières, via ce qu’on appelle des Venture capital, à savoir des capitaux-risqueurs. Mais même avec un goût prononcé pour le risque, ces investisseurs ont besoin de personnes ou de structures qui les aident à analyse le contexte et le potentiel de l’entreprise ciblée. Pour ce type de service, il est difficile d’aller vers des banques commerciales classiques, ou des sociétés de gestions. Au Cameroun, ces institutions financières ne possèdent pas l’expertise et la ressource adéquate, pour intervenir dans des nano-projets.

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Ce vide a été perçu comme une opportunité pour de nombreux jeunes analystes financiers, qui pour certains ont même été formés dans la prestigieuse école de l’Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC), et ont mis en application ce qu’on leur y a appris. De même la décision du ministre semble comme un recul. Ce dernier alors qu’il visitait l’entreprise Kiro’o Games du jeune camerounais promoteur de start-up Olivier Madiba, avait marqué son admiration pour sa méthode de financement, à savoir le Crowdfunding. « Nous nous devons d’apprivoiser ce mode de financement, de le maitriser et de l’organiser à notre profit en vue d’en tirer le meilleur parti, afin d’en faire un atout véritable pour les acteurs du système économique national, notamment les PME. Il s’agira de multiplier les opportunités qu’offre le Crowdfunding dans l’optique d’une transformation substantielle de notre tissu économique national », avait même déclaré le ministre des finances lors d’une conférence de presse le 25 février 2020 dernier. Enfin, un volume important des activités sont financés par ce qu’on appelle des tontines, Elles sont au cœur du financement de plusieurs activités économiques dans le pays. Avec le temps, elles ont commencé à vouloir être mieux structurées, et éviter des risques de pertes.Dans le Crowdfunding ou les Tontine, il y a eu progressivement un besoin d’avoir des intermédiaires pour rassurer, conseiller, et même guider. « Nous comprenons bien le besoin de l’Etat de protéger les gens contre les risques, mais nous ne sommes ni la MILDA ni l’entreprise qui a escroqué des gens à Douala. Nous formalisons une activité d’intermédiation financière, qui avec ou sans nous se passera. Nous sommes ouverts à des discussions en matière de régulation, mais pas à des sanctions qui donnent l’impression que nous sommes tous malhonnêtes », a fait savoir Monsieur Amouo, toujours selon le magazine IC. Rappelons que des initiatives du gouvernement visant à soutenir des projets des petits porteurs de projets ont produit de maigres résultats. Des programmes comme le PAJER, le PIASI, et même la Banque des PME, peinent à montrer des activités de production viables qui ont été mises sur pied de leurs faits. Le processus de formation des jeunes camerounais marche si bien, que des milliers d’entre eux arrivent sur le marché de l’emploi, sans trouver des réponses favorables. Certains observateurs estiment que la décision du gouvernement sera de courte durée. Face aux risques, il a besoin de voir clair et de mieux organiser, pour éviter des surprises souvent désagréable.

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