Conjoncture

Transport clandestin: le gouvernement menace, les acteurs protestent

Le gouvernement annonce des mesures fortes pour éradiquer ce phénomène, mais les principaux acteurs estiment que, compte tenu de leur rôle, l’on devrait plutôt penser à encadrer l’activité.

Les activités de transport clandestin ont la peau dure. Les ministres de la Communication, des Transports et de l’Administration territoriale l’ont  encore confirmé lors d’une conférence de presse qui consistait à annoncer de nouvelles mesures contre le transport clandestin au Cameroun. Les autorités camerounaises s’inquiètent en effet de la persistance de ce phénomène. Dans le pays, les récentes observations indiquent que 40 à 60% des véhicules agissant dans le transport urbain et interurbain des personnes et des biens sont impliqués dans des activités clandestines.

Outre les inconvénients sociaux liés aux accidents dans lesquels ces véhicules sont très souvent impliqués (8 669 décès dans 22 314 accidents au cours des 8 dernières années), ces activités ont un impact non négligeable sur l’économie du pays. « La concurrence déloyale à laquelle nous sommes soumis plombent nos recettes. Cela peut empêcher certaines compagnies de transport légalement reconnues de développer leurs activités et de créer la richesse. De plus, moins nous avons de bons chiffres d’affaires, moins nous versons des montants conséquents au fisc », argue un responsable de l’agence Buca Voyages à Yaoundé.

Une vraie gangrène

Le transport clandestin est perçu comme une vraie gangrène. « Les acteurs du transport routier clandestin développent leurs activités complètement en marge de la légalisation sociale et fiscale, imposant une concurrence déloyale aux professionnels réguliers du secteur du transport routier », reconnait le gouvernement. Le cadre légal existe, mais il n’est pas respecté. Depuis des lustres, les pouvoirs publics lancent régulièrement des campagnes de sensibilisation ou des opérations de force pour obliger les transporteurs indélicats à se conformer, mais rien n’y fait.


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Le programme économique du FMI ralentit le BIP 2018 des acteurs du transport routier à se conformer aux règlements qui régissent le secteur d’ici décembre 2020. Les administrations en charge de la fiscalité sont aussi appelées à relever le niveau de présence sur les routes, tandis que celles en charge de la qualité des véhicules devront empêcher la circulation des véhicules ayant des défaillances techniques.
Réaction

Les acteurs du transport dit clandestin ne restent pas sans réagir. Surtout qu’ils accusent le Premier ministère d’empêcher de réglementer certains sous-segments comme celui des véhicules de moins de 10 places. « C’est bien beau de parler de lutte contre le transport clandestin, mais il faudrait que chacun à son niveau, joue véritablement son rôle », a déclaré Prosper Aimé Essomba. D’après le président du Syndicat national des chauffeurs de transports péri-urbain et rural du Cameroun (SYNCTRAPURCAM),  le gouvernement refuse de reconnaître, depuis 2015, ce secteur d’activité.

« Quand on parle de transport clandestin, le secteur le plus pointé est le périurbain et rural, pourtant nous ne sommes que partiellement accepté par le gouvernement. L’activité par cars de 11 à 30 places est reconnue, tandis que celle par véhicules de moins de 10 places fait encore problème », explique-t-il.

Pour l’heure, les transporteurs devront attendre la mise en œuvre de certaines actions annoncées, la modification de la loi sur les professions de transporteur routier et d’auxiliaire de transport routier, l’institution du port obligatoire d’un badge d’identification par tous les conducteurs de mototaxis et autres véhicules utilisés à des fins commerciales, la fixation des conditions et modalités d’exploitation des tricycles à titre onéreux, etc.

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