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Transport ferroviaire : le projet d’acquisition de 25 voitures bloqué par la guerre en Ukraine

Selon les récentes confessions du ministre des Transports, le partenaire technique et financier du Cameroun pour ce projet est confronté aux difficultés d’approvisionnement en fer.

Les répercussions de la guerre russo-ukrainienne sur le Cameroun ne sont plus à démontrer. Toutefois, après le bouleversement des chaînes d’approvisionnement du blé et des produits pétroliers, la guerre qui oppose la Russie et l’Ukraine menace instamment la finalisation d’un projet que le gouvernement a entamé depuis bientôt 4 ans. Il s’agit du projet d’acquisition de 25 voitures voyageurs et 5 modules autorails annoncé le 24 octobre 2019, lors de la 32ème session du comité interministériel chargé de la coordination et du suivi du programme d’infrastructures ferroviaires. Selon les récentes confessions du ministre des Transports (Mintransport), Ernest Massena Ngalle Bibehe, l’acheminement de ces véhicules vers le Cameroun devait se faire cette année, mais la conjoncture internationale marquée par le conflit évoqué supra, est venu chambouler toutes les prévisions.

A en croire le membre du gouvernement, l’entreprise franco-coréenne CIM-SSRT chargée de la construction des 25 wagons-voyageurs commandés par le Cameroun, fait aujourd’hui face à des difficultés d’approvisionnement en fer, produit qui constitue l’une des principales composantes entrant dans la fabrication de ces véhicules. Cette dernière qui s’approvisionnait en Ukraine, qui est l’un des principaux exportateurs mondiaux de fer et d’acier, est aujourd’hui contrainte de trouver d’autres moyens d’approvisionnement. Ce qui pourrait induire des coûts supplémentaires et même rallonger un peu plus les délais de livraison. «On aurait pu déjà avoir ces 25 véhicules, n’eut été cette crise ukrainienne qui a impacté le secteur. Il ne vous échappe pas que le fer, qui est une matière première, contribue en grande partie à la construction de ces voitures. Son indisponibilité est l’une des raisons qui a retardé l’acquisition de ces voitures». Une situation, qui fait dire au chef du département ministériel chargé des transports qu’il faut encore attendre 2 ans, voire 3 ans, pour que ces 25 voitures destinées au renforcement de l’offre en wagons-voyageurs de la Camrail, parviennent au Cameroun.

Toujours pour justifier les retards accusés dans le processus de mise à disposition de ces voitures, Ernest Massena Ngalle évoque la survenance d’un problème fiscal dont la nature n’a pas été révélée. Il assure tout de même que celui-ci a d’ores et déjà été réglé, et que seules les difficultés d’approvisionnement en fer constituent le véritable obstacle pour le moment. «Nous avions également un problème fiscal à régler. Mais depuis lors, des instructions ont été données pour régler ce problème-là. Mais au moment où nous attendions de recevoir ces véhicules, nous avons été frappés par cette crise-là [crise russo-ukrainienne]. Mais nous restons optimistes», a indiqué le Mintransport.

Le programme complémentaire adossé au principal dont l’économie a été faite plus haut, va également subir des modifications. Au lieu de l’acquisition de 5 modules autorails à livrer par le suisse Stadler, le gouvernement envisage désormais d’acheter de nouvelles voitures, ainsi que de nouvelles locomotives. «A côté de ces 25 voitures, nous avons également prévu 5 modules autorails. Mais il y a de très fortes chances que ces 5 modules soient plutôt transformés pour acheter de nouvelles locomotives et de nouvelles voitures», a révélé Ernest Massena Ngalle Bibehe.

En attendant, la réception de ces nouveaux équipements, Camrail, le transporteur ferroviaire, filiale de Bolloré, a investi 1 milliard FCFA en 2020 dans la rénovation de matériel roulant en prélude au lancement du train express. Une année auparavant, la même entreprise a investi 12,3 milliards pour l’acquisition de 5 locomotives auprès de General Electric. L’offre en voitures de voyage demeure cependant faible, tout comme les voies de chemin de fer. Pourtant en 2012, le gouvernement avait mis sur pied un plan directeur national dont l’objectif était de construire environ 6 000 kmde voies ferrées (selon les estimations du ministre des Transports, Ndlr) et de renforcer le nombre de wagons-voyageurs pour un coût total de 14 976.50 Milliards de Fcfa. 10 ans après, le projet est encore dans les tiroirs du gouvernement.

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