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Vincent Leroux : « Il n’y a aucun péril sur le barrage de Nachtigal »

Graves fissures verticales et horizontales sur les joints de plots et corps de structures, fuites et infiltrations d’eau sur lesdites failles, dégradations des bétons, fragilisation de la paroi par des fuites d’eau, etc., sont entre autres défaillances mises en lumière par l’Arsel dans un rapport sur le suivi de la construction du Barrage de Nachtigal. Des déclarations qui ont fait couler beaucoup d’encre et de salive dans la presse locale. Dans cette interview accordée à EcoMatin, le Directeur général de Nhpc apporte des réponses à cette polémique et fait un état des lieux de l’ouvrage à date.

A la suite de la mission de contrôle de l’Arsel menée le 11 août dernier, un rapport a été produit faisant état de « fissures et de dégradations précoces et accélérées sur le barrage Nachtigal ». Ce rapport précise d’ailleurs qu’il s’agit d’une situation préoccupante, or, dans une interview accordée à nos confrères, vous indiquez plutôt qu’il n’y a rien d’inquiétant, qu’en est-il exactement ?

Je réitère comme j’ai pu l’exprimer aussi bien dans le droit de réponse qui vous a été adressé le 22 novembre que comme je l’ai dit à vos confrères qu’il n’y a rien d’inquiétant. Il n’y a aucun péril sur le barrage et aucune inquiétude à se faire. Le 18 juillet 2023, Nhpc a procédé à la mise en eau du barrage ; une opération importante dans la construction de l’aménagement hydroélectrique de Nachtigal qui consistait à remplir pour la première fois le barrage pour créer la retenue d’eau qui alimentera l’usine de production. Ce remplissage a duré un mois, et s’est fait par palier afin de s’assurer de l’étanchéité et de la robustesse de l’ouvrage comme cela se fait sur tous les ouvrages de ce type partout dans le monde. Suite à cette opération, des infiltrations ont été identifiées au niveau du raccordement entre le seuil labyrinthe et le barrage principal et des travaux engagés pour y remédier avant la mise en service, sans aucun impact sur le calendrier du projet.

Y a t-il lieu de penser à un mauvais dosage de béton ?

Non, il ne s’agit en aucun cas d’un problème lié au dosage ou à la qualité du béton. Pour chaque lot de béton utilisé sur le chantier Nachtigal, des échantillons sont prélevés puis testés et contrôlés par un laboratoire agréé sur le chantier.

Doit-on craindre un report de la mise en service de la première turbine du barrage annoncée pour décembre 2023 ?

Le démarrage du groupe 1 est maintenu pour fin décembre 2023. Il s’en suivra le couplage du réseau et l’injection des premiers mégawatts, avec la réception définitive du groupe 1. En février 2024 avec la signature du certificat final de mise en service.

Pensez-vous que dans le cadre de ce dossier, l’Arsel est dans son rôle ?

Je pense que l’Arsel, bien qu’étant une partie prenante importante du projet Nachtigal n’était ni dans son rôle notamment dans cette phase du projet (au titre de la loi, elle intervient en phase d’exploitation) ni en possession de toutes les informations. En matière de contrôle, il est important de rappeler que Nachtigal fait l’objet d’un contrôle permanent, tant par des équipes d’ingénieurs et d’experts mobilisés par Nhpc sur le chantier que par des ingénieurs indépendants avec notamment :

Une Assistance à Maîtrise d’Ouvrage (Amoa), assurée par EDF, leader mondial du secteur de l’hydroélectricité, avec près de 60 salariés mobilisés au Cameroun et un appui du Centre d’ingénierie hydraulique en France. Un bureau de contrôle technique, assuré par Bureau Veritas, qui réalise des contrôles réguliers des ouvrages. Un ingénieur indépendant des 15 Prêteurs du Projet (Lenders Technical Advisor, du cabinet international Mott Mc Donald). L’Assistance technique de l’Etat — ministère de l’Eau et de l’Energie (financée par la Banque mondiale et composée d’experts internationaux). Le Dam Safety Review Panel — comité mis en place par la Banque Mondiale et qui met en œuvre les meilleurs standards internationaux.

Les ingénieurs indépendants de l’Etat et des Prêteurs du Projet ont réalisé des visites avant, pendant et après la mise en eau, constatant par eux-mêmes le plan d’actions mis en place et leur bon avancement.

La visite de l’Arsel en août 2023, hors de tout cadre réglementaire sur les sujets techniques, a émis un avis sans prendre connaissance des mesures mises en place et de la supervision très forte tant par l’AMOA-EDF que par les ingénieurs indépendants.

Suite à ce rapport, Nhpc a saisi en septembre 2023 le ministre de l’Eau et de l’Energie pour lui suggérer d’associer l’Arsel aux missions de l’Assistance Technique de l’Etat, dont les rapports n’expriment aucune inquiétude sévère. La dernière mission réalisée par cette dernière en octobre 2023 a pu apporter des éléments tout à fait rassurants à l’ensemble des partenaires du projet.

Quelle suite avez-vous réservé à la demande du régulateur ? Y a-t-il eu des actions prises pour rectifier ces anomalies ?

Un plan de remédiation a été mis en œuvre aussitôt que les premières infiltrations ont été constatées au mois de juillet lors des essais de mise en eau, et ce indépendamment du rapport de l’Arsel. A fin novembre 2023, les travaux prévus par ce plan sont bien avancés et doivent s’achever début 2024.

Il est important de rappeler que ces travaux complémentaires n’ont jamais remis en question, ni selon Nhpc ni selon l’ensemble des experts mobilisés sur site, la sûreté des ouvrages ni la qualité de réalisation qui s’appuie sur un design robuste mis en place par l’ingénierie d’EDF.

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