Lorsque la justice qui garantie le respect de la loi laisse les textes administratifs prendre le dessus en interdisant à tort et à travers ce que la loi autorise, cette justice est inféodée, manipulée. Elle fait du coup le lit du despotisme monarpchique
Ce sont là des comportements en démocratie. La démocratie est une école où on apprend tous les jours à donner et à recevoir. À respecter les opinions contraires aux siennes. À admettre les différences. A écouter et à respecter les avis contraires. Les chapelles politiques devraient être des officines où on forme en politique, où en dispense des enseignements sur des grands courants idéologiques, où la culture de la démocratie serait reine. Les lois, ici comme ailleurs, sont des textes qui permettent de gouverner de manière suprême, en tenant toujours compte du facteur humain. Lorsque la loi autorise de manifester dans une démocratie, aucun texte administratif ne devrait interdire ce que loi autorise. Lorsque la justice qui garantie le respect de la loi laisse les textes administratifs prendre le dessus en interdisant à tort et à travers ce que la loi autorise, cette justice est inféodée, manipulée. Elle fait du coup le lit du despotisme monarpchique. Le Cameroun glisse dangereusement vers cette mise à l’écart de la démocratie et de la justice.
Le président de la République a le devoir et l’obligation de protéger la loi et de promouvoir un État démocratique au Cameroun. En 1994, il avait déclaré à un confrère français qu’il voudrait que l’on retienne de lui qu’il fut l’homme qui aura apporté la démocratie à son peuple. Vingt cinq ans après cette déclaration, le Cameroun a fait un grand bond en arrière : nous sommes le pays où on interdit les marches de l’opposition, où la police tire sur des manifestants, où on emprisonne les opposants.
Nous sommes le pays où le discours tribal a refait surface sous le regard complaisant du pouvoir en place. Nous sommes le pays où le chef de l’Etat n’a pas de contact avec son peuple, et encore moins avec l’opposition. « Dans une République démocratique, la souveraineté appartient au peuple, qui en conséquence, se soumet aux règles édictées par des délégués… », disait encore Montesquieu, lorsqu’il décrivait ce qui distingue la démocratie du despotisme.
Le Mali, le Sénégal, le Bénin, pour ne citer que ces pays d’Afrique nous regardent et nous parlent. Il revient au président Paul Biya de faire sortir Maurice Kamto et ses camarades des prisons. Il ferait alors taire le discours grandissant du tribalisme. La galaxie de la démocratie planétaire applaudirait ces gestes qui resteraient gravés dans les livres de l’Histoire du Cameroun.