Visages de la semaine

Xavier Messe parle de la presse africaine à Poutine

Sur invitation de Vladimir Poutine, le journaliste camerounais, enseignant des Sciences de l’information et de la communication des universités, et consultant en communication, a participé au forum économique Russie-Afrique dans la ville balnéaire de Sotchi. Il en a profité pour prendre part à la conférence sur la coopération entre les médias africains et russes, laquelle a jeté les bases d’un nouveau modèle de collaboration. Son rôle dans ce processus pourrait être déterminant, au regard de son potentiel et de son expérience.

Ce n’est pas la première fois qu’il participe à une rencontre d’envergure mondiale, ou qu’il se retrouve parmi les décideurs de la planète. Mais, le contexte est assez particulier pour relever la présence de Xavier Messè à Tiati au tout premier Forum Russie-Afrique tenu les 23 et 24 octobre 2019 à Sotchi. En marge de cet événement, le journaliste camerounais a pris part à une conférence dont les échanges ont porté sur le rôle des médias dans les relations russo-africaines. Rencontre qui a permis de jeter les jalons d’un « nouveau modèle de coopération médiatique basé sur le respect mutuel, la coopération efficiente et la curiosité culturelle partagée ».

Le directeur de l’Agence presse de la République du Cameroun était aux côtés d’autres directeurs d’agence de presse aussi bien russes qu’africains. Pour l’ensemble de ces personnalités, il est désormais convenu que l’Afrique et la Russie doivent converger vers un modèle médiatique fondé sur les principes de « soutien utile et d’un professionnalisme fédérateur qui puisse faire progresser les sociétés, stimuler la croissance, consolider les libertés et se soucier de l’environnement et des défis écologiques de la planète ». In fine, il est question d’arrêter de voir le continent africain comme un objet médiatique, mais plutôt de le percevoir comme un sujet agissant. L’Afrique est souvent analysée, commentée, discutée et jugée par les autres, parfois d’une manière asymétrique et malveillante ; ce qui rend souvent inaudible et marginalisé son propre message.

Forte personnalité

C’est dans le sens de changer la donne que les Russes s’engagent donc auprès des pays africains. Et pour atteindre ces objectifs, ils auront besoin de grandes figures du monde médiatique du continent noir. Une catégorie dont fait partie Xavier Messè à Tiati. Au Cameroun comme en Afrique, la plume de ce journaliste émérite  porte depuis des décennies. Sa riche expérience dans le domaine pourrait lui permettre de jouer un rôle majeur dans le raffermissement des relations entre Russes et Africains sur le plan de la coopération médiatique. Doté d’un réseau de relations professionnelles approfondies à travers le monde, notamment dans le milieu de la presse, des affaires et du monde politique, Xavier Messè a rencontré de nombreuses personnalités, parmi lesquelles une vingtaine de chefs d’Etat qu’il a interviewés.

C’est sans nul doute ce qui a fait de lui cet homme qui, avec fermeté mais sans aménité, sait défendre ses idées. Un caractère essentiel lorsqu’on engage des relations importantes avec un des puissants du monde qu’est la Russie. Ceux qui le connaissent très peu ont encore pu le découvrir en février dernier, lorsqu’il a pris en partie la défense du ministre délégué auprès du ministre de la Justice. Xavier Messè, est un des rares journalistes camerounais à avoir pris la parole pour réagir à la sortie de l’ambassade d’Israël au Cameroun. Il indiquait alors en substance qu’Israël est l’Etat le plus raciste et le plus arrogant de la planète. Des propos courageux que peu de personnes peuvent tenir ouvertement sans quelque forme de représailles.

Liberté de ton

Cette liberté de ton, l’enseignant des Sciences de l’information et de la communication des universités l’affiche au maximum. Les chroniques, éditoriaux et autres débats radiodiffusés constituent un musée d’interventions où Xavier Messè a toujours donné son point de vue sans fioriture. Au sein de l’opinion publique camerounaise, il est considéré par certains comme un « centriste » ; ni à droite, ni à gauche. Fidèle à cette image, le journaliste sait dépeindre les mauvaises politiques mises en œuvre par les gouvernants. Mais cela ne fait pas de lui forcément un « ami » de l’opposition camerounaise, car il sait prendre des positions qui ne caressent pas celle-ci dans le sens du poil.

Nombreux challenges

Quoi qu’il en soit, le natif de Nyamsong, dans le département du Mbam et Inoubou (région du Centre), est ouvert et se rend disponible autant que son emploi du temps, souvent surchargé, le lui permet. Une disponibilité nécessaire dans ce qui s’apparente comme un changement de cap dans les rapports médiatiques entre l’Afrique et le reste du monde. A 66 ans bien sonnés – il est né le 1er janvier 1953 – Xavier Messè a, en tout cas, l’habitude des challenges. Les nombreux médias avec lesquels il a collaboré (Jeune Afrique, Rfi, Mutations, Vox Africa, Groupe l’Anecdote, pour ne citer que ceux-là) lui ont permis de connaitre une grande partie du globe terrestre, en l’occurrence toute l’Afrique centrale, de l’Ouest, et de l’Est, ainsi que les plus grands pays d’Europe, d’Amérique et Arabes.

Dans cette épopée, il a certes des regrets ; notamment après son passage au groupe l’Anecdote, qui s’est achevé par un procès dans lequel il a été finalement débouté. Cela ne l’a cependant pas empêché d’aller vers de nouveaux horizons, comme le projet personnel dans lequel il s’est lancé depuis plusieurs mois, avec la création de la chaine de télévision « Humanitarian TV (HTV) ». L’un des doyens du journalisme au Cameroun, semble avoir encore de la vigueur pour accompagner l’alliance médiatique russo-africaine commencée à Sotchi.

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