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Zone Cemac: Près de 3000 milliards dans des banques à l’étranger

Certains signes laissent penser que d’importants dépôts sont effectués à l’étranger par des résidents de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, selon le Fonds monétaire international

Le Fonds monétaire international (FMI) a publié le 24 mars, un rapport sur la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), constituée du Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad. Dans ledit rapport, le FMI révèle que, «Certains signes laissent penser que d’importants dépôts sont effectués à l’étranger par des résidents de la Cemac, ce qui n’est probablement pas tout à fait conforme à sa réglementation des changes. Celle-ci exige que les fonds détenus par des résidents de la Cemac dans des banques étrangères soient d’un montant limité et puissent être justifiés, par exemple par le financement d’importations anticipées ou le service de la dette à court terme».

D’après le FMI…il se peut qu’une partie de ces fonds déposés dans des banques étrangères soit en rapport avec le produit non enregistré d’exportations pétrolières

Citant des données fournies par la Banque des règlements internationaux (BRI), le FMI indique que, les fonds détenus par des résidents de la Cemac dans des banques étrangères sont d’environ 5 milliards de dollars U.S. (près de 2 897 milliards FCFA) à la fin de 2017, dépassant ainsi le montant notionnel autorisé. Si cette conclusion est avérée et compte tenu de l’importance du pétrole en tant que principale source de devises, ajoute le FMI, il se peut qu’une partie de ces fonds déposés dans des banques étrangères soit en rapport avec le produit non enregistré d’exportations pétrolières.

Dès lors, le FMI pense qu’il y a un problème avec l’application intégrale de la réglementation des changes. «Les progrès pourraient en particulier porter sur la responsabilité des banques en ce domaine, la nature des vérifications (le plus souvent a posteriori) des douanes et les sanctions en cas de non-conformité. Celles-ci devraient s’appliquer aux négociants en pétrole et peut-être s’étendre aux banques qui procèdent au règlement des transactions», suggère le FMI.

Le cas du Cameroun

Avant le FMI, c’est la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) qui a révélé, il y a peu, l’existence d’une étude intitulée « L’environnement institutionnel et les liens entre les flux de capitaux et la fuite des capitaux au Cameroun », parue dans la Revue africaine de développement en 2016.

Il en ressort que le Cameroun est 10ème dans le classement des pays d’Afrique subsaharienne en termes de fuite de capitaux

Il en ressort que le Cameroun est 10ème dans le classement des pays d’Afrique subsaharienne en termes de fuite de capitaux. Les fausses factures ou falsifications des transactions commerciales, qui représentent 83% du phénomène, seraient la principale cause. Les secteurs pétrole et bois sont les principales causes de la fuite des capitaux, avec des contributions estimées respectivement à 72% et 17% des fausses factures issues des exportations. L’étude démontre qu’entre 47% et 62% d’un franc CFA qui entre sous forme de dette extérieure est rapatrié sous forme de fuite de capitaux, et lorsqu’on introduit la rente pétrolière et plus généralement les ressources naturelles dans l’analyse, le phénomène devient deux fois plus sensible.

« Un tel phénomène devrait certainement être plus important ou sinon similaire pour les autres pays africains producteurs de pétrole et particulièrement ceux de la Cemac », apprend-on. A la lumière de ces résultats et en vue de réduire considérablement la fuite des capitaux, l’étude recommande qu’une conditionnalité adéquate puisse accompagner la dette extérieure, tout comme l’Aide publique au développement (APD). Cette conditionnalité favoriserait une gestion plus efficace des finances publiques et une meilleure gouvernance.

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