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Entrée en vigueur de la zone de libre-échange continentale ce 30 mai sans le Cameroun

Parmi les 49 premiers à le signer le 21 mars 2018 à Kigali, le pays n’a finalement pas ratifié cet accord qui sera mis en œuvre dès ce 30 mai, mais, ne donne aucune explication sur sa réticence.

Sous la pression de son secteur privé et du richissime homme d’affaires Aliko Dangote, en particulier, le Nigeria avait fait part de la suspension de sa participation à la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlec), qui entre en vigueur ce 30 mai. Mais, la position de la première économie du continent a évolué au cours des mois et, le 21 mai, son ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Investissement, Okechukwu Enelamah, a déclaré qu’un processus de décision est en cours, lequel va dans le sens de la ratification prochaine de l’accord établissant cette zone. La secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (Cea), l’économiste de nationalité camerounaise, Vera Songwe, a d’ailleurs regretté cette semaine le fait que les industriels nigérians cherchaient inutilement à protéger leurs investissements, non sans les prévenir que, « que ce soit dans la Zlec ou autre chose, il ne faut pas se leurrer, le Nigeria sera confronté à la concurrence. Et l’exemple de la Côte d’Ivoire devrait rassurer les sceptiques (…). Pour moi, la Côte d’Ivoire est l’antidote aux velléités protectionnistes », soutient-elle dans Jeune Afrique de cette semaine.


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Au Cameroun, le sujet est presqu’ignoré alors même que l’avant-projet de ratification de cet accord, qui était attendu au Parlement lors de la session de mars 2019, sommeillerait dans un tiroir à la présidence de la République. En visite dans le pays du 20 au 22 avril dernier, la secrétaire exécutive de la Cea a plaidé auprès des autorités pour que le Cameroun puisse jouer un rôle de premier plan dans la ratification de l’accord établissant la Zlec, compte tenu de sa position de locomotive économique de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). A la veille de l’échéance du 30 mai 2019 fixée par l’Union africaine pour son entrée en vigueur, le Cameroun qui avait été l’un des premiers pays à adhérer à ce projet, le 21 mars 2018 à Kigali (Rwanda), n’a pas donné les raisons de sa réticence.

Pib de 2500 milliards de dollars
Le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, qui aura le plus vanté l’avènement de cet accord, est étonnamment silencieux sur la question au moment de sa mise en œuvre sans le Cameroun. « Nous devons approvisionner les marchés africains dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale mise en place par l’Union africaine. Nous allons conquérir des nouveaux marchés régionaux, sous -régionaux, nous avons un bon sol et de bons produits », a-t-il répété depuis le 21 mars 2018. Sous-réserve des explications éventuelles du gouvernement, qui viendraient rassurer l’opinion quant au fait qu’il ne s’agit pas d’un oubli de sa part, il faudra peut-être attendre la session de juin prochain au Sénat et à l’Assemblée nationale pour voir enfin l’avant-projet de loi citée supra, arriver sur la table des sénateurs et des députés. Le temps de l’examiner et le voter éventuellement, le Cameroun prendra inéluctablement le train en marche.

Pour mémoire, la Zlec représente potentiellement un marché de 1,2 milliard de consommateurs, pour un Pib de 2500 milliards de dollars, soit environ 1 465 700 milliards Fcfa. Pour le moment, seuls 22 pays ont ratifié cet accord commercial qui prévoit un important abaissement des droits de douane et vise à doper, sur les 10 premières années, les échanges intra-africains de 15% à 25% du commerce total du continent. Selon la Cea, l’avantage qu’offre cet accord réside dans le fait qu’il permet aux pays de se spécialiser dans leurs domaines de compétitivité et d’exporter de manière rentable vers leurs voisins immédiats et même vers les pays plus éloignés.


>> Lire aussi – Commerce intra-africain: la stratégie du Cameroun pour tirer profit de la zone de libre échange


Le 07 juin à Niamey (Niger), il est attendu un Sommet des chefs d’Eta et de gouvernement de l’Union africaine, qui entérinera le lancement de la première phase opérationnelle de la Zlec. Le plus dur pour l’instant reste le démantèlement des barrières douanières et l’harmonisation des règles douanières. L’on devrait en savoir un peu plus au terme des négociations d’Addis-Abeba (Ethiopie), entamées depuis le 20 mai dernier, sur la nomenclature des produits à détaxer ou à exclure de la liste de ceux devant circuler en franchise de douanes.

18 des 22 pays ayant ratifié la Zlec
Le Kenya, le Ghana, le Rwanda, le Niger, le Tchad, le Swaziland, la Guinée, l’Ouganda, la Côte d’Ivoire, l’Afrique du Sud, le Mali, la Namibie, la RDC, la Mauritanie, Djibouti, le Togo et l’Égypte, la Gambie.

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