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Bancarisation : les conditions de l’émergence que le Cameroun peine à remplir

L’offre des services financiers reste encore peu abondante, peu diversifiée et peu adaptée au Cameroun. 5,25 millions de Camerounais n’arrivent toujours pas à épargner, financer leurs activités et se protéger contre les risques de la vie courante.

Les objectifs étaient pourtant clairs au départ, si l’on s’en tient à la Vision du développement à long terme du Cameroun (Vision 2035) adopté par le gouvernement en mai 2009 et en mise en vigueur depuis le 1er janvier 2010: pour mobiliser les financements et mettre le système financier au service du développement, le gouvernement s’était engagé à « (…) développer les banques de proximité et les Institutions financières spécialisées pour mobiliser plus efficacement l’épargne nationale ; créer un cadre adapté au financement du secteur rural ; créer un cadre adapté au financement des PME ; développer une stratégie appropriée pour mieux capitaliser les ressources de la diaspora ; contrôler et contenir l’appréciation de la monnaie ».

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Au terme de la première phase de la Vision 2035 formalisée à travers le Document pour la croissance et l’emploi (2010-2019), l’enquête sur l’offre et la demande des services financiers au Cameroun (Fins-cope Cameroun 2017) révèle que le compte n’y est pas. A fin 2017, 37% des personnes âgées de 15 et plus sont encore financièrement exclues des services financiers. Ces dernières représentent 5,25 millions d’adultes et n’utilisent aucun service ou produit financier en leur nom. Elles viennent surtout des milieux ruraux, principalement des femmes.

Les résultats de cette enquête montrent aussi qu’environ 63% de la population de 15 ans et plus ont accès aux services financiers ; 49% des adultes sont formellement servis notamment par les banques et par les institutions financières non bancaires ; 10% sont servis par les banques ; 48% utilisent les autres institutions financières non bancaires et 36% utilisent seulement des mécanismes informels pour gérer leurs finances.

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Vœux pieux

En 2015, le Cameroun a adhéré aux objectifs de développement durables (ODD) dont la cible 1.4 de l’objectif n°1, voudrait « d’ici à 2030, faire en sorte que tous les hommes et toutes les femmes (…) aient accès à des services financiers adéquats, y compris la microfinance ». La Stratégie Nationale de la Finance Inclusive (SNFI) adoptée en 2015 vise ainsi l’amélioration de la qualité et de la disponibilité de l’offre en vue de satisfaire durablement les besoins en services financiers des populations ; l’amélioration des performances sociales des établissements de microfinance (EMF) et de la protection des membres/clients, et l’amélioration de l’environnement législatif, réglementaire, institutionnel et fiscal du secteur de la microfinance.

Ces bonnes intentions ne sont pas toujours suivies des faits. Ainsi, les EMF de 1ère catégorie sont assujettis depuis 2015 à l’impôt sur les sociétés tandis que la loi des finances 2018 institue la TVA sur les crédits de plus de deux millions de FCFA octroyés par les EMF de 1ère catégorie à leurs membres.

Or, « en zone rurale, les populations défavorisées, qui ne disposent pas de garanties, se regroupent généralement en GIC, associations et coopératives de producteurs pour solliciter des crédits dont les montants sont le plus souvent supérieurs à deux millions de FCFA, mais rapportés au niveau des membres individuels dépassent rarement 100 000 FCFA », explique David Tamgnoue, ancien président de l’association des mutuelles communautaires de crédit (MC2).

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