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Conjoncture

Crise du carburant: service minimum dans les stations-services

D’interminables files d’attente sont enregistrés à longueur de journées dans les points de distribution, et certains marqueteurs ont adopté un resserrement du service au prorata, laissant ainsi libre cours aux pratiques de corruption. La pénurie perdure, et la Société camerounaise des dépôts pétroliers (SCDP) évoque des tensions de trésorerie chez certains marketers.

Publiée mercredi 20 juillet 2022 à 11:41:53Modifiée mercredi 20 juillet 2022 à 11:42:00Temps de lecture 5 minPar Yannick KENNE

Les marketeurs resserrent le service à la pompe, la crise perdure

Patrick Tenfodio est conducteur de camion dans la ville de Yaoundé. Ce samedi 16 juillet 2022, il a terminé sa journée de travail, mais avant de garer son véhicule, il doit faire le plein de son réservoir afin de pouvoir reprendre sereinement l’activité le lendemain, puisqu’il voyagera au milieu de la nuit pour Mbangassima dans la région du Centre, où il transporte le sable au quotidien pour la commercialisation. Il se rend à la station-service« Nickel Oil » à Nkolfoulou, à la périphérie de Yaoundé, dans le département de la Mefou et Afamba, pour s’approvisionner. Il se laisse dire par le pompiste que « c’est 10 000 FCFA chacun et pas plus ». Soit un-huitième seulement du budget que Patrick a prévu de dépenser pour remplir son réservoir. « Si tu veux qu’on ajoute, tu parles bien, à défaut, tu vas voir le gérant lui-même », ajoute le pompiste, qui exige outre-mesure des pots-de-vin pour accomplir le service demandé par le conducteur. Ce dernier est contraint d’aller vers le gérant de la station-service pour obtenir une augmentation de sa consommation à 30 000 FCFA. Chose faite. Mais, il doit parcourir encore des kilomètres pour faire le plein de son réservoir.

Lire aussi : Carburants: l’enveloppe des subventions devient insoutenable pour l’Etat, la pénurie s’installe

Patrick est informé par un collègue conducteur qu’il peut se procurer le précieux liquide dans une autre station-service… « Nickel Oil », située au Carrefour-Ottou par le quartier Eleveur, dans l’arrondissement de Yaoundé V. Là-bas, il est un privilégié, puisqu’il y consomme tous les soirs. Sur place, il est servi, au détriment d’autres automobilistes qui s’impatientent dans la queue. Enfin, il a pu s’approvisionner en Gasoil, une aubaine pour lui. Les motocyclistes quant à eux sont presque aux abois, et sont incessamment à la recherche du Super dont la pénurie est plus prononcée.

Lire aussi : Hausse annnoncée du prix des carburants : comment le gouvernement va soutenir les ménages

Tensions de trésorerie chez les marketers

A Yaoundé, les automobilistes, les motocyclistes, et d’autres usagers continuent de se bousculer dans les stations-services pour se procurer le précieux liquide. Nombre d’entre eux, victimes de panne sèche sont contraints de garer définitivement leurs véhicules. Les plus téméraires parcourent des dizaines de kilomètres à la recherche du carburant. Les stocks sont asséchés dans les plusieurs stations-services, mais à Tradex S.A, on croit pouvoir tenir encore pendant quelques jours. « Les stocks provisionnés tirent à leur fin, mais notre réseau peut encore relativement tenir la corde quelque temps », a appris EcoMatin d’un cadre chez le marketer camerounais. Au-delà de la conjoncture internationale ambiante, la Société camerounaise des dépôts pétroliers (Scdp) croit savoir que plusieurs marketers font face à des contraintes budgétaires et peinent à se procurer d’importants stocks pour tenir dans le contexte actuel. « La SCDP est en charge de la garde des produits pétroliers appartenant à des partenaires. Il arrive dans la situation actuelle, que certains marketers n’aient pas la possibilité de financer leurs achats de produits pétroliers, mais ont également des difficultés à lever des lettres de crédits qui permettent d’acheter les produits auprès des traders », a Véronique Moampea Mbio, directrice générale de la Scdp, dans un entretien accordé lundi dernier au poste national de la Crtv.

Lire aussi : Carburants : le FMI s’oppose aux subventions de l’Etat

En réponse à cette crise, le gouvernement a annoncé le lundi 11 juillet dernier que 62 500 mètres cube de produits pétroliers étaient arrivés au Cameroun, et que 123 000 mètres cube de Super et de Gasoil étaient également en cours d’acheminement vers les côtes camerounaises pour approvisionner le marché camerounais dans les prochains jours. Depuis quelque temps, l’hypothèse d’une hausse du prix du carburant à la pompe est évoquée, sous la pression du Fonds monétaire international (Fmi), qui a fait pression sur l’Etat afin qu’il cesse de subventionner les produits pétroliers. Dans un récent communiqué, le gouvernement a indiqué que ces subventions occasionnaient des manques à gagner à l’Etat, évaluées à  80 milliards pour le seul mois de juin 2022, et à 317 milliards de FCFA sur l’ensemble du premier trimestre 2022.

Lire aussi : Carburants: « c’est en moyenne 500 milliards qu’il faut prévoir pour que les camerounais continuent de payer le prix actuel » Louis Paul Motaze 

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