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Développement durable : 1 million d’ha de forêt à planter au Cameroun d’ici 2045

Adopté en 2020, le Programme national de développement des plantations forestières vise à inverser la perte du couvert forestier. Chaque année, le pays perd l’équivalent de trois fois la superficie de la ville de Yaoundé.

Planter 40 000 hectares de forêts chaque année pendant 25 ans. C’est l’objectif que le Cameroun se fixe sur la période 2020-2045. Le but de cette action est de d’inverser la perte du couvert forestier. Certes le pays compte 22 523 732 hectares de forêts, représentant 48% de la superficie nationale mais il n’est pas certain qu’il en sera toujours ainsi. En fait, le développement de l’agriculture, la coupe du bois de chauffe, l’élevage, l’exploitation minière, la collecte du bois-énergie et l’expansion urbaine se font essentiellement aux dépens de couvert forestier. Selon l’Atlas des pertes du couvert forestier présenté le 20 octobre 2021 à Yaoundé par l’Observatoire national sur les changements climatiques (Onacc), on note une accélération de la déforestation sur la période 2000-2017. De 0,3% par an entre 2000 et 2015, le phénomène est passé à 0,4% par an depuis lors. Concrètement, le pays a perdu 1,194 millions d’ha de forêt en 17 ans, soit l’équivalent de trois fois la superficie de Yaoundé chaque année.

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Heureusement que le gouvernement avait anticipé en adoptant en 2020 le Programme national de développement des plantations forestières (Pndpf). D’un coût global de 100 milliards de FCFA, ce programme vise à “faciliter la planification, la création et le développement des plantations forestières privées et communautaires”, indique-t-on au ministère des Forêts et de la faune (Minfof). Il va aussi servir pour harmoniser les interventions de toutes les parties prenantes, tout en contribuant à mettre en place un environnement institutionnel attractif pour les investisseurs privés.” Outre la gouvernance institutionnelle et la recherche-innovation, le programme s’articule autour de trois axes.

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D’abord les productions ligneuses, à développer sur 20 000 ha/an la mise en place des plantations de production du bois d’œuvre, de bois de services, de perches, de bois-énergie; les productions autres que le bois et le développement des chaînes de valeurs sylvicoles (10 000 ha/an) avec la production de produits industriels comme les résines (latex, etc.), alcool, le bambou/rotin, l’alimentation animale. Ensuite, il y a la protection et la fourniture des services éco-systémiques autres que l’approvisionnement à travers l’aménagement des berges/bassins versants/points de captage d’eau, défense et restauration des sols (3000 ha/an), le développement de la foresterie urbaine et périurbaine (2000 ha/an). Enfin, il y a la reconstitution des écosystèmes naturels et la conservation de la biodiversité (1 000 ha/an), la lutte contre la désertification et réhabilitation des terres dégradées (4 000 ha/an).

Nouvelle vision

Au Minfof, l’on explique que le Pndpf s’inscrit dans le cadre de la “sylviculture de 2ème génération (S2G)”. Elle jette les bases d’une nouvelle vision qui s’appuie sur la migration du “paradigme de reboisement” vers celui du “développement d’une sylviculture moderne”, basée sur “l’approche filière” et des « chaînes de valeurs sylvicoles”, pour contribuer à la relance de la croissance économique et à la création d’emplois, conformément aux orientations du gouvernement. La mise en œuvre du Pndpf contribuerait à l’atteinte par le Cameroun, d’une part, de l’objectif de réduction de 32% de ses émissions de gaz à effet de serre qu’il s’est fixé à la COP21, et d’autre part, de l’objectif de restauration d’ici 2030, d’une superficie estimée à 12 062 768 hectares de paysages dégradés et déboisés dans le cadre de l’Initiative de restauration des paysages forestiers africains (AFR100).

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La vision du Pndpf est donc de contribuer à l’horizon 2045, à l’augmentation du potentiel forestier national et au développement d’une économie des plantations forestières destinée à servir d’alternative durable à une économie forestière presque uniquement base sur les forêts naturelles. En outre, il s’agit pour l’Etat de rattraper le retard que le pays accuse dans l’offre du bois des forêts plantées car on estime déjà à plus de 35% les parts de marchés des bois et produits dérivés issus de plantations dans le monde.

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