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Filière cacao : hausse du prix du kilogramme, otage des spéculations boursières

Le coût du kilogramme de cacao a augmenté courant septembre, avec des marges allant jusqu’à 150 FCFA, en raison des facteurs inhérents au marché international et non maitrisés par les offices locales, encore moins par les producteurs. Un contraste dans un contexte marqué par le retour des pluies qui induit souvent une baisse du prix du kilogramme de la fève.

Au jeudi 23 septembre 2021, le prix d’achat du kilogramme de cacao se situe à un minimum de 1100 FCFA, selon les données de l’Office National du Cacao et du Café (Oncc). Au premier septembre, cette même quantité était achetée au prix minimum de 950 FCFA. Il va sans dire qu’en l’espace de trois semaines, le prix du kilogramme a été renchéri avec une marge haussière allant jusqu’à 150 FCFA. Ce nouveau renchérissement des prix de la fève dans les bassins de production, deux mois après le lancement de la campagne cacaoyère en cours, intervient en pleine saison des pluies, période généralement marquée par une réduction des prix consécutive aux difficultés d’accès dans les bassins de production. Une tendance qui donne matière à s’interroger sur ce contraste, qui laisse penser que la demande de fèves est de plus en plus élevée. Pas forcément.

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A l’Office National du Cacao et du Café, on croit savoir que ceci résulte davantage des facteurs exogènes que de la disponibilité des stocks. Une source interne à l’office indique que le Cameroun subit les tendances du marché boursier qui est essentiellement spéculatif, et les variations des prix au quotidien sont fonction de ces spéculations boursières. Aussi, notre analyste croit savoir que la nature est également un facteur déterminant dans les ajustements des prix, ce que corrobore Alexis Joseph Koundi, Président National de la Confédération Nationale des Producteurs de Cacao et de Café du Cameroun (Conaprocam) : « Nous constatons dans nos champs un retard dans le murissement des cabosses et la perte de beaucoup de cherelles aux mois de Juin et Juillet. Nous attribuons cela au changement climatique. On se retrouve à cette période en saison pluvieuse avec un niveau de récolte bas, du fait de ces facteurs, alors que la demande est très forte. Ce qui peut justifier cette hausse ».

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Depuis la dernière campagne cacaoyère, la nature semble avoir joué d’un contraste insoupçonné. Alors qu’on était en plein dans la pandémie de Coronavirus, marquée par de restrictions diverses et qu’on s’attendait à des conséquences sur la productivité, le Cameroun a plutôt enregistré une production en hausse au cours de la campagne 2020-2021. Le pays a produit 292.471 tonnes, soit une hausse de 35.319 tonnes par rapport à la précédente campagne, et 12% en valeur relative. Il s’agissait alors de sa meilleure production sur les six dernières campagnes.

Prix bord champ controversé

A l’Oncc, on spécule cependant sur une baisse probable du kilogramme de cacao en octobre, période qui sied avec la disponibilité des grands volumes de production, et le lancement de la campagne cacaoyère en Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao. Une baisse qui ne devrait pas convenir aux producteurs, qui militent tout le temps pour une revalorisation du prix du kilogramme. Déjà qu’ils ne perçoivent pas derrière le renchérissement survenu ces dernières semaines sur les prix de la fève une aubaine. « La supposée embellie ne se fait malheureusement pas ressentir par le producteur qui bénéficie du prix bord champ. Au vu de ce qui se passe dans la commercialisation, les prix qui nous sont proposés par le marché mondial sont des prix qui ne sont pas justes car ne couvrant pas nos charges de production et ne nous permettant pas de vivre décemment », déplore le président du Conaprocam.

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Et pourtant, du côté du gouvernement, on estime que les producteurs camerounais sont parmi les mieux lotis du continent, avec des prix bord champ rivalisant avec ceux des autres pays producteurs. « Les producteurs camerounais, à la faveur d’une organisation interne certes perfectible, mais performante, et grâce à une politique de prélèvement à l’export prévenante, ont continué de percevoir une rémunération bord champ largement supérieure aux prix en vigueur dans les autres pays producteurs », soutenait le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, lors du lancement de la campagne cacaoyère 2021-2022 au mois d’août dernier.

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