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Industrie brassicole : de la bière 100% camerounaise brassée à Ngaoundéré

Deux prototypes de bière fabriqués à base de mil et de manioc, d’une teneur en alcool de 4% sont sortis des laboratoires de l’Institut universitaire de technologie de Ngaoundéré, et sont désormais portés vers l’obtention d’un brevet, afin d’intégrer les circuits des industries brassicoles au niveau local.

Le « made in Cameroon » est en vedette depuis ce mardi 27 avril 2021, dans l’enceinte de l’immeuble abritant l’antenne de l’Université de Ngaoundéré à Yaoundé. Parmi la panoplie de produits locaux fièrement exposés par l’Institut Universitaire de technologie (UIT) de Ngaoundéré, dont l’université de la ville éponyme est la tutelle, figure deux boissons 100% camerounaises, produites à base d’ingrédients purement locaux. Il s’agit de la « Mimbong », une bière produite à base de manioc, et de la « Sembe », dérivée du mil, une céréale très prisée dans la partie septentrionale. Ces deux prototypes sont sortis des laboratoires des étudiants de l’Uit, et les travaux de recherche ayant conduit à leur fabrication ont été conduits par le Pr Steve Carly Desobgo. « Nous nous sommes dits, au lieu de nous retrouver chaque fois dans des zones où on fait le bili-bili (boisson artisanale produite à base de mil) et qui ne respecte pas des conditions requises, on s’est dit pourquoi ne pas utiliser ces céréales pour nous rapprocher des boissons conventionnelles », explique-t-il.

Il va sans dire que l’idée de fabrication de ces boissons locales est née du souci d’améliorer cette boisson artisanale très consommée dans la partie septentrionale, et de lui offrir un conditionnement plus ou moins proche de celui des boissons industrielles. Aussi, les équipes du Pr Desobgo espèrent contribuer dans une économie d’échelle à booster davantage la production locale du mil et du manioc, qui ne seront plus seulement utilisés comme des aliments de subsistance, mais aussi comme intrants servant à la fabrication de la « Mimbong » et de la « Sembe ».

Processus de production

Ces boissons « made in Cameroon » dispose d’une teneur en alcool de 4%, et sont composées de farine de manioc, d’eau, du « Kaïsedra », et du sucre pour ce qui est de la  « Mimbong », et de la farine de mil, d’eau, du sucre et du « Kaïsedra » pour la « Sembe ». En effet, le « Kaïsedra » est une racine/écorce dotée d’une amertume qui permet de remplacer le houblon, utilisé dans les bières conventionnelles pour pouvoir les rendre amer. Le processus de production d’une bouteille, de sa composition jusqu’à sa consommation, dure minimalement un mois. « Une bière globalement fait un mois, depuis sa production jusqu’à sa maturation. Après le brassage, on obtient ce qu’on appelle un moût, qui est un jus sucrée. Et ce moût subit une fermentation. On en a deux : une fermentation principale qui dure 7 à 10 jours, et la secondaire qui dure 14 jours, et qui aide à la maturation de la bière pour qu’elle soit consommable à la fin. Sinon, notre bière aura ce qu’on appelle le goût de levure », détaille le Pr Desobgo.

En quête de reconnaissance

Les ingénieurs agroalimentaires de l’Iut de Ngaoundéré ont déjà traversé l’étape du prototypage de ces boissons et font de la production à petite échelle aux fins de reconnaissance, comme ça été le cas à l’occasion des journées portes ouvertes de mardi et mercredi. Ils ont donc produit 72 bouteilles de 33cl à présenter aux instances et aux décideurs, parmi lesquels des membres du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam). Le Pr Desobgo et l’Université de Ngaoundéré travaillent désormais à obtenir un brevet pour légitimer leur produit, avant d’envisager éventuellement une production à grande échelle. « Nous ne pourrions parler de production à grande échelle, que quand nous aurions déjà breveté notre invention. Après ceci, l’université de Ngaoundéré et ma personne, on va trouver dans quelle mesure on pourra, soit céder des licences aux industriels nationaux, soit décider de vendre carrément le brevet », assure l’enseignant-chercheur.

Un appel est lancé en direction des pouvoirs publics, afin que ceux-ci offrent à ces artisans du « made in Cameroon » des facilités pour leur permettre de développer leurs œuvres et de mieux vendre le savoir-faire camerounais. « Nous appelons les instances étatiques à nous aider. Nous qui avons fait leurs écoles, nous qui avons leurs connaissances, leurs techniques, nous avons été capables d’appliquer leurs techniques afin d’avoir des produits qui sont plus les leurs. Nous souhaitons que l’Etat protège les producteurs locaux afin que les multinationales ne broient pas le génie que nous pouvons avoir. Si donc l’Etat est protectionniste à ce niveau, nous pourrons trouver des opérateurs économiques pour le reste », plaide le Pr Desobgo, qui a également produit avec ses équipes des liqueurs et des vins à base d’ingrédients locaux.

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