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La Cemac impuissante face aux entreprises minières

Malgré la mise en garde du Pr. Daniel Ona Ondoh, le Président de la Commission de la Cemac, ces dernières rechignent à rapatrier leurs recettes d’exportation des ressources naturelles dans les pays où elles mènent leurs activités. Mandatée par Idriss Déby Itno, le Président en exercice de la Cemac, une forte délégation de la sous-région s'est rendue ce 10 décembre 2010 à New-York, pour solliciter l'intervention de Christine Lagarde, la patronne du Fonds monétaire international. Avec pour objectif de faire plier ces puissants lobbies et obtenir une cessation de la violation des règlements communautaires.

Le Pr. Daniel Ona Ondo, le Président de la Commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Cemac) lançait déjà la sonnette d’alarme sur l’érosion régulière des réserves de change de la Cemac auprès de la Banque de France suite à l’expatriation des recettes d’exportation des ressources naturelles par certaines grandes entreprises de la zone Cemac: « le rapatriement des recettes d’exportation des ressources naturelles est une exigence communautaire. Elle est conforme  aux règlements que nous avons édictés, même s’il y a libre convertibilité au niveau de la zone franc. Le non-respect de cette exigence communautaire par des entreprises qui concluent des accords avec certains Etats pénalise la Communauté« , constatait le Pr. Daniel Ona Ondo le 22 juin 2018 à Douala à l’occasion d’une rencontre avec les patrons des grandes entreprises concernées par cette préoccupation communautaire. Rencontre où le président de la Commission de la Cemac rappelait à ces derniers, le cadre juridique de leurs activités, promettant d’ailleurs des sanctions en cas de non-respect de cette disposition légale.

Plus concrètement, pour reconstituer les réserves de change des pays sous régionaux, les patrons des compagnies exploitant les ressources naturelles ont été convoqués à la réunion de Douala, afin de les inviter à mobiliser leur contribution légale à cet effort communautaire. En rapatriant les recettes d’exportation des ressources naturelles dans les pays où ils opèrent. Selon un récent rapport du Fmi, les réserves de change de la  Cemac stockées dans le compte des opérations du Trésor français est passé de 6000 milliards de FCFA en 2010 à 2000 milliards de FCFA en 2016. Ainsi, d’après le dispositif juridique et règlementaire en vigueur dans les 6 Etats de la sous-région, le rapatriement des recettes d’exportation des ressources naturelles est « une obligation légale« . Seulement, assure Daniel Ona Ondo, « plusieurs entreprises, au mépris de cette disposition, ignorent leurs responsabilités et privent les Etats d’importants moyens financiers« . 6 mois après, ce rappel à l’ordre n’aurait certainement pas été favorablement reçu par les entreprises minières de la Cemac.


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Le Pr. Daniel Ona Ondo est cette fois-ci allé solliciter l’appui de Christine Lagarde, la Directrice générale du Fonds monétaire international (Fmi), précisément sur les questions relatives à la « fuite des capitaux » et à « la diminution des réserves de change dans la zone« . « Ces phénomènes conduisent à des spéculations accrues qui ne sont pas de nature à encourager une reprise plus rapide« , pense le Président de la Commission de la Cemac. Composée du Ministre de l’économie du Gabon, Président de l’Umac, Union monétaire d’Afrique centrale, Jean Marie Ogandaga, du Gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), Abbas Mahamat Tolli et du Secrétaire général de la Commission bancaire d’Afrique centrale (Cobac), la délégation de haut niveau va requérir de la Directrice générale du Fmi « un relai de ce plaidoyer auprès des grandes entreprises présentes dans la Cemac, afin que le rapatriement des recettes contribue à sa juste part à l’amélioration de la situation économique« .

Sortie de crise

La situation économique de la zone a également été abordée entre la délégation sous-régionale et la patronne du Fmi. Une situation marquée par la mise en œuvre des résolutions issues du sommet extraordinaire des Chefs d’Etats de la Cemac, décembre 2016,  des politiques d’ajustement et des mesures contenues dans le Programme de réformes économiques de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale, Pref-Cemac.

Pour la délégation de la Cemac, « la sortie de crise en Afrique Centrale est aujourd’hui envisageable grâce aux efforts des gouvernements, mais aussi par l’intervention du Fmi ». Souhaitant également que l’institution de Bretton Woods « continue de soutenir les économies de la Cemac jusqu’à la fin des programmes conclus » avec certains Etats de la sous-région.


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Toutefois,  les représentants de la Communauté ont rappelé que « les situations sécuritaire et sociale demeurent des problématiques importantes qui nécessitent une meilleure prise en compte dans les revues de programmes entre le Fmi et les Etats de la région« . Sachant que 2019 marquera la fin  des programmes conclus avec 4 des 6 pays: le Cameroun, le Gabon, la Centrafrique et le Tchad. La Guinée-équatoriale et le Congo étant encore en négociation.

Christine Lagarde n’apportera malheureusement aucune réponse sur le dossier portant sur le rapatriement des recettes d’exportation des ressources naturelles par les grandes entreprises de la zone Cemac. La Directrice Générale du Fmi a simplement « réaffirmé le soutien et l’appui de son institution à l’endroit des Etats de la Communauté dans la poursuite des politiques budgétaires et monétaires efficaces pour le développement ». Avant de rencontrer la Directrice générale du Fmi,  les membres de la Cemac ont eu des séances de travail avec les administrateurs du Fmi et le Directeur du Département Afrique du Fmi. Ainsi qu’avec l’équipe du Groupe de la Banque Mondiale.

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