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Conjoncture

Médicament : l’industrie camerounaise lorgne sur 150 milliards de Fcfa de possibilité de chiffre d’affaires

Les producteurs locaux, dont les parts du marché ne dépassent guère 2% depuis plusieurs années, relancent le plaidoyer auprès du gouvernement en vue de l’instauration de la règle des 30% qui leur permettrait de mettre la main sur près de 1/3 de la manne de 500 milliards Fcfa qui profite chaque année aux grandes firmes occidentales et indiennes.

Publiée dimanche 5 mai 2024 à 22:32:03Modifiée dimanche 5 mai 2024 à 22:32:06Temps de lecture 3 minPar Jean Omer Eyango

Le ministre de la Santé publique chez Tebimosa
Le ministre de la Santé publique chez Tebimosa

Le 04 avril dernier, le ministre de la Santé publique (Minsanté), Manaouda Malachie, a effectué des visites dans certaines unités de production de produits pharmaceutiques basées à Yaoundé. Il a été, notamment, chez Tebimosa Pharmaceuticals, développée par le pharmacien industriel Patrick Eloundou. Cette entreprise créée en 2017 dans le village Mfomakap, à la périphérie nord de Yaoundé dans l’arrondissement d’Obala, dispose d’une capacité installée de 2 millions de médicaments génériques de masse par jour, notamment des antipaludéens, antimycosiques, va se doter dans les prochains mois d’une unité de production de médicaments contre le cancer. Une étape de plus dans le développement de capacités locales qu’elle entend franchir, après s’être, ces dernières années, limitée au conditionnement secondaire de ce type de produits importés en flacons de l’étranger et ensuite distribués dans les hôpitaux nationaux. Dans sa première phase, cette usine a absorbé environ 1,7 milliard Fcfa d’investissement. Son promoteur annonce que les autres phases, qui comprennent l’installation en cours de la composante production des médicaments contre les cancers, vont nécessiter un investissement d’environ 6,5 milliards Fcfa.

Tebimosa Pharmaceuticals qui exporte déjà vers le Congo et la République centrafricaine, a l’ambition de démultiplier sa production d'ici à 2027 afin de commercialiser ses produits dans l’ensemble des 6 pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) et créer en moyenne 500 emplois. A la Société industrielle des produits pharmaceutiques (SIPP), située dans la zone industrielle de Mvan, où le Minsanté est également passé ce jour-là, il a trouvé une entreprise fonctionnelle, équipée d'appareils semi-automatiques avec une capacité de production de 5 millions de poches de solutés, c’est-à-dire, les préparations injectables pour perfusions, par an. La SIPP qui est le leader en la matière au Cameroun depuis plus de 30 ans, a en effet été reprise en 2008 par Célestin Tawamba, qui a entrepris de renouveler son outil de production et de mettre l’entreprise aux normes, pour un investissement de près de 3 milliards de Fcfa. Ces investissements lui ont permis de doper ses capacités à 12 millions de poches de solutés désormais.

Ordre des pharmaciens

Pour resituer la visite de Manaouda Malachie dans son contexte, il faut dire que les industriels locaux ont relancé le plaidoyer auprès du gouvernement, afin que celui-ci prenne des textes qui instaurent la règle des 30% qui permettrait aux locaux d’accéder véritablement au marché et se donner des chances de capter 150 milliards Fcfa de possibilité de chiffre d’affaires sur ce marché de 500 milliards Fcfa qui profite encore à 98% aux grandes firmes occidentales et indiennes par le billet des importations. L’industrie pharmaceutique camerounaise qui s’est davantage structurée au cours des dernières années avec aujourd’hui une quinzaine d’unités, ne contrôle encore que 2% des parts de ce marché extrêmement juteux. L’Ordre national des pharmaciens du Cameroun, dont le président, Franck Nana, a accompagné Manaouda Malachie à toutes les étapes de sa descente visant à jauger les capacités locales, semble ouvert à l’idée d’une telle réforme qui contraindrait les pharmacies, très souvent accusées de jeu trouble consistant à présenter essentiellement les produits importés, de se plier à l’obligation de substituer à 30% les produits étrangers à ceux locaux.

Le ministre de la Santé publique, pour sa part, se dit ouvertement favorable à l'agrandissement de la taille du marché des locaux, d’autant que cela favoriserait la baisse des coûts des médicaments. Mais, d’après lui, les choses devraient aller graduellement afin de garantir la sécurité du patient. Il faut dire que beaucoup de pays africains sont déjà engagés sur cette voie, dont le Gabon voisin, qui, depuis le 22 novembre 2022, a pris une décision portant réduction des importations des produits pharmaceutiques de 30%.

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