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Perturbations d’Internet : plus d’un demi-milliard de Fcfa de pertes estimées par jour pour l’économie, 12,7 millions de Camerounais affectés

Services bancaires, e-commerce, transfert et retrait d’argent, services de transports, services publics digitalisés… La dégradation de la fourniture d’internet, observée depuis jeudi, affecte tous les pans de l’économie.

Publiée samedi 16 mars 2024 à 15:22:59Modifiée vendredi 3 mai 2024 à 12:15:40Temps de lecture 4 minPar EcoMatin

Le Cameroun est confronté depuis le 14 mars, à une dégradation considérable de la connexion internet. Selon l’Agence de Régulation des Télécommunications (ART), cette situation est causée par « la rupture de la connectivité sur certains câbles sous-marins à fibres optiques de télécommunications (SAT 3, WACS et Main One) assurant l’accès de notre pays aux autoroutes mondiales de l’information ». Avec un impact considérable sur l’économie. D’après les avis d’experts en économie numérique, les pertes pour l’économie camerounaise pourraient dépasser les 500 millions de Fcfa au quotidien, alors qu’au Sénégal par exemple, les syndicats du secteur des postes et télécoms évaluent la facture journalière à près d’un milliard de Fcfa, comme ce fut le cas le 05 février dernier.

12,7 millions d’utilisateurs affectés

En 2017, au plus fort de la crise anglophone, des organisations Internationales (Crisis Group, Internet Sans Frontières et Access Now) avaient estimé à près de 45 millions de Fcfa, le coût des pertes liées à la coupure d'Internet dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun par jour. « Or, si l'on va sur la base de la moyenne de ces données pour les autres régions du pays, considérant les dix régions et le nombre sans cesse croissant des utilisateurs d’Internet au Cameroun (de 6,13 millions d'utilisateurs d’Internet en 2018 à 12,7 millions en 2024, selon Datareportal), on peut dire que pour une seule journée de coupure de l'Internet au Cameroun, l'impact socioéconomique peut être estimé à environ 500 millions de Fcfa », explique Beaugas Orain Djoyum, CEO du cabinet ICT Media Stratégies, spécialisé dans la veille stratégique, l'e-réputation et la régie publicitaire web.

Les transferts et retraits d’argent au ralenti

En effet, les perturbations observées sur la fourniture d’internet affectent tous les pans de l’économie. Des multinationales qui utilisent les réseaux sociaux pour promouvoir leurs produits, jusqu’aux petites entreprises locales en passant par les startups et le secteur public, les services financiers sont les plus affectés. « Tous les produits digitaux ne fonctionnent pas, se plaint sous cap, un cadre d’une banque locale. Les portefeuilles électroniques ne sont pas accessibles ; les clients ne peuvent pas faire d’opération. Pour le moment, on ne peut pas chiffrer le manque à gagner, parce qu’il faut attendre le bilan qui doit être fait à la fin du mois mais globalement, les pertes devraient se chiffrer en millions de Fcfa ».

Les conséquences sont importantes pour les banques, mais également pour les établissements de microfinance (EMF) spécialisés dans les transferts et retraits d’argent. Françoise, caissière dans un EMF situé à Yaoundé n’a pas réussi une seule opération vendredi. « Sans connexion, il est impossible d’avoir accès à notre plateforme d’opérations. Notre agence n’a donc opéré aucun franc de la journée. De même, la taxe de 0,2% que nous prélevons sur chaque retrait d’argent et que nous reversons ensuite à l’Etat a été impactée par la situation ».

Des pertes pour le fisc

Les particuliers ne sont pas épargnés par la situation. « Sans Internet, poursuit Beaugas Orain Djoyum, nous sommes sans ressources. Sans Internet, pas de travail. Donc, pas d'argent. En clair, des PME comme la nôtre vont fermer boutique ou réorienter complètement ses activités si la situation perdure. Depuis jeudi par exemple, il nous est impossible de proposer à nos clients et aux organisateurs d'événements nos services de live streaming professionnel sur Facebook, X et YouTube. Cela fait moins d'argent non seulement pour notre cabinet, mais également pour nos clients, et aussi et surtout pour le fisc camerounais, car nous payons les impôts ».

Molly, jeune vendeuse de vêtements et de mèches en ligne voit aussi son activité impactée par les perturbations de la fourniture d’internet. En deux jours, elle n’a rien vendu : « Je fais la promotion de mes produits à travers des vidéos que je publie sur les réseaux sociaux. La rupture de la connexion internet ne me permet pas de télécharger les vidéos et les publier. Du coup, je suis passée de deux ou trois commandes par jour à aucune vente ». Le secteur privé serait le plus impacté par le coût économique de cette crise qui n’épargne pas aussi l’Etat qui voie ses administrations ralenties et certains services publics digitalisés affectés. Notons qu’au moment où nous mettions sous presse vendredi, la situation n’était toujours pas revenue à la normale.

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