Chargement des breaking news...
Politiques Publiques

Cameroun : l’option de la digitalisation pour multiplier par 4 les revenus de l’agriculture locale

Si le pays remporte le pari de braver toutes les limites à la mise en œuvre du projet de digitalisation, celui-ci pourrait changer la donne dans la transformation de l’agriculture à petite échelle.

Publiée lundi 29 avril 2024 à 18:57:00Modifiée lundi 6 mai 2024 à 01:06:46Temps de lecture 5 minPar Vicky BAGAL

La digitalisation de l’agriculture pourrait multiplier par 4 les revenues de celle-ci
La digitalisation de l’agriculture pourrait multiplier par 4 les revenues de celle-ci

Le 17 avril dernier, la Chambre de l’agriculture, des pêches et des forêts du Cameroun (Capef) a signé un partenariat avec la Confédération africaine des acteurs agropastoraux (C-3A) et la société française Amaya en vue de l’accompagnement de 500 000 acteurs agricoles par la digitalisation. Ce contrat d’une durée de 5 ans devra permettre la mise en place d’un écosystème durable et compétitif de production, de transformation et la digitalisation dans le secteur agricole par la gestion intégrale des exploitations, la centralisation des données, le suivi des activités, la gestion simplifiée des cultures pour une prise de décision éclairée entre autres.

Lire aussi : Cameroun : l’agriculture est le plus gros pourvoyeur d’emplois en 2022 (rapport)

Ainsi, les technologies digitales (drones, capteurs de terrain, big data ou machine learning) pourraient provoquer « une nouvelle révolution agricole » au Cameroun, où 80 % de la nourriture est produite par de petits producteurs comme le souligne le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA). « L’innovation qu’il y a avec cette application c’est qu’elle a la possibilité d’opérer sans internet. L’utilisateur pourra faire une mise à jour au moment de se connecter à internet. Il y a aussi la possibilité d’envoyer les SMS d’information à nos agriculteurs, peu importe l’endroit où ils se trouvent. Avec plusieurs secteurs, nous sommes en train de mettre sur pied un écosystème au bénéfice des acteurs au Cameroun. Autour de cet écosystème justement il y a des partenaires financiers, les partenaires des assurances » a déclaré Armand Doudjo, président du conseil exécutif de C-3A.

Lire aussi : OMC : l’Afrique veut un accord sur l’agriculture au plus tard en février 2024

Approché par EcoMatin, Bongogne Nanga, agronome spécialiste des oléagineux, indique que les solutions digitales pourraient accentuer la capacité de production et de vente des agriculteurs camerounais à travers la traçabilité renforcée des produits mais également l’interconnexion entre les producteurs et les consommateurs. « D’une manière générale, la digitalisation de l'agriculture aide le secteur agro-industriel et les gouvernements à avoir une meilleure vision de leurs objectifs, ce qui leur permet de mieux adapter leurs produits, services, politiques au service du développement de l’agriculture. Ça marche ailleurs, ça marchera également ici ». En effet, la plateforme blockchain utilisée par Walmart aux Etats-Unis indique que la traçabilité des données améliorée par la digitalisation réduit de 7 jours à 2,2 secondes le temps nécessaire pour retracer le trajet d’une mangue, de l’arbre au marché, voire au supermarché. Selon l’agronome, la digitalisation pourrait avoir une forte incidence sur la transformation de l’agriculture, l’amélioration de la productivité et l’accroissement des revenus. « Le gouvernement devrait sérieusement s’intéresser aux bénéfices qu’il pourrait tirer de la digitalisation dans le cadre de sa stratégie de transformation de l’agriculture. La digitalisation est l’option idoine pour multiplier au minimum par 4 les revenus à chaque niveau de l’échelle », indique-t-il.

Lire aussi : Agriculture : la société marocaine OCP lance le projet « pool mécanisation » pour booster la production agricole au septentrion

Des acteurs pessimistes

Toutefois, le projet de digitalisation de l’agriculture est proposé dans un contexte qui présente plus de limites que d’ouvertures parmi lesquelles le manque de financement, d’infrastructure de connectivité et l’accessibilité aux technologies numériques. De fait, les acteurs du secteur de l’agriculture sont pour la plupart pessimistes sur l’effectivité de ce projet. Yane Boloh, expert agroéconomiste agréé par le CTA également contacté par EcoMatin, relève que « l’opportunité est certes idoine, mais il faut être moins naïf sur les défis à relever et le travail considérable requis par les entreprises d’agribusiness, les gouvernements et les investisseurs afin de maximiser les impacts transformateurs de l’agriculture digitale dans les années à venir ». De plus, dans son analyse, l’agroéconomiste indique que « sur la base du contexte actuel, le nombre d’utilisateurs actifs sera relativement faible. Si on tient compte du fait que les jeunes sont moins représentés dans le secteur, on peut estimer que seulement 10 à 20 % des 500 000 acteurs seront très actifs sur un service numérique ou similaire ».

Lire aussi : Agriculture : après le cacao, le Cameroun veut labéliser son café

Articles similaires

Actuellement en kiosque

Les plus lus

1
2
3
4

Nos réseaux

Magazine
computer

Le meilleur de l’actualité économique africaine en un clic

Enquêtes, informations exclusives, analyses, interviews, reportages... Chaque jour, la rédaction d'EcoMatin met son expertise au service des lecteurs.

Informations fiables, newsletters exclusives : Abonnez-vous pour avoir un accès illimité à l'ensemble de notre offre éditoriale.

Abonnez-vous pour €99.9 par an

Nos offres vous proposent un accès illimité à tous nos articles, y compris les contenus exclusifs et premium.

S'abonner