L’Etat du Cameroun accorde une subvention de 250 millions à l’Office Céréalier pour lutter contre la famine
Publiée mercredi 18 mai 2022 à 16:25:43Modifiée mardi 24 mai 2022 à 10:25:49Temps de lecture 4 minPar Yannick KENNE
Au septentrion, les ménages se préparent à vivre des moments très difficiles marqués par le retour de la famine alors qu’on est en plein dans la soudure, cette période de pré-récolte souvent caractérisée par la rareté des denrées, notamment des céréales, qui rentrent à 70% dans les habitudes alimentaires des populations des régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord. Conscient de cette dure réalité, le gouvernement a créé en 1975 l’Office Céréalier, une centrale d’achat des céréales dont le but est d’acquérir des stocks de céréales en quantité, et de les ressortir pour l’approvisionnement des marchés en temps opportun, pour juguler non seulement l’inflation mais surtout lutter contre la famine. Et pour remplir cette mission, cette structure doit disposer de ressources financières nécessaires émanant de l’Etat mais aussi des bailleurs de fonds, étant donné qu’elle n’a pas vocation à créer de la richesse.
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Pour le compte de l’exercice 2022, l’office n’a reçu de l’Etat qu’une modique subvention de 250 millions de FCFA, a appris EcoMatin de la direction générale de cette structure. En effet, « le ministère de l’Agriculture et du développement rural qui est notre tutelle technique m’a écrit hier (lundi 9 mai 2022), pour m’informer qu’une enveloppe de 250 millions de FCFA nous a été accordée comme subvention de l’Etat pour le compte de l’année 2022. Cette enveloppe déjà très insuffisante sera soumise à des procédures pour le déblocage, alors que la famine se profile à l’horizon », déplore le directeur général de l’Office, Mohamadou Gassimou. Ce financement est très en deçà des fonds reçus l’année dernière par la centrale d’achat des céréales, soit un peu plus de 450 millions de FCFA, repartis en fonds d’aide Covid-19 à la résilience des entreprises d’une valeur de 300 millions, et plus de 150 millions alloués par l’Etat au titre du budget d’investissement de la structure.
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L’Office Céréalier est confronté à d’énormes défis structurels, mais ne dispose malheureusement pas du même confort financier que d’autres sociétés de souveraineté. Il ne jouit pas d’une autonomie financière pouvant lui permettre de planifier ses activités. Pour engager des investissements par exemple, il doit s’en remettre à sa tutelle technique qui est le Minader, et pour s’approvisionner en denrées, au Minfi, qui est sa tutelle administrative. Aussi, le nouveau Dg dans son esprit d’initiatives a entrepris d’initier des dossiers d’aide de financements auprès de quelques bailleurs de fonds étrangers, notamment la Banque islamique de développement (BID) et le Fonds européen de développement (FED), à l’effet d’obtenir des fonds nécessaires pour l’approvisionnement de l’office. Mais à ce jour, il n’a pas encore eu des retours positifs.
1600 stocks de maïs
Un peu plus de 2 millions de personnes sont sous la menace de l’insécurité alimentaire dans les régions septentrionales selon les chiffres officiels. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’Office Céréalier n’est pas mieux paré pour faire face à ce challenge. En plus de la modicité du budget, qui n’est d’ailleurs pas encore disponible, les magasins de l’office sont presque vides. On n’y retrouve que 1600 tonnes de maïs qui constituent l’ensemble de ses stocks disponibles, soit seulement 3,2% de ses capacités de stockage qui s’élèvent à 48 800 tonnes de céréales. « La gestion de ce stock sera également très difficile. Ce maïs se trouve dans nos centres de Ngaoundéré et de Garoua. Si la famine se déclare à l’Extrême-Nord, il faudra transférer l’ensemble des stocks là-bas. Ceci implique des frais supplémentaires liés à la manutention et au transport », indique le Dg de l’Office.
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