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Coopération : Les raisons de la tournée du DGA du FMI en Cemac

Après le Tchad, le N°2 du FMI séjourne au Cameroun pour une visite de travail de 36 heures. Des séances de travail avec les ministres de l’Economie et des Finances, le gouverneur de la Banque centrale et le président de la Commission de la Cemac à l’ordre du jour. La mise en œuvre des programmes économiques et financiers, la maîtrise de l’endettement et le sort du projet de cryptomonnaie de la RCA parmi les dossiers en vue.

Le directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), Kenji Okamura, est au Cameroun. Au cours de cette visite de travail de 36 heures, des rencontres avec les plus hautes autorités camerounaises, notamment les ministres des Finances et de l’Economie sur l’état de la coopération entre le FMI et le Cameroun. Le dirigeant du FMI s’entretiendra aussi avec les responsables communautaires : le gouverneur de la BEAC sur la coopération monétaire et le président de la Cemac sur l’état de l’intégration régionale.

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Hasard de calendrier ou agenda synchronisé, toujours est-il que Kenji Okamura, arrive au Cameroun alors qu’un sommet de la Conférence des chefs d’Etat de la Cemac est annoncé le 17 mars 2023 à Yaoundé. Il semble peu probable qu’il ne prenne pas part aux travaux. Du reste, les dirigeants du FMI ont régulièrement été conviés aux dernières sessions : Kristalina Giorgieva, alors DG du FMI, lors de la session extraordinaire du sommet de la Cemac, le 18 août 2021 et Christine Lagarde (DG), lors du sommet du 23 décembre 2016. Dans cette perspective, on peut donc entrevoir quels pourraient être les centre d’intérêt de Kenji Okamura aux plans national et sous régional.

Au Cameroun, le ministre des Finances Louis Paul Motaze précise que les échanges avec les autorités nationales visent à « explorer de nouvelles perspectives de dialogue dans l’optique du financement des projets prioritaires inscrits dans notre stratégie nationale de développement, la SND30 ». En effet, les besoins globaux de financement de la SND30 sont estimés par à 88 000 milliards de FCFA sur la période 2023-2030 dont 9670 milliards pour les 68 projets du Plan d’investissements prioritaires 2023-2025.

D’une manière générale, l’intérêt du DGA du FMI devrait rester centré sur les Programmes économiques et financiers conclus avec les différents Etats. Les efforts consentis ici et là été érodés par la survenance en 2020 de la pandémie de la Covid-19. Ce qui a amené le sommet extraordinaire de la Cemac du 18 août 2021 à encourager « les États membres concernés à finaliser et à conclure  des programmes avec le FMI ». A cette date, seuls le Cameroun et le Gabon avaient déjà conclu un programme dit de seconde génération avec le l’institution de Bretton Woods. Entre-temps, les autres pays ont rejoint les rangs même si l’exécution des dits programmes semble chaotique. Pour les programmes de première phase (2017-2019), le Congo et la Guinée équatoriale avaient déjà trainé le pas en signant leur accord avec le FMI en juillet et de décembre 2019.

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Prêts adossés à des ressources

Avant d’atterrir au Cameroun, Kenji Okamura s’est arrêté au Tchad le 13 mars 2023. Dans sa Déclaration finale, le DGA/FMI félicite les autorités [tchadiennes] qui sont « parvenues à un de traitement de la dette avec leurs créanciers officiels et privés à la fin de l’an dernier. La mise en œuvre de cet accord, qui a permis d’achever en décembre 2022 les première et deuxième revues de l’accord avec le FMI au titre de la facilité élargie de crédit, est une composante essentielle des efforts des autorités pour garantir la viabilité de la dette et la stabilité financière.»

En guise de créanciers privés, le FMI met à l’indexe la multinationale anglo- suisse Glencore à qui le Tchad a emprunté en 2014 plus d’un milliards de dollars, payable en barils de pétrole, pour racheter les parts de Chevron dans le consortium pétrolier. Mais peu de temps après, les cours mondiaux ont drastiquement chuté. Le géant du négoce a déjà consenti, après de dures négociations, deux rééchelonnements de sa dette en 2015 et en 2018 mais elle asphyxie toujours l’Etat tchadien. Car, 85% des revenus pétroliers étaient consacrés au service de la dette de Glencore avant l’accord avec les créanciers.

Outre le Tchad, le Congo est l’autre pays de Cemac qui s’est aussi pris dans le piège des prêts en espérant rembourser sur l’argent gagné en vendant les ressources naturelles. Heureusement, « les politiques menées dans le cadre de ce programme appuyé par la Facilité élargie de crédit continueront de contribuer à réduire les fragilités du pays et à placer la République du Congo sur la voie d’une croissance plus forte, plus résiliente et plus inclusive », lit-on dans un communiqué publié le 9 février 2023 par le FMI.

L’institution de Bretton Woods prévient que la bonne mise en œuvre du programme durant la période à venir reste cruciale pour assurer la résilience économique et soutenir les objectifs sociaux et de développement du pays.

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Haro sur la cryptomonnaie

Autre pays suivi de près par le FMI, c’est la République Centrafricaine (RCA). Le pays a signé en décembre 2019 un nouveau programme. Cependant, l’accompagnement du Fonds a été transformé en un programme de référence sans financements qui a été approuvé en décembre 2021. A l’issue d’une mission du FMI en juillet 2022, le programme de référence a été prolongé de  trois mois jusqu’à fin septembre afin d’accorder aux autorités centrafricaines plus de temps, notamment, pour harmoniser la loi centrafricaine sur les cryptoactifs (adoptée le 22 avril 2022) avec les engagements régionaux au niveau de la zone Cemac. Le séjour Camerounais permettra certainement à Kenji Okamura de faire le point avec les autorités centrafricaines sur cette question et bien d’autres. Car, le Baromètre économique trimestriel de la Cemac, une publication de la Banque mondiale, dans son Volume 2, paru en février 2022 a rapporté que « Les bailleurs de fonds ont suspendu ou reporté à 2022 le versement de leur aide budgétaire en raison de la situation géopolitique tendue.»

Pour la Banque mondiale, « les tensions géopolitiques et le manque de transparence budgétaire sur les dépenses liés à la sécurité ont compromis le soutien budgétaire des bailleurs de fonds (…) ce qui pourrait conduire à l’accumulation d’arriérés et à des emprunts coûteux sur le marché intérieur, avec un risque de compromettre la viabilité de la dette ; une utilisation inefficace de la dotation de DTS pour prévenir les crises futures et renforcer la résilience (…).»

A la place de la cryptomonnaie qu’il rejette, le FMI semble plutôt favorable à l’adoption d’une monnaie numérique banque centrale dans la sous-région.

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