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Un excédent de 254 milliards de Fcfa sur les réserves de change de la Beac en 1 mois

Cela est dû à l’augmentation considérable des rétrocessions de devises dans la sous-région comparée aux transferts.

Pour le mois d’avril 2021, les opérateurs économiques en activité dans la Cemac ont rétrocédé à la Banque des Etats de l’Afrique centrale(Beac) 639,9 milliards de FCFA en devises et en ont fait sortir 346 milliards pour l’importation des biens et services. La balance entre les rétrocessions et les transferts émis affiche ainsi un excédent de 293 milliards de FCFA en 1 mois. Une plus-value qui vient rompre avec le déficit structurel observé au 1er trimestre de l’année courante. Selon les données de la Beac consultées par EcoMatin, les transferts sortants à fin mars 2021 se sont établis à 1 900 milliards de FCFA contre 1 500 milliards pour les entrants, soit un déficit de 400 milliards de FCFA. Cette augmentation vertigineuse du volume de devises transférées à l’extérieur constitue un plomb dans l’aile de la nouvelle réglementation des changes en vigueur depuis 2018. Si en vertu de cette norme communautaire, la Beac a réussi à contraindre les assujettis à rapatrier un volume important de devises, il n’en demeure pas moins que le faible contrôle des transferts annihile ces efforts.

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En effet, entre 2018 et 2019, les devises rétrocédées sont passées de 3 277,84 milliards à FCFA 6 201,18 milliards (+89,18%). Il en est de même entre 2019 et 2020 où elles progressent à 7 914,36 milliards, soit une hausse de 27,62%. Les transferts sortants quant à eux sont passés de 2 816,52 milliards en 2018 à 4 832,76 milliards de FCFA en 2019. Ils affichent ensuite une envolée de 71% à 8 304,74 milliards de FCFA entre 2019 et 2020.

Plus de rigueur

C’est fort du constat relatif à l’évolution anormale des transferts sortants que le gouverneur de la Beac Abbas Mahamat Tolli a édicté le 8 avril dernier à l’endroit des assujettis, une circulaire dans laquelle il rappelle les règles applicables en matière d’apurement des importations de biens ou de services et conditionne l’autorisation de transfert à l’apurement préalable dans les délais réglementaires des transferts précédemment approuvés par la Banque Centrale. Le but ultime étant de décourager l’émission des transferts sans fondement économique qui cachent parfois des opérations de blanchiment et d’évasion des capitaux. Le gouverneur donnait 3 mois aux opérateurs pour fournir la documentation nécessaire à l’apurement de leurs dossiers d’importations de biens et services. Il s’agit entre autres de la facture définitive, la quittance de paiement des droits et taxes de douanes, le connaissement, la lettre de transport aérien, la lettre de voiture ou le document tenant lieu.

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Depuis lors, le volume des rétrocessions de devises a connu une hausse, permettant de redresser la balance des transferts et d’augmenter les réserves de changes des pays de la sous-région. Entre mars et avril 2021, les réserves de change sont ainsi passées de 3 858 milliards à FCFA 4 112 milliards grâce essentiellement à l’augmentation du solde du compte d’opération qui croît de 11,08% à FCFA 3 264,69 milliards entre les deux mois. Cette embellie peut s’expliquer par la baisse des transferts sortants entre les deux mois comme montré plus haut. Par ricochet, le taux de couverture extérieur de la monnaie gagne 2,09 points passant à 62,31% au cours de ce mois. Malgré le signal positif qu’envoie ce rappel à l’ordre, les opérateurs économiques en activité dans la sous-région lui trouvent un relent « liberticide» ; un frein dans un système capitaliste. Le 12 mai dernier, les patronats du Cameroun, de Centrafrique, du Congo et du Gabon, réunis au sein de l’Union des Patronats d’Afrique Centrale (Unipace), ont sollicité à cet effet un sursis de six mois pour la fourniture de ces documents ». Si la banque centrale ne s’est pas encore officiellement prononcée, officieusement, elle y est particulièrement défavorable car « Il n’y a aucun fondement véritable dans la requête des patrons. Les documents d’importations sollicités devraient normalement être disponibles. Un moratoire donnerait probablement du temps à tous les fraudeurs d’élaborer des documents factices et ne serait aucunement utile aux autres agents économiques » explique sous anonymat une source à la Beac.

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