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Bauxite de Minim-Martap : les populations s’opposent à la signature de convention entre l’Etat et Calmaco

Alors que l’étape des audiences publiques avec les communautés en vue de l’exploitation de cet important projet est déjà passée, un collectif des forces vives des localités concernées s’y oppose, évoquant une entourloupe de la société sur l’étude d’impact environnemental et social de ce projet.

Le 6 décembre dernier, dans le cadre du projet d’exploitation du gisement de bauxite de Minim-Martap dans la région de l’Adamaoua, le ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique, Gabriel Dodo Ndoké, avait initié des consultations populaires à Ngaoundéré, en présence des autorités de la région, des communautés riveraines, et des responsables de l’entreprise Camalco, en charge de l’exploration du projet. Il en était ressorti que l’ensemble des parties prenantes s’étaient accordées sur les préalables au projet, et que les doléances des populations avaient été transmises au représentant du gouvernement dans ces négociations, ouvrant ainsi la voie à la poursuite des négociations entre l’Etat et l’entreprise Camalco, filiale de l’australien Canyon Resources, en vue de la signature de la convention entre l’Etat et cette société pour l’exploitation du gisement.

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On croyait alors les choses évoluées dans le bon sens, jusqu’à ce que, une dizaine de jours plus tard, une organisation regroupant en son sein des forces vives et des entités de la société civile de l’arrondissement de Martap dans le département de la Vina, s’inscrive en faux contre toutes ces négociations préalables, au travers d’une correspondance adressée le 16 décembre dernier au président de la République Paul Biya.

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«Au regard des observations et des questions sur les impacts qu’une étude de préfaisabilité et environnementale avec autant d’insuffisances et de légèreté pourraient avoir sur la région de l’Adamaoua et le Cameroun à long terme, nous vous saisissons aux fins de surseoir à la validation de l’étude d’impact environnemental et social initiée par Canyon Resources Ltd d’une part, et la conclusion d’une convention d’exploitation dans la précipitation d’autre part», écrit le collectif des forces vives au chef de l’Etat.

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Concrètement, « Camalco a fini ses études et lors des audiences publiques, il fallait que l’entreprise nous présente certains points, notamment au niveau de la gestion environnementale, sociale et économique. Déjà que le rapport de ces études a été présenté dans un document de plus de 1000 pages en anglais ainsi que les documents annexes. Vous convenez avec moi que nous sommes dans la partie septentrionale du pays où le français est parlé à 98%. Nous avons continué à fouiller et écrit à plusieurs reprises à l’entreprise Camalco, de mettre à notre disposition le plan de gestion environnementale et sociale. Malheureusement, nous n’avons pas obtenu une réponse de cette entreprise. Voilà notre premier point de discorde. Ensuite, ils ont entamé la négociation de la convention minière depuis déjà quelques mois, mais la communauté est absente, à savoir le représentant de l’arrondissement de Martap dans la Vina, et même celui de l’Adamaoua de manière globale », dénonce Karamoko Souleymane, porte-parole du Collectif des forces vives et de la société civile de l’arrondissement de Martap, dans une interview accordé au journal « L’œil du Sahel ».

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L’entreprise Camalco révèle avoir pu explorer une réserve de 99,1 millions de tonnes de bauxite dans l’Adamaoua, et envisage une exploitation industrielle dans les localités de Minim, Martap et Ngaoundal, sur une période de 30 ans, avec une moyenne de 5 millions de tonnes par an. Et pourtant, les populations croient savoir que ces localités disposent d’un potentiel beaucoup plus important en ressources que ce qui est présenté, et dont l’exploitation irait au-delà d’un siècle » argumente le collectif.

Camalco joue la carte de la transparence et de la légalité

Mise en accusation par le collectif des forces vives et de la société civile de l’arrondissement de Martap et du département de la Vina dans une correspondance adressée le 16 décembre dernier au Chef de l’Etat Paul Biya, dans le cadre du projet d’exploitation de la bauxite de Minim-Martap, l’entreprise Camalco, filiale de l’australien Canyon Resources n’est pas restée de marbre. Elle a réagi dans un communiqué rendu public mardi, sur la contestation par cette entité des résultats de l’étude d’impact environnemental et social (EIES) du projet, avec pour finalité d’inciter l’Etat du Cameroun à surseoir aux démarches relatives à la signature de la convention minière pour l’exploitation du minerai.

Camalco s’est sentie d’emblée « embarrassée » par cette démarche, ce d’autant plus qu’elle a « travaillé en étroite collaboration avec les communautés locales depuis l’obtention des permis d’exploration de Minim-Martap, Makan et Ngaoundal en juillet 2018 ». Elle renseigne que chaque fois que lesdites communautés ont 

exprimé des inquiétudes quant à la préservation de leurs intérêts dans le cadre du projet, elle s’est toujours promptement dépêchée pour se mettre à leur écoute, comme c’était le cas le 16 janvier dernier au cours d’une concertation présidée par le sous-préfet de Martap.

Camalco croit savoir que depuis que lui a été délivré le permis d’exploration, elle a toujours joué la carte de la transparence, et qu’à chaque étape du processus d’exploration du projet, elle ne s’est jamais détournée des communautés riveraines. Deux de leurs représentants prendront d’ailleurs part ce jeudi 27 janvier 2022 à Douala à la suite des négociations pour la signature de la convention. Cette société minière est également résolue à exercer ses activités dans le strict respect « des lois de la République du Cameroun ainsi que les principes internationaux en matière minière », soutient la filiale de Canyon Resources.

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