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4 milliards de Fcfa de pertes pour la Banque des PME en 3 ans

Minée par une gouvernance inefficace, la banque publique peine à faire face à la concurrence. Elle accumule des pertes au fil des ans, et affiche l’un des taux de recouvrement les plus bas du secteur bancaire, 2,3 milliards de Fcfa d’impayés en 2019.

Au 31 décembre 2019, la situation de la Banque camerounaise des Petites et moyennes entreprises (BC-PME) est peu enviable. L’établissement de crédit détenu à 100% par l’Etat affiche un déséquilibre criard et des pertes abyssales années après années. C’est le constat que dresse la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR), dans son rapport 2020 sur la situation des entreprises et établissements publics. Selon la CTR, le résultat net de la BC-PME est resté déficitaire de 1,5 milliards FCFA en 2019. Soit un manque à gagner de 436 millions de plus qu’en 2018. Cette année-là, les pertes étaient évaluées à 1,101 milliards de FCFA contre 1,158 milliards de FCFA en 2017. Cumulés, le manque à gagner de l’établissement de crédit s’établit à 3,8 milliards de FCFA. Pour la CTR, ce déséquilibre persistant est lié à notamment à « la spécificité de son champ d’activité » ainsi que « l’environnement fortement concurrentiel ».

Par ailleurs, le Produit Net Bancaire (PNB) s’élève à 1,3 milliards de FCFA. Un montant, qui, selon la CTR, est insuffisant pour la couverture des charges d’exploitations encore élevées. A titre d’exemple, les charges de personnel (64 employés) représentent 62,96% du chiffre d’affaires, soit 928 millions de FCFA.

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Crédits aux PME

L’activité de la banque en 2019 s’est caractérisée par une augmentation de 743 nouveaux clients ayant porté l’encours à 4268 clients. Ceux-ci sont répartis en 6 filières dont l’Agro-industrie (5%), le BTP (20%), l’énergie (1%), le coton-textile (2%), Forêt et bois (2%), TIC et service (45%). Concernant la répartition typologique, le portefeuille client est constitué à 77% de petites entreprises, 21% de moyennes entreprises et 2% de grandes entreprises ; la majorité étant des sociétés ou administrations publiques. Selon le rapport de la CTR, le volume de crédits accordés aux PME au cours de la période sous revue s’est établi à 30 milliards de FCFA contre 12,367 milliards en 2018. Bien qu’ayant augmenté son volume de crédit, la BC-PME affiche un taux de recouvrement extrêmement faible de 21,33% ; ce qui a porté le montant des impayés à 2,3 milliards de FCFA. « Pour ce qui est des remboursements, la situation bien que maîtrisée reste fragile dès lors que les PME éprouvent des difficultés à honorer leurs engagements dans les délais. Cette situation, beaucoup plus prononcée à Yaoundé, qu’à Douala, est justifiée par la nature de leurs activités basée sur la réalisation des marchés publics » explique la CTR. Une situation délicate qui n’expose cependant pas la banque aux sanctions du régulateur car selon la CTR, les ratios prudentiels et notamment le ratio réglementaire sont respectés.

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« Le coefficient de couverture de risque s’est amélioré du fait de la diminution des dotations aux provisions pour risque, de même que le coefficient de transformation » peut-on lire sur le document. Pour rappel, la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) avait en 2018 ouvert une procédure disciplinaire à l’encontre de la Banque camerounaise des PME et de ses dirigeants pour infraction à la norme relative à la représentation du capital minimum.

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Faible impact

S’il faut se réjouir de la volonté de la Banque d’augmenter son volume de crédits aux PME, il faudrait également déplorer les maturités qui restent pour le moment encore faibles. En 2018, la CTR relevait déjà que sur les crédits octroyés par la BC-PME, à peine plus de 10% étaient des crédits à moyen terme alors qu’en moyenne 90% étaient à court terme. Pourtant, pour se développer, les PME ont besoin de prêts avec de longues échéances de remboursement. A sa création, l’établissement de crédit avait reçu la mission de fournir aux PME et à l’artisanat des concours financiers pour combler le gap financier qui existe entre le secteur bancaire traditionnel réticent à financer la PME du fait de son caractère risqué et de ses faiblesses managériales. Pour la banque, sa faible trésorerie qui ne lui permet pas d’octroyer des crédits à long terme.

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