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Lutte contre le blanchiment de capitaux : moins de 10% des microfinances camerounaises effectuent une évaluation interne de leurs risques(Minfi)

Ce chiffre a été communiqué par le chef de Division de la microfinance au ministère des Finances (Minfi), Hayatou Sanda au cours d’un séminaire de renforcement des capacités organisé à Yaoundé le 7 juin 2022.

Le 02 juin 2022, Louis Paul Motaze a publié la liste des établissements de microfinances(Emf) agrées au 31 décembre 2021. Cependant, selon l’étude sur l’évaluation du dispositif de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme « moins de 10% d’Emf sur 402 agrées ont procédé à une évaluation interne de leurs risques du LBC/FT. Seulement 18% des Emf ont déjà eu un contact avec l’Agence nationale d’Investigations financières(Anif) », a déploré Hayatou Sanda  autour de la table de réflexion.

Cette situation s’explique par le fait que « notre système de lutte a un certain nombre de défaillances auxquelles il faut remédier. Le secteur de la microfinance n’adhère pas suffisamment à la lutte contre le blanchiment parce qu’en son sein, il n’y a pas d’expertise nécessaire pour détecter les opérations illicites », a relevé Hubert Nde Sambone, directeur général de l’Anif.

Ce pourcentage est la résultante des deux évaluations menées pendant les deux années précédentes.  « En 2020, nous avons achevé notre première évaluation nationale des risques(ENR). Celle-ci a révélé que les risques de blanchiment d’argent au Cameroun ont un niveau de risque ‘’élevé’’ tandis que la vulnérabilité nationale a été jugée ‘’moyennement élevée ». Le financement du terrorisme quant à lui a été évalué à un niveau de risque ‘’élevé’’ », a expliqué le cadre du Minfi.

Le rapport relatif au second cycle d’Évaluation mutuelle(EM) et adopté par Groupe d’Action contre le blanchiment d’argent(Gabac) le 21 octobre 2021 pour sa part, renseigne que les résultats « corroborent l’Évaluation nationale des risques et atteste que le secteur de la microfinance est le ventre mou du secteur financier en matière de blanchiment d’argent des capitaux au Cameroun. Il a été évalué à un niveau de risque ‘’élevé’’ au blanchiment des capitaux et au financement du terrorisme », explique le responsable de la microfinance au Minfi.

Dans son discours, Hayatou Sanda a rappelé que Boko Haram et la crise anglophone dont fait face le pays, avec pour corollaire la libre circulation des ressources financières sont généralement nourries par des activités « illicites ». Vu sous cet angle, « l’argent provenant des activités illégales a très souvent pu être injecté dans le circuit économique normal sans que les acteurs ne soient inquiétés », a-t-il précisé.

Toutefois, ces assises de Yaoundé ont permis de savoir que 243 déclarations suspectes ont été déclarées par les Emf après de l’Anif entre 2017 et 2019. Raison de plus pour les patrons de ces Emf de se mettre à l’école de lutte contre la criminalité financière qui a des « conséquences graves pour la sécurité et la stabilité de nos pays ainsi que l’intégrité du système financier », a souligné le collaborateur de Louis Paul Motaze.

Pour tordre le cou au blanchiment d’argent et la lutte contre la prolifération du terrorisme, les fonctionnaires du Minfi, des experts du Gabac et des responsables de l’Anif vont parcourir 04 zones dans les jours à venir. Le but étant d’armer les propriétaires des Emf des outils nécessaires pour atteindre les résultats escomptés. Les facilitateurs seront à cet effet à Yaoundé pour les régions du Centre, Sud, Est, Bafoussam (Ouest et Nord-Ouest), Limbe (Littoral et Sud-Ouest), Garoua(Adamaoua, Nord et Extrême-Nord).

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