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MC2 : les non-dits du départ de Paul Kammogne Fokam

Invoquant la mauvaise qualité des nouveaux textes de la Cemac régissant la microfinance, le patron d’Afriland First Bank a décidé de mettre fin au parrainage de ce réseaux de 125 établissements. Des sources proches du dossier indiquent qu’il refuse simplement de se soumettre à l’obligation de transparence.

Depuis le 07 mai 2018, Paul Kammogne Fokam a fait part au Premier ministre camerounais de sa décision de quitter les Mutuelles communautaires de croissance (MC2), un réseau de 125 établissements de microfinance (Emf) qu’il parraine  depuis 1992 à travers Afriland First Bank, filiale du holding bancaire Afriland First Group (AFG) qui lui appartient. Le magnat de la banque estime, dans une correspondance citée par Le Jour, que la dynamique de développement décentralisée qui a sous-tendu jusque-là le modèle MC2 « est mise à mal depuis quelques temps par une nouvelle règlementation supranationale ». Il s’agit, en l’occurrence, du règlement 1/17/Cemac/Umac/Cobac du 17 septembre 2017, qui fixe les règles relatives aux conditions d’exercice et de contrôle de l’activité de microfinance au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Celui-ci, fait savoir Paul Kammogne Fokam, est « de nature à mettre en péril tout le travail accompli à ce jour dans le domaine de la lutte contre la pauvreté ».

Par exemple, pointe-t-il, « l’obligation par les nouveaux textes d’appartenir à un réseau avant même d’exister viole tous les principes fondamentaux du mouvement MC2 et rend le modèle inopérant ». Or, rappelle-t-il, « dans son préambule, la Constitution camerounaise consacre la liberté d’association, laquelle se décompose en liberté d’adhérer à une association ou pas, liberté du choix du type d’association, liberté de quitter l’association ». Le capitaine d’industrie pense que les nouveaux textes communautaires vont non seulement faire des promoteurs et propriétaires des réseaux « les maitres des populations locales dont l’aspiration légitime était simplement de prendre leur destin en main en créant leur propre microstructure financière autonome dans leurs localités, en assumant ainsi les risques et profits », mais aussi ils exposent « les structures du modèle MC2 au risque systémique ».

Responsabilités comptables

« Dans la conception initiale du modèle, la faillite d’une unité dans une localité donnée n’impactait pas directement une unité située dans une autre localité. En appliquant cette nouvelle règlementation, les fautes de gestion de chaque unité impactent automatiquement les autres unités environnantes ». Dans sa lettre au Premier ministre restée sans suite, Paul Kammogne Fokam avait donné jusqu’au mois de janvier 2019 pour se retirer définitivement. Il faut noter que, dans le modèle des MC2, chacun des établissements est indépendant, mais tous  leurs comptes sont logés à Afriland First Bank.

Aujourd’hui, il est demandé à P.K Fokam soit de les laisser se débrouiller tout seuls, soit de les prendre en coordination. Il en deviendrait ainsi pleinement le responsable. « S’il les laisse, ça voudrait dire que chacun a désormais la liberté de créer son établissement, de lui donner un nom et justifier sa comptabilité comme tout Emf normal », explique une source proche du dossier au ministère des Finances. Dans le fond, elle pense que le magnat de la banque n’a plus son intérêt dans l’écosystème MC2, qu’il y aurait des responsabilités comptables que le patron d’Afriland First Bank essaie d’éviter. « Il évoque des sujets plutôt philosophiques. La nouvelle règlementation veut que les établissements de microfinance de première catégorie soient, soit indépendants, soit qu’ils appartiennent carrément à un réseau. Elle oblige son système à être plus transparent ».

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