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Afrique centrale : à quand la suppression du roaming ?

Les frais d’itinérance téléphonique entre les six pays restent anormalement élevés, en dépit des recommandations de la Cemac. Dans la sous-région, le coût moyen d’un appel sortant en itinérance est de 689 Fcfa la minute.

Depuis juin 2017, on ne parle plus des frais d’itinérance téléphonique (roaming en anglais) au sein de l’Union européenne. En Afrique de l’Est, le Rwanda, l’Ouganda, le Kenya et le Soudan du Sud ont harmonisé depuis 2015 les coûts. Dans la foulée, les frais d’itinérance facturés pour les communications et l’accès à Internet sur téléphone mobile ont été abolis. Au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), le sujet continue de faire débat. Réunis à Yaoundé, le 03 octobre dernier, les membres du Comité de pilotage (Copil) du Programme des réformes économiques (Pref-Cemac) ont rappelé la recommandation des chefs d’Etat relative à la suppression desdits frais par l’ensemble des six pays de la Cemac. Mais ils ne s’y sont pas appesantis, car au fond, ce n’est pas à eux de décider, mais aux autorités communautaires qui doivent négocier les termes de cette réforme avec les compagnies de téléphonie mobile en activité dans la sous-région.


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Dans une interview accordée au magazine en ligne camerounais TIC MAG en juillet 2018, le directeur du Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (Cea), Antonio Pedro, expliquait que faute d’un cadre législatif encadrant la tarification de l’itinérance dans la sous-région, « les sociétés de téléphonie mobile se sont infiltrées dans ce vide juridique en imposant leurs tarifs ». En Afrique centrale, le coût moyen d’un appel sortant en itinérance est de 689 Fcfa la minute, soit environ 1,33 dollar avec un extrême à 6000 Fcfa, soit environ 14 dollars. « De fait, cette tarification rend quasi impossible la facilitation du commerce et d’autres échanges sous-régionaux, d’autant plus que sur un plan technique elle n’est pas justifiée », a-t-il poursuivi.

A la question de savoir si la réticence des Etats à abolir ces frais ne s’expliquerait pas par le fait que la cherté de l’itinérance profite aux Etats en termes de recettes fiscales, le Mozambicain explique qu’à première vue, cela peut sembler bénéfique pour les États et même pour les sociétés de téléphonie en raison des retombées financières relativement élevées que leur procure l’itinérance. « Mais, ce n’est pas réellement le cas. Si les coûts de l’itinérance sont réduits à des niveaux négligeables, il s’ensuivra un boom dans son utilisation et les avantages liés aux économies d’échelle seront nettement visibles », pense-t-il.


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Au plan bilatéral, depuis le 15 octobre, le Congo et le Gabon ont paraphé un accord de suppression des frais d’itinérance. Il devrait entrer en vigueur d’ici fin décembre prochain, mais ne concerne pas l’accès internet sur téléphone mobile. Pour mémoire, l’itinérance régionale correspond à la possibilité pour un abonné d’une société de téléphonie mobile basée dans un pays donné d’utiliser la carte SIM  et le même numéro dans les autres pays d’une région en accédant aisément aux infrastructures de télécommunications des autres sociétés non établies dans le pays de résidence de l’utilisateur.

 

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