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Inflation: la baguette de pain passe à 150 FCFA

Une mesure unilatérale, qui d’après le Syndicat patronal des boulangers du Cameroun (qui approvisionnent les revendeurs indépendants en pain), est subséquente à la légère hausse du prix unitaire du pain à la livraison.

Le Syndicat patronal des boulangers du Cameroun est catégorique. Le prix de la baguette de pain demeure le même que celui arrêté au lendemain des émeutes de la faim de 2008. Pour se procurer le précieux sésame, le consommateur lambda doit toujours débourser la somme de 125f. Sauf que, comme nous le rappelle si bien les réalités sociétales locales, la vérité des conventions est loin d’être celle du terrain. Si l’on s’en tient aux informations recueillies auprès des consommateurs de la ville de Yaoundé, le prix de la baguette de pain vendue dans les échoppes de proximité connaît depuis quelques jours une hausse de 25 F. Il est notamment passé de 125 F à 150 F.

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Au quartier Nkomo dans l’arrondissement de Yaoundé IV, Murielle N. en a fait l’amère expérience vendredi dernier. La jeune dame s’est rendue dans une boutique située non loin de son lieu de résidence pour se procurer une baguette de pain qu’elle envisageait de déguster, accompagnée de sardines en boite. Arrivée sur place, elle a tendu une somme de 200 F au boutiquier. Ce dernier, après avoir emballé le produit dans du papier, lui a remis une pièce de 50 F. Étonnée, Murielle lui demande « pourquoi il a lui a remis 50F et non 75 F comme d’habitude» et au boutiquier de répondre que «c’est comme ça désormais, car celui qui lui livre du pain a augmenté le prix du pain à la livraison». Dans un autre quartier de la ville de Yaoundé, plus précisément à Tsinga, aux encablures de la sous-préfecture, Judith M. a eu toute la peine du monde à se procurer du pain samedi 12 février 2021. Le boutiquier chez qui elle se ravitaille habituellement n’en n’avait pas. «Une grève des revendeurs serait à l’origine la non livraison», lui a-t-il dit. Quand elle est revenue plus tard en chercher, le tenancier avait déjà reçu son quota journalier de pains. Seulement, il vend désormais l’unité à 150 F contrairement à 125F la veille. Dans d’autres quartiers comme Titi Garage, Ewankan et Biteng, c’est le même constat. Il faut désormais se munir d’un somme de 150 F, pour se procurer du pain.

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Contacté par Ecomatin, le Syndicat patronal des boulangers du Cameroun nie toute augmentation officielle du pain. «Nous n’avons pas augmenté le prix du pain», martèle Yiepmou Kapwa Jean Claude, président national du Syndicat patronal des boulangers du Cameroun. Ce qui se passe, précise-t-il par la suite, c’est que « les boulangers ont diminué les marges des revendeurs (ceux qui s’approvisionnent auprès des boulangeries pour ensuite revendre dans les quartiers, ndlr). Vous savez que dans notre métier il y a une branche qui est indépendante, c’est celle des revendeurs indépendants. Comme nous ne voulons pas augmenter le prix du pain pour menacer la paix dans notre pays, les boulangers ont plutôt diminué leurs marges. Ce sont eux qui font le chantage partout où on vend le pain dans les quartiers», ajoute-t-il. A la question de savoir si les marges sus-évoquées représentent la hausse du prix unitaire de la baguette de pain proposé aux revendeurs indépendants, Yiepmou Kapwa Jean Claude répond par l’affirmative, en révélant que «le pain qu’il proposait par exemple aux revendeurs à la livraison à 80F, coute désormais 85 F». Et d’ajouter que «Le pain qu’on leur vendait à 80 F ou 85 F, on a diminué peut-être 5F sur leurs marges. Là où ils avaient 20 F, on laisse 15F. Mais si vous allez dans n’importe quelle boulangerie, vous allez acheter votre pain à 125F», renseigne-t-il. En clair, indiquent certains tenanciers de boutiques rencontrés par votre journal, «la baguette de pain qui leur était livré au prix unitaire de 100 F, leur est désormais fourni à 110F». Toutes choses qui poussent donc ces derniers à augmenter le prix de vente de la baguette de pain dans les quartiers, pour tenter d’obtenir des bénéfices plus conséquents.

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Toutefois, si les vendeurs indépendants entretiennent la spéculation autour du prix de la baguette du pain dans les quartiers, c’est parce que les boulangers au sortir d’une réunion de concertation tenue avec le ministère du Commerce, ont obtenu de ce département ministériel, certaines garanties pour l’allègement de leur charges de production, notamment l’augmentation officieuse sus-évoquée. « Nous ne pouvons pas augmenter le prix de manière unilatérale. Le seul moyen que nous avons conclu lors de notre dernière réunion avec le ministre du Commerce, c’était de diminuer les marges des intervenants. Pour pouvoir le rejeter sur le coût du marché, eux ils vont exagérer dans les quartiers. Maintenant c’est à l’administration de sévir et  demandant à ceux-là d’arrêter la spéculation », a-t-il conclu.

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Pour mémoire, rappelons que l’ensemble de la filière connaît des remous depuis plusieurs mois. Récemment, les entreprises membres du Groupement des industries meunières du Cameroun ont suspendu la livraison de farine de blé et de son de blé sur toute l’étendue du territoire national. Une mesure subséquente à la hausse continue des prix du blé à l’importation et l’absence de mesures gouvernementales conséquentes pour aider les opérateurs à acquérir cette matière première nécessaire à la fabrication de la farine. Le gouvernement a finalement réagi, en concédant quelques avantages fiscaux aux meuniers pour alléger leurs charges de production.

Réaction du gouvernement

Ayant certainement eu vent de la situation présentée plus haut, le gouvernement a officiellement réagi dans la soirée du mardi 15 février 2022. Dans une note d’information qui a été rendue publique par le ministère du Commerce, le chef de ce département ministériel soutient que «Jusqu’à nouvel avis, le prix de la baguette de 200 grammes reste inchangé à 125 FCFA, de même que celui du sac de farine de 50 kg qui continue de couter 19.000 FCFA au stade du consommateur final». Il précise par la suite qu’«à l’issue de la concertation entre le Groupement des industries meunières du Cameroun (GIMC) et le gouverneur de la région du Littoral le 9 février 2022, les livraisons de la farine de blé ont continué sur toute l’étendue du territoire». En ce qui concerne la spéculation entretenue dans les quartiers, le ministère du Commerce tente de rassurer l’opinion nationale. Il indique à propos que «les équipes de la brigade nationale de répression et de contrôle des fraudes du ministère du Commerce veillent au grain».

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